Afrique: L'intérêt renouvelé de Washington pour l'Afrique fait partie du grand jeu entre les puissances

Rome — La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, se rendra au Sénégal, en Zambie et en Afrique du Sud du 17 au 28 janvier, indique un communiqué publié hier, 16 décembre, immédiatement après la conclusion du sommet USA-Afrique qui s'est tenu à Washington du 13 au 15 décembre.

"Mme Yellen soulignera les efforts de l'administration Biden pour approfondir les liens économiques entre les États-Unis et l'Afrique et discutera des moyens par lesquels les États-Unis travaillent avec les dirigeants africains pour construire une économie plus forte et plus résiliente qui profitera à leurs citoyens", indique le communiqué, soulignant le changement de la politique américaine à l'égard du continent africain, qui est passée d'une approche mettant l'accent sur la coopération en matière de lutte contre le terrorisme (qui demeure) à une approche fondée sur l'économie.

Le sommet américain-africain a réuni pas moins de 49 chefs d'État et de gouvernement africains, auxquels le président américain Joe Biden a promis que l'Union africaine aurait bientôt sa propre représentation aux sommets du G20, car, a-t-il dit, l'Afrique "doit pouvoir faire entendre sa voix dans tous les cercles qui comptent". Auparavant, M. Biden n'avait pas exclu la possibilité d'un siège africain au Conseil de sécurité des Nations unies

Le dernier sommet entre les États-Unis et les pays africains remonte à 2014, à l'époque de l'administration Obama, qui avait lancé un certain nombre d'initiatives telles que Power Africa, pour renforcer les réseaux de production et de distribution d'électricité dans plusieurs États africains, ou l'initiative Young African Leaders, visant à encourager la formation d'une nouvelle génération de dirigeants africains, liés aux "valeurs occidentales" (une initiative désormais reprise par la fondation Obama Leaders Africa). La création de liens personnels entre les jeunes dirigeants potentiels de pays étrangers et les États-Unis est l'une des stratégies de "soft power" les plus durables adoptées par Washington depuis l'aube de la guerre froide. Elle a ensuite été complétée par des actions de soutien aux acteurs de la société civile, notamment par des sessions de formation sur les formes de lutte non violentes.

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En reconfirmant ces projets et en prolongeant jusqu'en 2025 l'African Growth Opportunities Act (lancé en 2000 pour faciliter les exportations africaines vers les États-Unis), le sommet a vu la conclusion d'accords de coopération publics d'une valeur de 55 milliards de dollars sur trois ans et de 15 milliards de dollars d'investissements privés dans divers secteurs allant de l'espace à la santé, de l'agriculture aux transports, des nouvelles technologies à la sécurité alimentaire. En marge du sommet, deux pays africains, le Rwanda et le Nigeria, ont notamment adhéré aux accords Artemis, visant à l'exploration et à l'exploitation des ressources lunaires et d'autres corps célestes.

Le regain d'attention de Washington envers l'Afrique va de pair avec celui des autres puissances envers le continent en pleine croissance démographique et riche en ressources minérales, comme le cobalt, indispensable à la transition énergétique. Le vote des plus de 50 États africains est également important dans les organes de l'ONU. Des sommets similaires sont fréquemment organisés par la Chine (premier partenaire commercial du continent), la Russie, la France, l'Union européenne, le Japon, la Turquie et la Corée du Sud

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