Congo-Kinshasa: Guerre à l'Est du pays - L'odyssée d'un peuple mal aimé

Une guerre d'usure sévit à l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) depuis près de trois décennies. Elle est menée contre la population et les institutions congolaises par le régime du président Paul Kagame du Rwanda, à travers des pseudo-rébellions et groupes armées, créés et équipés par le Rwanda avec le soutien de la communauté internationale.

En effet, il a été révélé que cette mascarade aurait commencé à l'époque du Maréchal Mobutu, lorsque cinq puissances occidentales, sous prétexte que la RDC était trop vaste et trop riche pour les Congolais, auraient décidé non seulement de morceler le pays de Lumumba, mais aussi d'en contrôler chacune un morceau. Ainsi, les Etats Unis d'Amérique de Bill Clinton s'approprieraient l'ancien Kivu et l'ancienne Province Orientale, l'Angleterre de Margaret Thatcher se réserverait l'espace kasaïen (ex-Kasaï Oriental et Kasaï-Occidental), L'Allemagne de Helmut Kohl s'accaparerait de l'ex-Bandundu (sans le Maï-Ndombe) et le Kongo Central, la France de François Mitterrand prendrait l'ex-Katanga et la Belgique du roi Baudouin se contenterait de l'ex-Equateur, le Maï-Ndombe et la ville de Kinshasa. Peu importe comment il s'y prendrait, chaque signataire était supposé mettre tout en œuvre pour libérer sa part du gâteau, même s'il faudrait pour cela faire subir au Congolais le sort des peaux-rouges d'Amérique, c'est-à-dire l'extermination.

%

Le premier à se lancer dans l'exécution de ce plan machiavélique fut le pays de l'oncle Sam. Il commença par positionner à la Présidence de la République Yoweri Kaguta Museveni en Ouganda et Paul Kagame au Rwanda : deux pions utiles pour s'assurer une base arrière solide. C'est ainsi que ces sous-traitants seront maintenus au pouvoir dans leurs pays respectifs contre vents et Marrées, qu'importe la volonté de leurs peuples, jusqu'à l'exécution de ce plan. Pour dire que ni la démocratie ni les droits de l'homme ne signifient rien quand les intérêts occidentaux sont en jeu.

Pour preuve, le génocide rwandais pouvait être évité. Il a été planifié et provoqué pour servir la cause de la balkanisation de la RDC. Les services de renseignements occidentaux, principalement la CIA, savaient très bien ce qui arriverait aux Tutsis si l'on s'attaquait de force au pouvoir du président Habyarimana, lequel, pour résoudre pacifiquement le problème posé par la rébellion du Front Patriotique Rwandais (FPR), essentiellement tutsie et dirigé par Paul Kagame, avait ouvert les négociations à Arusha, en Tanzanie.

Il revenait d'ailleurs de ces négociations d'Arusha lorsque son avion, en procédure d'approche sur Kigali, a été abattu par un missile livré par l'Occident et tiré par le Front Patriotique Rwandais de Paul Kagame. Aujourd'hui il culpabilise le monde entier comme s'il avait été surpris par ce qui était arrivé. Alors que cela faisait partie d'un plan dans lequel il était partie prenante et dont l'objectif d'étape était son accès à la magistrature suprême du Rwanda. Alors qu'importait l'étendue des dommages collatéraux que cela entraînerait ? D'ailleurs les Tutsis restés au pays, étaient considérés par le FPR comme des collabos du régime hutu d'Habyarimana et donc des traitres.

Une fois Habyarimana abattu, l'ONU a mystérieusement réduit son personnel militaire à Kigali, comme pour laisser le champ libre aux extrémistes Hutus d'agir comme bon leur semblait. A la même époque, la France, sous couvert de " l'Opération Turquoise " s'improvise à la frontière congolaise et convainc le Maréchal Mobutu, contre l'avis de son Premier Ministre Kengo wa Dondo, de permettre aux Hutus de se réfugier en RDC. Chose grave, les Français laissent les soldats hutus passer la frontière congolaise avec leurs armes et munitions. Pire encore, des camions de l'ONU traversent la frontière pour venir leur livrer des armes dans les camps des réfugiés à Goma. Pour quelle raison le HCR autorisa-t-il la livraison des armes aux réfugiés et pourquoi son silence coupable ?

Ces soldats hutus sont regroupés aujourd'hui au sein d'une organisation militaire appelée " Forces Démocratiques de Libération du Rwanda ", en sigle FDLR. Le président rwandais les considère comme une menace pour la sécurité de son régime et se base sur leur présence en RDC pour justifier toutes les agressions dont il s'est rendu impunément coupable sur le sol congolais. La question reste de savoir où étaient les FDLR au moment où, sous couvert des rébellions RCD/Goma et CNDP, le Rwanda contrôlait toute la région Est de la RDC ?

Avaient-elles momentanément cessé d'être une menace pour la sécurité du Rwanda ? Pourquoi les FDLR n'ont-elles jamais tiré une seule balle contre le Rwanda depuis trente ans qu'elles sont installées en RDC, se contentant par contre de massacrer les civils congolais ? Pourquoi les Occidentaux, qui ont tout fait pour convaincre la RDC de dialoguer avec ses rebelles et d'intégrer dans son armée les combattants des rébellions successives (RCD, CNDP et maintenant M23) n'ont-il jamais essayé de convaincre le Rwanda d'intégrer les FDLR dans ses unités de défense ? La réponse est évidente. Les FDLR doivent rester sur le sol congolais pour donner un alibi au Rwanda de continuer à déstabiliser et piller la RDC.

