L'ONG suisse Appel de Genève est dorénavant interdite au Mali. Une décision prise par les autorités maliennes de transition jeudi 15 décembre. On ne l'apprend que maintenant.
Cette interdiction d'exercer survient dans un contexte de renforcement, par Bamako, du contrôle des financements et des activités des ONG, après l'annonce de l'interdiction, au Mali, des activités associatives financées ou soutenues par l'État français. Cependant, l'interdiction de l'ONG suisse n'est, a priori, pas liée à cette mesure choc annoncée, il y a près d'un mois. La concomitance attire bien évidemment l'attention, mais ce sont des " activités illicites " qui sont invoquées par Bamako.
L'arrêté d'interdiction de l'ONG suisse Appel de Genève est signé de la main du ministre malien de l'Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga.
Ce document, daté du 15 novembre, n'invoque aucun des textes officiels concernant l'interdiction récente des organisations soutenues par la France (dont le dernier en date, les instructions pour le suivi et le contrôle de cette mesure, a été signé le même jour et par la même main que l'interdiction de l'ONG suisse). Dans son cas, ce sont des " activités illicites ", sans plus de détails, qui justifient officiellement cette interdiction d'exercer au Mali.
Parmi les documents cités dans l'arrêté, figurent deux lettres datant d'octobre : un échange entre le ministère malien et l'ONG suisse qui, selon les sources jointes par RFI, concerne la visite d'une délégation des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) à Genève.
Une visite qui a eu lieu il y a deux mois et demi
Appel de Genève est une organisation spécialisée dans le respect de la protection des civils par les groupes armés non étatiques. À ce titre, elle a convié, à Genève, des représentants de la CMA pour la signature, le 30 septembre, d'un accord sur le respect du droit humanitaire et plus particulièrement sur la protection des personnels de santé.
Les ex-rebelles du nord du Mali et les autorités de Bamako sont réconciliés, sur le papier, depuis la signature de l'accord de paix de 2015, mais leurs relations - jamais simples - se sont notoirement dégradées, depuis le début de la Transition malienne, après le coup d'État militaire d'août 2020. Aujourd'hui, c'est la défiance qui prévaut très ouvertement.
Les liens de l'ONG suisse avec la CMA, amorcés dès 2018, ont-ils été perçus comme une forme d'ingérence ou encore d'atteinte à la souveraineté nationale, par le gouvernement de transition ? La raison de cette interdiction doit-elle être cherchée ailleurs ?
Sollicités par RFI, ni le ministère malien de l'Administration territoriale ni l'ONG suisse n'ont souhaité apporter de précisions à ce stade.
Dans un communiqué, publié ce samedi 17 décembre, l'ONG Appel de Genève indique sobrement quelle " prend acte avec regret " de la décision malienne et qu'elle suspend donc ses activités au Mali. L'ONG suisse assure avoir toujours agi " en toute transparence " et " en stricte conformité avec les obligations internationales des États. "