Cote d'Ivoire: L'enjeu pour une économie compétitive

5 Décembre 2022
opinion

Titulaire d'un MBA et d'un DESS administration des affaires, Kalilou Coulibaly Ing démontre dans cette contribution, l'enjeu pour une économie d'être compétitive.

1-Le délai de paiement des factures.

Les PME ivoiriennes font face à de nombreux défis parmi lesquels le délai des paiements des factures.

Poser cette question sur le délai des paiements des factures, c'est ouvrir l'analyse sur le problème de trésorerie, de tension commerciale, de relation entre fournisseurs et clients, y compris avec l'Etat.

Le délai de paiement des factures est fixé officiellement en Côte d'Ivoire de 60 au 90e jour de façon générale, suivant la réception de la facture par le client suite à l'exécution d'une prestation sans réserve. Ce délai qui court dès cet instant, peut être étendu malheureusement à une durée indéfinie, en dépit du contrat entre les parties.

Historiquement concernant le cas particulier des travaux liés aux chantiers de l'État en occurrence avec les communes, les conseils régionaux, etc., en tant que payeurs finaux, ils n'ont pas bonne réputation quant au respect des délais de paiement des fournisseurs. Cela représente d'ailleurs, une des premières causes de faillite de plusieurs très petites entreprises appelées TPE, et aussi des petites et moyennes entreprises ou PME, sans qu'elles aient de grand moyen de recours pour se préserver contre de telle souffrance des puissants.

2- La loi du plus fort dans les rapports d'affaires

Une des causes fondamentales de ces retards de paiement tient entre autres, au déséquilibre des pouvoirs de négociation entre les donneurs d'ordre publics qui sont les tout puissants, et les sous-traitants suspendus à leurs crochets de survie.

Pour la plupart du temps, les grandes entreprises privées ou publiques forcent les sous-traitants à accepter des retards de paiement sans s'en justifier véritablement, c'est le prix à payer pour continuer à faire des affaires, en espérant le miracle de survivre à cette incommodation, mais avec le risque de disparaître tôt ou tard si les choses en restaient là.

Les puissants peuvent se le permettre, parce qu'ils contrôlent tout seuls, le processus de la relation d'affaires jusqu'à la date où ils décideront d'être audients aux supplications des faibles.

3- Le paradoxe du délai de paiement et la compétitivité des TPE et PME.

Pourtant les PME et PMI spécialisées bien que fragiles, restent indispensables à l'essor de l'économie nationale. Leurs tailles à certains égards, sont également nécessaires à la dynamique de la compétitivité, à la soutenabilité du système productif national. Mais pourtant, indéniablement elles souffrent pour la plupart, d'atrophie de liquidité pour se refinancer rapidement, sans en perdre beaucoup sur leur marge bénéficiaire. Il est quasi impossible pour elles, d'inverser cette dynamique inquiétante de défaillance seules, sans en recourir au gouvernement l'unique capable, d'imposer un changement du modèle d'affaires liant les PME aux grandes entreprises privées et publiques.

La plupart des PME comptent en moyenne quelques dizaines d'employés, et pour fonctionner sans financement bancaire, elles mettent parfois toutes leurs ressources dans la réalisation de plusieurs projets, et dans ces circonstances, elles s'exposent à des conséquences graves avec l'augmentation du risque lié au besoin en fonds de roulement d'exploitation , et tout retard de paiement de trois à quatre mois, menace la survie de leurs entreprises à partir du moment où, les salaires, les loyers sont mensuels, les impôts, la tva, la taxe sur les charges sociales sont dues le mois suivant la date de facturation, ou bien chaque trimestre concernant les cotisations de retraite.

Ainsi donc, comment peuvent-elles survivre aux retards de paiement de plus de trois mois ?

4- L'impact sur le développement des TPE et PME.

Pour les TPE, ou les PME pouvant bénéficier des produits bancaires, l'allongement des délais de paiement peut avoir de lourdes répercussions sur le poids de leur défaillance à plusieurs niveaux.

S'agissant des difficultés financières relatives à la multiplication des retards de paiement, elles contraignent les entreprises créancières, à contracter des crédits à court terme auprès des banques, afin de combler leurs trésoreries. Ces financements coûtent non seulement chers à ces entreprises, mais ils les endettent encore davantage.

S'agissant de la fragilité économique, à plus ou moins long terme, les décalages de paiement peuvent impacter l'activité de l'entreprise créancière, en compromettant sa capacité à payer elle-même ses fournisseurs, et par conséquent la met face à son incapacité à poursuivre son activité.

5- L'importance de la petite entreprise dans la redistribution de la richesse.

Pourtant, il est bon de rappeler que TPE et PME soutiennent les grandes entreprises et le secteur public grâce à leurs biens et services, elles pourraient donc constituer les clés du développement durable, de la croissance inclusive, leurs fortes présences territoriales, garantiraient par ailleurs une redistribution de la richesse dans l'économie locale, si évidemment le chaînon défaillant de la chaîne de valeur lié au délai de paiement était respecté.

Alors l'on est rendu à se demander pour quelle raison, cet accélérateur de vitalité de la création de richesse n'est pas pris sérieusement en compte par le gouvernement, pour réduire les délais de paiement entre professionnels, entre les professionnels et l'Etat, pour que les PME n'aient plus peur à recourir aux marchés publics, ou aux contrats avec les donneurs d'ordre publics ou privés en tant que sources d'opportunités d'affaires fiables, dans le but de maintenir l'étincelle de l'entreprenariat comme pourvoyeur d'emplois massifs.

Ing, MBA, DESS administration des affaires

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