Lors d'une cérémonie officielle, l'Allemagne a restitué au Nigeria 20 œuvres d'art pillées pendant la période coloniale.
La restitution des œuvres d'art pillées durant la période coloniale allemande a été largement saluée par les Nigérians. Lors de son allocution, Annalena Baerbock,la ministre allemande des affaires étrangéres, a indiqué que l'injustice du passé avait été réparée avec la restitution des œuvres d'art pillées. "Nous sommes aujourd'hui ici pour restituer les bronzes de l'ancien empire de Benin à la place où ils appartiennent et au peuple nigérian. Nous sommes ici pour corriger une anomalie du passé. Les autorités de mon pays étaient informées que les bronzes avaient été volés mais nous avons ignoré pendant longtemps les tentatives du Nigeria pour les récupérer. Il était illégal de les prendre, il était aussi illégal de les conserver. C'est l'histoire de la colonisation européenne. C'est une histoire dans laquelle notre pays a joué un rôle négatif causant des souffrances en Afrique. La restitution des bronzes aujourd'hui est une façon de réparer les erreurs du passé" a précisé Annalena Baerbock.
1.130 œuvres d'art pillées ont été répertoriées en Allemagne, 20 œuvres d'art ayant de précieuses significations ont été donc restituées. Pour Lai Mohamed, ministre nigérian de la Culture et l'information, le rêve est devenu réalité.
"Il y a vingt ans en arrière, même dix ans en arrière, personne n'aurait pu dire que ces bronzes pourraient retourner au Nigéria parce que les obstacles pour effectuer les restitutions étaient insurmontables. Mais aujourd'hui, grâce à l'Allemagne, l'histoire a changé. Les négociations par le passé n'était pas chose aisée comme aujourd'hui. La sincérité de l'Allemagne a été un facteur efficace pour résoudre les différends" a-t-il déclaré.
A en croire Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, le reste des œuvres pillées, plus d'un millier de pièces, devraient être restitué au cours des prochains mois.
Les 20 œuvres d'art retournées au Nigeria seront exposés dans différents musées du pays.
Interview avec Claudia Roth
La restitution de ces bronzes de l'ancien royaume de Benin suscite toutefois de multiples interrogations, notamment sur le sens même de ce geste de l'Allemagne et l'avenir de la coopération culturelle entre l'Allemagne et le Nigeria. Toutes ces questions, l'envoyée spéciale de la DW, Rosalia Romaniecles, les a posées à Claudia Roth, la ministre allemande de la Culture.
Avec madame Baerbock, la ministre des Affaires étrangères, vous avez ramené les bronzes de l'ancien royaume de Benin, situé dans l'actuel Nigeria. Que signifie ce retour et quelles sont les réactions ici ?
Ce retour représente un constat d'injustice, d'un passé colonial qui s'est approprié des biens pillés. Et cela signifie que nous essayons de rendre ce qui n'a jamais été nôtre, nous ouvrons ainsi un nouveau chapitre dans la relation.
A quoi ce chapitre se rapporte-t-il ? Quels sont vos espoirs pour ce nouveau chapitre des relations germano-nigérianes ?
J'espère que les plaies ouvertes pourront guérir car nous redonnons aussi un peu de l'identité culturelle qui a été volée aux Nigérians. Mais c'est la condition préalable pour que nous parlions, ici et aujourd'hui, de l'art moderne, de la coopération entre les musées, et que nous développions des plans communs. Que nous aidions à construire un campus moderne, que nous fassions ensemble la promotion du travail archéologique, donc pour un avenir ensemble.
Dans le cas des Pays-Bas, il y a maintenant les excuses au sujet de l'histoire coloniale, une sorte de changement dans les relations dans la prise en compte de l'histoire. L'Allemagne s'excusera-t-elle également pour son histoire coloniale ?
Oui, je veux dire, le fait que nous redonnions maintenant ces œuvres est déjà une excuse. Surtout, les bronzes de Benin nous confrontent à notre propre histoire coloniale qui a toujours été mise de côté. On agissait selon la devise : oui, le colonialisme, nous n'avons rien à voir avec cela. Ce sont les Français, les Hollandais, les Belges, les Espagnols, les Portugais. Pas nous... Mais nous avons aussi une histoire coloniale sur laquelle nous devons travailler.
Pour finir, avant le retour des œuvres, ici à Benin City, vous avez visité les endroits où seront installés plus tard les bronzes de l'ancien royaume de Benin. Comment l'Allemagne soutient-elle cette construction d'un nouveau musée ?
Nous le soutenons financièrement, Nous le soutenons par la collaboration, en collaborant à des fouilles archéologiques. Et je pense que nous faisons bien d'aider les bronzes à retrouver leur place ici.