C'est au moment où il fallait donner à cette agression une coloration congolaise qu'il est fait appel à Laurent Désiré Kabila qui, au maquis depuis l'assassinant de Patrice Emery Lumumba en janvier 1961, cherchait le moyen de libérer la RDC de la dictature du Maréchal Mobutu. M'zee se retrouve donc, comme un cheveu dans la soupe, à la tête d'une machinerie dont les objectifs étaient diamétralement opposés aux siens. Sachant qu'une fois à Kinshasa, les parrains de sa rébellion allaient imposer leur candidat à la tête du pays, il s'autoproclame Président de la République depuis la chute de Lubumbashi et renvoi l'armée rwandaise dès que les premiers éléments de l'armée nationale, envoyés discrètement en formation à l'étranger, rentrent au pays.

Il court-circuite ainsi les velléités hégémoniques du Rwanda et de ses mentors occidentaux. Mais pas pour longtemps. Quelques mois seulement après, l'armée rwandaise était de nouveau sur le sol congolais, sous les couleurs du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD/Goma) qui va se muter en Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), puis en Mouvement du 23 Mars (M 23).

Or, tout ce que nous vivons jusqu'ici n'est que la partition des Etats Unis d'Amérique concernant les Kivu et l'ex-province Orientale, Les récents événements dans le Maï-Ndombe montrent que ça commence à bouger du côté de la Belgique. Demain, lorsque ces cinq puissances occidentales entreront tous dans la danse, la situation sera impossible à gérer pour la RDC.

Le Rwanda n'est pas à sa première tentative. Durant la première guerre mondiale, les Rwandais, sous colonisation allemande, ont déjà tenté d'occuper le Kivu. En réaction, les Congolais avaient non seulement bouté l'ennemi hors du territoire national, mais en plus ils sont entrés au Rwanda et ont pris tout le pays dont ils ont fait une province de la RDC. Le grand-père de Kengo wa Dondo fut l'un des vaillants soldats de la Force Publique positionnés au Rwanda durant cette période-là. Puisque, ignorant l'histoire, ce pays s'est transformé en une fourmilière qui nous envoi des colonies d'insectes pour nous empêcher de dormir en paix, nous devons réagir vite et surtout frapper fort.

Le principe de réciprocité ainsi que le droit des poursuites sont reconnus en relations internationales. La RDC, qui a l'avantage du nombre, ne doit pas lésiner sur les moyens. Au contraire, elle doit mettre toutes ses batteries en marche, encercler les envahisseurs, les attaquer de tous les côtés à la fois et, en définitive, refaire l'exploit de la Force Publique durant la première guerre mondiale.

Puisque le Rwanda piétine sciemment toutes les conventions internationales, y compris la Charte de l'Union Africaine, nous ne pouvons pas, dans notre réaction contre lui, tenir compte de ces conventions. Nous ne pouvons même pas compter sur l'arbitrage de la communauté internationale, puisque c'est elle qui sponsorise le Rwanda. Comment comprendre que l'Organisation Internationale de la Francophonie soit dirigée par le Rwanda, un pays dont la langue officielle est l'anglais ? Comment comprendre que l'Union Européenne se permette d'accorder 20 millions d'euros à l'armée rwandaise alors qu'elle connaît la gravité des crimes commis et que continue à commettre cette même armée en RDC ?

En ce qui concerne nos ressources naturelles, le 08 juillet 2000, ayant constaté que c'est le diamant qui alimentait la rébellion sierra léonaise, le Conseil de Sécurité des Nations Unies vota la résolution 1306 qui décrétait un embargo sur le trafic illégal du diamant de la Sierra Leone. Désormais, le diamant ne pouvait être accepté sur le marché international que s'il était certifié par le gouvernement légal du pays producteur. Conséquence : privée des moyens financiers dont elle avait besoin pour s'approvisionner en armes, la rébellion sierra-léonaise, déclenchée depuis le 23 mars 1991, fut vite matée.

Et la guerre civile prit ainsi fin officiellement le 18 janvier 2002. Qu'attend donc ce même Conseil de Sécurité pour prendre les mesures analogues contre le Rwanda, l'Ouganda et tous les seigneurs de guerre concernant les minerais de la RDC ? Pourquoi accepte-t-on que le Rwanda devienne exportateur officiel de l'or, du cobalt, de la cassitérite et du coltan, minerais dont il n'est pas producteur ? Pourquoi tolère-t-on chez Paul Kagame du Rwanda ce que l'on a sévèrement sanctionné chez Charles Taylor du Liberia ?

Dans cette situation, nous sommes seuls face à notre destin. Ni l'ONU ni même l'Union Africaine ne viendra à notre secours. C'est soit le Rwanda, soit la RDC. Ce n'est qu'en prenant conscience de cette réalité et en agissant conséquemment que nous pourrions décourager les autres pays voisins qui seraient tentés, comme le Rwanda, de servir de cheval de Troie à une quelconque autre puissance occidentale.

Lorsqu'un voyou entre chez-vous par effraction et se met à violer vos filles, vous avez intérêt à saisir tout ce qui vous passe par la main et à défendre vaillamment l'honneur de votre famille. Si, devant un tel affront, vous vous laissez convaincre qu'il faille implorer sa compréhension afin qu'il arrête de lui-même sa basse besogne, parce que, autrement, vous risqueriez de lui briser le coup, alors, non seulement vous perdez toute crédibilité envers les vôtres, mais en plus, vous encouragez tous ceux qui hésitaient encore à venir tenter la même aventure chez-vous. On ne fait jamais des omelettes sans casser les œufs.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.