Sénégal: Extension du champ d'entrainement des parachutistes - Les populations de Déni Guethie refusent d'être spoliées

20 Décembre 2022

Les populations des villages de Déni Guethie Sud et Nord étaient dans la rue pour exprimer leur opposition à la volonté d'extension du champ de tirs qui abrite le site d'entrainement des parachutistes militaires. Elles dénoncent les sommations que leur a servies la DSCOS, la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l'Occupation du Sol.

Les prochains jours dans les villages de Déni Guethie Sud et Nord, dans la commune de Bambilor, risquent d'être lourds de tension. L'atmosphère dans les villages est déjà électrique ; les populations sont sur le pied de guerre pour, disent-elles, protester contre les prétentions de l'Armée nationale sur leurs terres qui jouxtent la zone de tirs, lieu d'entrainement des parachutistes. En rassemblement, le week-end passé, les habitants ont dénoncé les sommations d'arrêts, sans délais, qui leur ont été délivrées par la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l'Occupation du Sol (DSCOS). Ces habitants dénoncent une expropriation de leurs terres, au profit de l'Armée.

Ainsi, plus d'une centaine de maisons sont menacées de démolitions ainsi que des vergers. Un projet que n'entendent pas laisser passer les concernés. "Les deux villages de Deni Guethie Sud et Nord, de même que les villages environnants, se sont réunis ici pour protester contre une situation qui nous oppose aux parachutistes de notre Armée. Ils sont venus, ils ont marqué des arrêts DSCOS un peu partout dans les 2 villages. Une centaine de famille sont concernées. Avant, on n'avait pas de souci avec eux parce qu'ils venaient on connaissait la zone de saut. Elle est là, personne ne l'a touché. Pourquoi entrer dans le village pour démolir des maisons. Ils ont donné des sommations, c'est ce qu'on n'acceptera pas", a dit Ismaïla Bâ, responsable des jeunes de Deni Guethie Sud

Ces jeunes, très déterminés à défendre leurs terres, n'entendent pas céder une parcelle aux Forces Armées et invitent les autorités militaires à rester sur les 200 ha qu'ils ont jusqu'ici exploité, pour leurs exercices. Ainsi, la cohabitation qui a toujours existé entre eux va se poursuivre dans la paix. "Avec les parachutes, ils sont là depuis les années 90 et la cohabitation s'est faite sans aucun problème. Ils veulent une extension de la zone qui leur est réservée pour leur activité. Et cette zone ciblée pour l'extension est habitée par des populations locales. Ils ont ainsi délivré des sommations, pour dire qu'ils vont détruire ces maisons. Nous nous opposons à ça. Qu'ils restent sur leur zone et ne touchent pas à ce qui appartient aux populations locales", a soutenu Amath Bâ qui s'est exprimé au nom des jeunes du village de Deni Guethie Nord.

Dans ce combat, les jeunes bénéficient de l'onction des anciens, notamment des autorités coutumières qui insistent pour dire que les terres des populations ne leur seront arrachées sous aucun prétexte. "Qu'ils continuent dans leurs activités d'entrainement (pour para), mais ne doivent pas toucher à ce qui ne leur appartient pas. Que le gouvernement l'entende de cette oreille, ainsi tout le monde sera en paix", a ajouté Yoro Ka, chef de village Deni Guethie Sud.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.