Tunisie: Le nombre de divorces explose en même temps que les difficultés économiques

Une vue sur la ville de Tunis

Les divorces sont en hausse en Tunisie, mais cela ne se fait pas toujours avec facilité. Signe des temps, une plate-forme électronique spécialisée dans les séparations a été contrainte de fermer après une vive polémique.

Accusée d'encourager le divorce, les publicités de ce site, tala9.com, visant à faciliter les procédures, ont désormais été retirées. " La décision, c'est la vôtre, nous nous occupons des formalités ", pouvait-on lire sur les annonces affichées le long de l'avenue Habib Bourguiba, l'artère principale de la capitale tunisienne, et désormais retirées. La plateforme Tala9.com précisait sa mission : accompagner les candidats au divorce à compléter leur dossier, tout en leur offrant des aides et des conseils pour mener à bien, et aux moindres frais, leur divorce.

" Divorcez en trois étapes ", titrait le site avant sa fermeture, en raison de poursuites judiciaires engagées par l'ordre des avocats. " Ça me dérange que des sociétés commerciales commencent à prendre en charge les divorces, d'autant plus que le divorce, ce n'est pas une question commerciale, ça n'est pas une question contractuelle, s'insurge Bochra Belhaj Hmida, juriste et avocate. C'est quand même plein d'émotions, plein de problèmes à régler, notamment concernant les enfants. Donc ça ne peut pas être pris en charge par une société commerciale. Deuxième chose qui me dérange en tant que juriste, c'est qu'on ne peut pas dire aux gens : "voilà, il y a une procédure rapide, etc." Les avocats, souvent, font même des tentatives de réconciliation des couples, etc. C'est une institution et je trouve que c'est très, très important que la personne appelée à divorcer puissent avoir des conseils juridiques de la part de ceux qui sont habilités à le faire. "

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La précarité, première cause

En Tunisie, les séparations sont généralement liées aux difficultés économiques que rencontrent les couples. La dégradation du pouvoir d'achat des Tunisiens et la cherté de la vie viennent ainsi se rajouter aux raisons classiques des divorces et font exploser les chiffres : près d'un millier par mois.

" La précarité, qui affecte de plus en plus les couches moyennes ainsi que la classe populaire, la crise économique, le chômage, le Covid-19, pourraient être une hypothèse valable pour expliquer le phénomène de divorce, estime Mehdi Mabrouk, professeur de sociologie à la faculté du 9 avril à Tunis. Mais à mon sens, le divorce, c'est un choix passionnel pour la femme ainsi que pour l'homme pour mettre fin à une relation conjugale qui n'est plus épanouissante pour l'un ou pour l'autre. Certainement que la massification de l'éducation en Tunisie et les médias offrent un champ de valeurs, de normes, qui rend le choix légitime. Le divorce n'est plus diabolisé, il est un choix rationnel de plus en plus accepté dans la société tunisienne, puisqu'il traduit donc ce choix libre de l'homme ou bien de la femme, lorsqu'il juge qu'il n'est plus possible de continuer cette relation conjugale. "

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