Adigrat — "Notre ville se trouve submergée par une multitude de nouveaux déplacés qui arrivent des zones frontalières. Plus de 100 000 personnes vivent dans la ville et dans les villages voisins, en comptant uniquement sur l'aide d'autres familles. Chaque famille s'occupe de cinq ou six autres ménages". L'évêque Tesfaselassie Medhin, chef de l'éparchie catholique d'Adigrat, tire la sonnette d'alarme.
Le scénario décrit par l'évêque, et relayé par lui par les médias locaux tels que Tigray television, montre comment les accords de paix signés le 2 novembre à Pretoria pour mettre fin au conflit sanglant de deux ans dans les régions du nord de l'Ethiopie n'ont pas effacé les effets dramatiques de cette guerre sur la vie quotidienne de la population.
L'éparque définit l'accord de paix comme "une bonne nouvelle pour le peuple, pour insuffler l'espoir de la paix". Dans le même temps, Tesfaselassie Medhin souligne que "plus d'un mois s'est écoulé depuis l'accord, mais les malades qui n'ont pas de médicaments, ceux qui ont faim et n'ont pas de nourriture, ainsi que tous ceux qui n'ont pas d'abri, continuent de vivre dans les mêmes conditions". L'Eparca se fait également l'écho des propos de Kibrom Gebresellassie, directeur exécutif de l'hôpital Ayder de Mekelle, qui s'est plaint que tous les médicaments fournis à l'hôpital dans le cadre de l'accord ont été épuisés en deux jours. Les médicaments qui arrivent sont jugés insuffisants par rapport à la gravité de la situation sanitaire actuelle : "Il est louable qu'une certaine aide humanitaire arrive, que des médicaments et de la nourriture apparaissent. Mais c'est loin d'être suffisant pour atteindre les millions de personnes dans le besoin".
Cette situation, ajoute Tesfaselassie Medhin, ne pourra être résolue que "lorsque les routes seront rouvertes, lorsque les armées d'occupation, qu'elles viennent d'Érythrée ou de la région d'Amara, quitteront les lieux et que les personnes déplacées pourront retourner dans leurs lieux d'origine".
Les accords de paix, conclus à l'issue de négociations entamées le 25 octobre 2022, ont été signés par Redwan Hussein (conseiller pour les affaires de sécurité nationale du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali) et Getachew Reda, représentant le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) et conseiller du président du Tigré Debretsion Gebremichael. Les accords ont été conclus grâce à la médiation de l'Union africaine.