Mohamed Lamine Bangoura a été écroué à Conakry pour des faits présumés de corruption, d'enrichissement illicite, parjure et détournement de deniers publics.
Le mandat de dépôt qui a conduit à l'arrestation de l'ancien président de la Cour constitutionnelle fait suite aux nombreuses dénonciations faites par le ministère de la Justice qui accuse Mohamed Lamine Bangoura de détournements de fonds public.
Des soupçons de corruption et d'enrichissement illégal, des sommes évaluées à plusieurs milliards de francs guinéens.
Selon la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), l'ancien président de la Cour constitutionnelle disposerait d'immeubles en Guinée et dans la sous-région évalués à des centaines de millions de francs CFA.
La mise en détention de Mohamed Lamine Bangoura serait donc l'aboutissement des enquêtes relatives aux faits qui lui sont reprochés, selon le juriste guinéen Mamoudou Diakité.
"Il faut rappeler que la détention provisoire est une mesure conservatoire qui vise à préserver l'intégrité de l'enquête, à empêcher la personne mise en cause de procéder à des manœuvres pour faire par exemple disparaître des preuves. Donc la suite logique est l'aboutissement des enquêtes, éventuellement la prise d'une ordonnance de renvoi devant la cour et éventuellement le jugement qui va aboutir soit à la condamnation où l'acquittement si les preuves ne sont pas suffisantes pour juger le présumé coupable", a expliqué Mamoudou Diakité.
Des réactions en Guinée et á l'étranger
À Conakry et dans la diaspora guinéenne, de nombreux Guinéens dénoncent une justice à deux vitesses.
L'une visant tous les anciens dignitaires du régime déchu d'Alpha Condé, et l'autre qui refuse d'ouvrir des enquêtes sur les crimes commis par les militaires au pouvoir, dont des arrestations arbitraires des membres de la société civile emprisonnés pour des délits d'opinion.
Mais le juriste guinéen Mamoudou Diakité estime que dans le cas de l'ancien président de la Cour constitutionnelle, les poursuites ne sont pas politiques.
"Il n'est pas poursuivi pour avoir validé le troisième mandat ou pour avoir validé les élections. Mais il est poursuivi pour des faits présumés de corruption. Ce sont là des infractions objectives et non politiques. Lorsqu'on vous dit qu'un homme qui n'a été que président de la Cour constitutionnelle dispose d'immeubles qui coûtent des centaines de millions de francs CFA, on se pose la question de savoir quelle est l'origine de ces fonds", se demande Me Diakité.
L'ex-président de la Cour constitutionnelle rejoint ainsi en prison, plusieurs autres anciens dignitaires du régime déchu, comme l'ancien Premier ministre Ibrahim Kassory Fofana.
C'est sous la présidence de Mohamed Lamine Bangoura que la candidature d'Alpha Condé pour un troisième mandat avait été validée ainsi que la version finale de la Constitution qui aurait permis au président Alpha Condé de briguer deux mandats supplémentaires de six ans chacun.