Le collectif de la Marche blanche des femmes contre les violences faites aux femmes fait le bilan un an après sa création.
"Quand tu parles de santé mentale, les gens pensent que tu es folle alors que non ! Tu souffres d'un mal être que tu as vécu dans ton enfance et ce sont des questions que tu n'oses pas évoquer par peur d'être pointée du doigt" les larmes aux yeux, devant un public de femmes en tenue traditionnelle blanche, l'actrice sénégalaise Halima Gadji raconte, à visage découvert, comment elle a subi depuis le bas âge différentes formes violences.
"On me traitait de nulle, d'handicapée, de bègue. Je me rappelle qu'une fois, le professeur m'a mise au milieu de la classe, et il a dit aux autres élèves : 'Si vous ne voulez pas devenir comme elle, étudiez ! Regardez ses seins !'Il a pincé mes seins et mes fesses et a dit : 'Parce qu'une vieille comme elle ne sera rien'.Et donc j'ai arrêté l'école. Pour moi, être une actrice, c'est être le miroir de la société. Je voulais jouer le rôle de toutes les personnes que j'ai rencontrées dans ma vie. Positives ou négatives" précise Halima Gadji.
Briser le silence. C'est justement le cri du cœur du collectif de la Marche blanche des femmes.
Des priorités
Pour les trois années à venir les priorités du collectif portent sur la reformulation de certaines dispositions du code de la famille défavorables ou discriminatoires à l'égard des femmes. Mais aussi la réforme du Code pénal renforçant la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, comme par exemple le fait qu'une femme victime de viol doit encore prouver qu'elle n'était pas consentante.
Enfin, autre priorité : la création de structures spécialisées pour l'accueil et l'accompagnement des victimes sur l'ensemble du territoire et la création d'un numéro vert national pour la prise en charge des urgences en cas de violence." La Marche blanche des femmes tient particulièrement à conserver son caractère indépendant apolitique et laïc, et inscrit ses actions dans une dynamique de développement durable" explique Aminata Diallo, la vice-présidente de la Marche Blanche Des Femmes.
Elle précise que le collectif entend "être un levier catalyseur, organe de plaidoyer et de mobilisation de ressources", à ce effet toutes les actions du collectif seront donc mises en œuvre de façon concertée par les différents acteurs et organisations membre de la MBDF.
"Nous organiserons des rencontres d'échanges et de concertation d'ici mars 2023 dans les différentes régions du Sénégal parce que la voix des populations nous donnera des propositions de solution adaptées aux contextes locaux" assure par ailleurs Aminata Diallo.
La Marche blanche des femmes est un mouvement apolitique et laïc. Elle est née de façon spontanée en 2021. Ces priorités d'actions sont déclinées dans un manifeste qui avait été remis à Macky Sall, le président du Sénégal.