Afrique du Sud: Maintien de Cyril Ramaphosa à la tête du parti historique - L'ANC se tire une balle dans le pied

President Cyril Ramaphosa .
19 Décembre 2022
analyse

Rideaux sur le congrès de l'ANC en Afrique du Sud ! C'est le moins que l'on puisse dire puisqu'à l'issue de longues heures de débats et de tractations, le parti historique dispose désormais d'une direction renouvelée. C'est le président sortant, Cyril Ramaphosa, qui succède à lui-même.

En effet, empêtré dans un scandale au parfum de corruption, Ramaphosa a remporté le scrutin face à son ex-ministre de la Santé, Zweli Mkhize, lui aussi mis en cause dans une affaire de corruption. Autant dire qu'entre deux dirigeants cleptomanes, les militants et militantes de l'ANC n'avaient d'autre choix que de se prononcer en faveur de l'un ou de l'autre. De peur donc d'aller vers l'inconnu, ils ont préféré maintenir Cyril Ramaphosa qui vient d'ailleurs d'échapper de justesse à une procédure de destitution au parlement et cela, suite à l'affaire Phala Phala.

En effet, ce dernier est accusé d'avoir gardé à domicile, une importante somme d'argent sale. Il s'est ensuite résolu à étouffer l'affaire lorsque cet argent a été dérobé lors d'un cambriolage. Du coup, des voix, y compris au sein de son propre parti, avaient commencé à s'élever pour réclamer son départ du pouvoir, estimant qu'il était du même acabit que Jacob Zuma et Thabo Mbéki, tous deux contraints à la démission suite aussi à des scandales de corruption.

Tout se passe, en effet, comme si en Afrique du Sud, la corruption est dans les gênes des dirigeants si fait que de Zuma à Ramaphosa en passant par Mbéki, personne n'a été capable de chausser les bottes de Nelson Mandela.

L'ANC n'est pas à l'abri d'un vote-sanction à l'occasion des élections générales qui se profilent à l'horizon

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Cela dit, en choisissant de confier la direction du parti au président Ramaphosa dont on sait que l'image, depuis quelque temps, a pris un sérieux coup, l'ANC ne se tire-t-il pas une balle dans le pied ? La question est d'autant fondée que les électeurs sud-africains pourraient lui faire payer ce choix. En effet, l'idéal aurait voulu que le parti se choisît un homme neuf qui ne traîne pas de casseroles.

Mais en maintenant Ramaphosa, c'est comme si l'ANC se montrait insensible et indifférent face à la clameur populaire qui monte en Afrique du Sud. En tout cas, l'ANC n'est pas à l'abri d'un vote-sanction à l'occasion des élections générales qui se profilent à l'horizon. Il en avait déjà vu des vertes et des pas mûres lors des dernières consultations électorales mais s'il n' y prend garde, le pire pourrait être à venir. Car, les Sud-africains ne peuvent pas continuellement s'accommoder de dirigeants ripoux dont le seul souci est de s'enrichir pendant que le peuple croupit dans la misère crasse.

De toute évidence, s'il est vrai que c'est le peuple qui donne le pouvoir et qui peut le retirer quand il veut, l'ANC doit s'attendre à tout. A moins que, prenant la mesure de la situation, ses dirigeants acceptent de se remettre en cause en opérant véritablement leur mue. C'est à ce prix qu'ils pourront redorer leur blason et celui du parti qu'ils n'ont eu de cesse de trainer dans la boue.

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