Un second accord de sortie de crise est annoncé depuis le vendredi 16 décembre. Les questions foncières qui ont poussé les manifestants à ériger des barrages ne sont pas les seuls problèmes irrésolus.
Le barrage aura duré seize jours. Quand des manifestants mécontents ont décidé de bloquer le passage des employés de la compagnie QMM au site de Mandena, cette dernière a utilisé la manière forte en délestant la ville de Tolagnaro, d'électricité. Il a fallu la descente de deux ministres et du président du Conseil d'administration (PCA) de la Jirama pour résoudre pour la deuxième fois le chaos social à Tolagnaro.
Un accord de sortie de crise est annoncé à l'issue de la rencontre entre le ministre des Mines et des ressources stratégiques, Olivier Raherindrainy et celui de la Pêche et de l'économie bleue, Paubert Mahatante, la députée de Tolagnaro, Perle Zafinandro, le gouverneur de la région Anosy, Jocelyn Raharimbola, le procureur de Taolagnaro, Gerardo Henri Haja, David Alexandre, directeur général de QMM, Solo Andriama-nampisoa, PCA de la Jirama et les représentants des manifestants. L'accord met fin aux barrages et au délestage et souligne de nouveaux engagements. " Sur les questions foncières, l'entente reconnaît la légalité du processus mené pendant près de huit ans pour identifier les occupants traditionnels du site de Mandena " communique la compagnie QMM.
La convention cadre de Mandena souligne que les terrains exploités par la compagnie minière à Mandena sont liés par un contrat de bail et que la compagnie QMM cède des redevances foncières à l'État malgache. Les manifestants ont avancé l'existence des " occupants traditionnels " qui méritent des compensations, objet de leur doléance, après la première négociation entamée au mois de Mai. Une liste des occupants réels sera incessamment sortie par des géomètres experts. L'État s'engage à verser des sommes allant jusqu'à deux milliards ariary aux occupants traditionnels.
Enjeux
Ceci sera versé par échelonnement au Trésor public dans les trois prochains mois. L'accord de sortie de crise clôt toute revendication foncière à l'égard de QMM. Celle-ci s'engage à augmenter ses contributions en matière de Responsabilité sociétale d'entreprise (RSE) à 10 millions de dollars pendant une période de trois ans, si celles-ci ont été de un million de dollars par an.
La Jirama a une dette de près de dix milliards ariary envers la compagnie et une facilité de paiement est en étude pour que la compagnie d'eau et d'électricité puisse rembourser ses dettes. " Ces négociations ont été nécessaires pour chacune des parties qui a ses propres intérêts. La question est de savoir qui sera au suivi et au contrôle de ces accords ? " se demande un observateur, connaisseur du secteur. Un accord a été trouvé après les mésententes sur les poissons retrouvés morts, mais n'a pas été suivi à la lettre d'où ce nouveau blocage au 1er décembre dernier. " Le problème est plus profond. Les multinationales sont les cibles des politiciens vu que 2023 approche. Des chantages en tout genre se trament derrière la scène. Si on veut toucher le contrat de QMM, c'est presque impossible dans la mesure où la Convention d'Etablissement de la compagnie QMM avec l'État malgache court jusqu'en 2047 " ajoute encore la source. Ce sont les dispositions douanières et fiscales qui feront en effet l'objet de révision en 2023 et non la Convention d'Etablissement.