Tunisie: Elections législatives - Grand camouflet pour Kais Saeid

Kaies Saied, président tunisien

Samedi dernier était jour d'élections législatives en Tunisie. Le président Kais Saeid qui depuis près de 18 mois travaille à une refondation des institutions républicaines a voulu renouveler le Parlement.

Des élections pour "le renouveau démocratique tunisien" qui ont été loin de faire l'unanimité de la classe politique. En effet celle-ci n'a jamais gobé le cavalier solitaire du président Kais Saeid qui a mis sous coupe réglée les institutions républicaines pour imposer ses réformes. En réponse, elle avait appelé au boycott des législatives de samedi dernier.

Message reçu 5 sur 5 par le peuple tunisien qui a boudé les urnes dans les proportions records de plus de 91%. Si ce n'est pas échec et mat pour Kais Saeid et ses réformes, c'est au minimum un grand camouflet. L'opposition, fort d'avoir été entendue par les électeurs tunisiens, demande au président de rendre le tablier pour donner au pays une alternative politique crédible.

Kais Saeid, va-t-il entendre cet appel à la démission ou bien il va s'entêter à s'agripper aux rênes du pouvoir ? En tout cas, l'opposition qui se sent pousser des ailes après le succès franc de son mot d'ordre de boycott des législatives se dit prête à descendre dans la rue pour briser les chaînes de cette dictature rampante.

C'est le lieu de dire que le pays d'Habib Bourguiba est de nouveau à la croisée des chemins. 11 ans après la Révolution de Jasmin, une insurrection populaire couve-t-elle à nouveau. Le président Kais Saeid sera-t-il plus visionnaire que Ben Ali pour éviter à la Tunisie de s'enfoncer dans les lendemains incertains de troubles, voire d'instabilité. Tout le pays et au-delà tout le Maghreb retient son souffle. L'onde de choc de la Révolution des jasmins qui avait bouleversé toute la région est encore présente dans les esprits.

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Alors à Kais Saeid de savoir tirer toutes les leçons du grand camouflet reçu ce samedi. Ses réformes ont conduit le pays comme dans une impasse institutionnelle dommageable aux acquis de la démocratie tunisienne. En effet, ce grand désaveu populaire avec le pire taux de participation à des élections en Tunisie depuis la Révolution de 2011 qui avait chassé du pouvoir le dictateur Zine El Abidine Ben Ali et fait émerger la première démocratie du monde arabe est à mettre à son discrédit personnel. C'est un leadership politique qui s'étiole, si tant est qu'il a déjà brillé.

Le chef de la principale coalition d'opposants en Tunisie, ne dit pas autre chose que d'appeler le président Kais Saied à " partir immédiatement... C'est un grand désaveu populaire pour le processus " démarré le 25 juillet 2021, quand Kais Saied avait gelé le Parlement et limogé son Premier ministre, s'emparant de tous les pouvoirs, a commenté dimanche Ahmed Nejib Chebbi.

Il n'a fait aucun cadeau au président en place en déclarant que 92 % du peuple tunisien a tourné le dos à son processus illégal qui bafoue la Constitution, a poursuivi Ahmed Nejib Chebbi.

On croise les doigts pour que cette stigmatisation verbale reste au stade des mots et que la Tunisie trouve les ressorts internes appropriés pour un vrai renouveau démocratique.

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