Congo-Kinshasa: Les rescapés de Kishishe accusent les M23 d'avoir ciblé les hommes civils [2/4]

Vue de la route entre Goma et Rutshuru. République démocratique du Congo.

Alors que les chiffres sur les événements meurtriers à Kishishe de fin novembre continuent de faire débat, les témoins et rescapés racontent que les rebelles du M23 semblaient vouloir abattre tous les hommes de cette zone dans l'est de la République démocratique du Congo. Le groupe armé est accusé de meurtres, de pillages et de viols par le gouvernement congolais et l'ONU, tuant 131 personnes selon la Monusco, 272 selon le gouvernement, huit selon le M23. Deuxième volet de notre enquête.

C'est discrètement à l'abri dans un bureau en bord de route que Eli (tous les prénoms de témoins ont été modifiés), raconte comment il s'est caché pendant plusieurs jours pour échapper au M23. Cet homme d'une trentaine d'années a eu peur qu'on le confonde avec un combattant armé. Car un peu avant leur arrivée à Kishishe, les rebelles du M23 ont en effet affronté des milices d'autodéfenses locales, dont les Nyatura ou Maimai, ainsi les FDLR, groupe armé d'origine rwandaise installé dans la zone : " J'ai constaté que le M23 recherchait surtout les jeunes hommes après ces affrontements. Ils considéraient que tous les jeunes hommes étaient soit des Maimai, des Nyatura ou des FDLR. C'est ce qui m'a fait peur, alors je me suis caché. "

Eli a finalement fui la veille du drame de Kishishe. Contrairement à Richard, un autre rescapé, qui lui a assisté aux évènements du 29 novembre. Par vengeance ou représailles, des éléments qu'il décrit comme appartenant au M23 s'en sont pris à des civils, assure-t-il :

" Ils ne sont pas arrivés jusqu'à la maison dans laquelle je me cachais. Mais ils défonçaient les portes des maisons pour voir si quelqu'un se cachait dedans. Ils étaient à la recherche des hommes et les pourchassaient. Quand je suis sortie de ma cachette, j'ai vu des amis qui avaient été achevés. Par exemple, l'infirmier du centre de santé, on l'avait abattu par balle, trois coups. "

Le nombre exact de décès parmi les combattants ou parmi les civils n'est pas encore connu. Aucun enquêteur indépendant n'a pu se rendre sur place.

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