Ile Maurice: Festivités l Pétards - Les prix explosent

18 Décembre 2022

Fizet, Canon, Cerf : ils font partie de notre folklore de fin d'année. Mais en 2022, les prix des pétards grimpent aussi vite qu'une fusée. D'ailleurs, les étals ne sont pas si remplis. Pourquoi ? Quel impact sur les consommateurs ?

"Une boîte de pétards Cerf à Rs 70 ? Kot nou pé alé? Mo éna enn dé bwat lané dernyère. Val sonn sa mem", confie d'emblée Sameer, 24 ans. Inconditionnel des pétarades, il passera son tour cette année. À ce prix-là, cela provoque des étincelles dans le porte-monnaie. Robin, 45 ans, abonde dans le même sens. "Les pétards étaient bien moins onéreux auparavant. Je me souviens qu'une boîte de pétards Cerf coûtait Rs 25. Récemment, j'en ai vu en supermarché à Rs 64, ce qui représente une hausse de 156 %. Je n'en reviens pas. Il vaut mieux investir ce budget dans un repas en famille", confie-t-il. Qu'en est-il de la situation et surtout des stocks sur le marché local ?

Selon Muryoodeen Fauzee, directeur de Dream Price, on ne verra pas autant de pétards cette année. "Aucun bateau n'a voulu en transporter car les coûts sont trop élevés. Et cela vaut aussi bien pour les pétards que les feux d'artifice. Ce sont les stocks existants qui seront écoulés sur le marché local", avoue-t-il. Avec la faible réserve disponible, certains commerçants augmentent les prix des pétards alors que le stock date des années précédentes. Résultats des courses : même des 'pétards mouillés' coûtent plus cher. "Je ne vends des boîtes de Cerf pas à Rs 64 en tout cas. Certains supermarchés n'ont pas encore alimenté leurs rayons en pétards. Les Mauriciens aiment ces traditions et les achèteront mais avec un faible stock, cela va vite partir."

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Rajesh Seewchurn, boutiquier d'Alpanah Store à Arsenal depuis 40 ans, souligne que les stocks ne sont pas encore renfloués. "En 2021, on n'avait pu en importer. On attend une livraison pour cette année. Pour le moment, je n'en ai pas en réserve. Entre-temps, j'ai entendu dire qu'il y aura une majoration des prix", confie-t-il. Maintenant, pour se réapprovisionner, il faudra considérer le prix coûtant car les acheteurs risquent de ne pas pouvoir suivre. Les habitués seront toujours fidélisés mais le volume d'achat pourrait diminuer. Certains ont aussi choisi de ne pas sonner de pétards.

D'après Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP), il semble que des commerçants n'aient pas renouvelé leur stock ou alors ils ont passé de nouvelles commandes pour cette année, pas en grande quantité au vu de la morosité en raison du coût de la vie. "Il n'est pas impossible que certains mettent en vente d'anciens stocks. Quoi qu'il en soit, il est certain que la demande sera moindre cette année avec la perte conséquente du pouvoir d'achat des consommateurs. Certains commerçants notent déjà une tendance vers des achats plus judicieux. Plusieurs Mauricien ont déjà choisi d'acheter ce qui est utile au lieu de gaspiller de l'argent pour un plaisir éphémère", explique-t-il.

Au niveau de la majoration, il est logique que les prix des mêmes éléments, la dévaluation de la roupie, la hausse du fret conséquente et la hausse du prix des carburants, entre autres, qui influent sur les autres produits de consommation, aient le même effet sur ceux des pétards, poursuit-il. Selon Mosadeq Sahebdin, il faut s'attendre aussi à des hausses de prix de ces produits et la non-disponibilité de certains d'entre eux. Ce sont les consommateurs qui doivent décider de privilégier l'essentiel au détriment du superflu, précise-t-il.

Face à ces prix, les consommateurs réfléchiront à deux fois avant de faire leurs achats. Aussi, indique notre interlocuteur, la CAP conseille aux consommateurs d'établir une priorité dans leurs achats de fin d'année. Faire un budget demeure le mot d'ordre en cette période de crise, dont on n'a pas la visibilité. "L'inflation à double chiffres et la perte conséquente du pouvoir d'achat, qui ne sera pas, malgré la compensation de Rs 1 000, rattrapée, devrait donner à réfléchir avant de se laisser aller à des achats non-essentiels, voire inutiles", avance-t-il.

Jayen Chellum, secrétaire général de l'Association des consommateurs de l'île Maurice, souligne pour sa part que, d'après les informations, le problème vient de la distribution. La supply chain fait que probablement les importateurs n'ont pu importer des pétards en quantité voulue à temps pour les fêtes de fin d'année. "Il se peut qu'il y ait un manque sur le marché et ça va coûter doublement cher. Dans ce cas, certains commerçants pourraient profiter de l'occasion pour exploiter cette situation en leur faveur, soit avec le peu qu'ils sont parvenus à importer ou le stock existant. Hélas, ce n'est pas un produit essentiel, ni contrôlé", avance-t-il.

Il attire l'attention sur les ventes des stocks existants en matière de sécurité. Il est possible aussi qu'on aille vers des produits bas de gamme issus d'autres pays. "Les autorités ont un rôle encore plus important pour veiller à ce que tout stock entrant ou existant soit compatible avec la sécurité. On sait que les accidents peuvent être occasionnés par des pétards et feux d'artifice 'périmés'."

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