Lionel Messi méritait de gagner cette Coupe du monde, pour l'ensemble de sa fabuleuse carrière. Avant ce 18 décembre 2022, Lionel Messi avait déjà tout gagné. Sauf une Coupe du monde.
Une véritable anomalie. Une incongruité absolue. Alors, un tout autre dénouement à cette Coupe du monde 2022 aurait été presque un scandale. À 35 ans, c'était l'ultime tournoi de Messi avec son pays. Heureuse Argentine qui a pu compter sur deux joueurs aussi exceptionnels que Diego Maradona (1960-2020) et Lionel Messi (172 apparitions sous le maillot argentin), autour desquels bâtir une équipe compétitive.
D'autres solistes d'exception n'auront pas eu cette chance : Johan Cruyff, Zlatan Ibrahimovic, et peut-être surtout Cristiano Ronaldo dont la fin de carrière tourne au ridicule. L'UEFA Champions League réunit incontestablement les meilleurs clubs avec les meilleurs joueurs du monde. Mais, l'émotion n'égale pas celle d'une Coupe du monde mettant aux prises les meilleurs joueurs ayant réussi à qualifier leur pays à la phase finale. Un Pelé ou un Beckenbauer n'auraient pas eu leur aura de légende sans le chauvinisme sans concession aux couleurs nationales en Coupe du monde. Au-delà de la victoire, on aime également que dans une discipline, le talent pur soit récompensé.
Un Roger Federer au tennis, un Tiger Woods au golf, un Usain Bolt en athlétisme, Lionel Messi au football. Une élégance de chaque geste, de chaque toucher, de chaque foulée. Quel autre mot que "génie" pourrait-on encore inventer de mieux. Lionel Messi n'est pas qu'un chasseur de buts, à l'affût dans la surface de réparation. Certes, il sait marquer, et beaucoup (98 buts avec l'Argentine, six fois Soulier d'Europe européen), mais il sait également orienter le jeu pour faire marquer ses coéquipiers. Il sait jouer au football, il est le football. Flamboyante par nature, quelque fois poussive, parfois même aux abois, l'Argentine a su se transcender pour consacrer l'idole attendue par tout un peuple.