Madagascar: Économie de la santé - Les entreprises sociales veulent se développer

Les entreprises dites sociales évoluant dans le secteur de la santé augmentent en nombre. On indique un taux de croissance annuelle de 12% ces 5 dernières années. Ces structures se distinguent des autres prestataires privés classiques en cherchant à fonctionner durablement tout en produisant intentionnellement un impact social marquant.

Pour les entreprises sociales axées sur la santé, cela signifie souvent cibler les populations à faible revenu ou autrement mal desservies, tout en cherchant explicitement à surmonter les obstacles que ces populations peuvent rencontrer pour accéder aux soins de santé. Cela peut signifier l'introduction de nouvelles innovations technologiques ou le développement de nouveaux modèles d'affaires qui peuvent évoluer sur les marchés à faible revenu. Si ces entreprises peuvent démontrer le potentiel de durabilité et d'extension géographique de leur modèle éco-no-mique, cela crée une opportunité pour attirer de nouveaux partenaires financiers étrangers qui contribueront à un accès accru à l'uti-li-sation des services de santé prioritaires.

Mais pour se développer et attirer l'intérêt des investisseurs étrangers, ces entreprises doivent d'abord miser sur les ressources locales et une assistance technique pour favoriser l'innovation, l'expérimentation et l'apprentissage. Ces entreprises qui ont choisi d'évoluer dans l'économie de la santé ont aussi besoin d'aide pour surmonter les obstacles de passage à une plus grande échelle, comme un environne-ment réglementaire sous-développé ou difficile, une pénurie de talents disponibles et qualifiés ou un manque de partenaires appropriés.

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Selon un entrepreneur de santé en activité dans la région Analamanga depuis 2015, les entreprises augmentent car les besoins existent, mais elles ne peuvent pas encore s'appuyer sur un écosystème solide d'organisations de soutien capables de faire face à diverses contraintes limitant l'essor du marché. " À Madagascar, l'écosystème qui soutient les entreprises sociales axées sur la santé est faible. L'accès au financement est un défi pour les entrepreneurs. Les taux de prêts commerciaux sont élevés, ce qui rend prohibitif l'accès au type de capital nécessaire pour démarrer et développer les activités, même si les garanties nécessaires sont disponibles ", a constaté, pour sa part, The Global Impact Investing Network (GIIN), un organisme interna-tional qui a mené une enquête sur le système de santé dans la Grande Ile.

Cet organisme qui note également que bien qu'un certain nombre d'investisseurs privés soient actifs à Madagas-car, ils ont tendance à se détourner de l'économie de la santé pour privilégier d'autres secteurs comme l'agro-industrie et les technologies de l'information et des communications.

Les intermédiaires de soutien manquent

Et le GIIN de déplorer que peu d'informations détaillées sont disponibles sur les initiatives des investisseurs privés dans le secteur de la santé. Il note également, à cet égard, le manque d'entreprises dans lesquelles investir du fait de la forte implication du gouvernement et des ONG dans la prestation des soins de santé, ce qui restreint les opportunités pour l'entrepreneuriat axé sur la santé.

Il est aussi souligné qu'il existe peu d'organisations positionnées pour fournir une assistance technique aux entreprises à Madagascar qui leur permettrait d'être prêtes pour répondre aux attentes des grands investisseurs qui doivent souvent " combler ces lacunes eux-mêmes pendant leur phase de due diligence ". On recense également peu d'incubateurs ou d'accélérateurs d'entreprises axés sur les impacts, et les réseaux d'affaires et les services de développement des entreprises opérant dans le secteur de la santé. Là où ces services existent, ils sont principa-lement axés sur le secteur transversal des nouvelles technologies, ou ils ciblent l'Afrique australe dans son ensemble plutôt que spécifiquement Madagascar.

" Le manque d'intermédiaires de soutien rend difficiles la croissance et l'expansion ou la durabilité de ces entreprises. Cet écosystème faible a entraîné une faible culture entrepreneuriale, ainsi qu'un réservoir limité de talents qualifiés en gestion et en spécialités techniques pour les entreprises de santé ", a-t-on aussi fait remarquer. Cepen-dant, l'Economic Development Board of Madagascar (EDBM), soutient que les efforts déployés pour améliorer le climat des affaires (incitations fiscales, digitalisation, accompagnement des investisseurs... ) profitent aussi au secteur de la santé. Et cette structure d'ajouter que les initiatives menées ou appuyées par les partenaires techniques et financiers, particulièrement le Système des Nations Unies et l'Agence des États-Unis pour le dévelop-pement (USAID), contribuent sensiblement à déve--lopper les activités des entreprises sociales opérant dans la santé. D'ailleurs, selon toujours l'EDBM, si le nombre d'entreprises exerçant dans cette filière est en croissance, c'est que des opportunités existent...

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