Afrique de l'Est: Soutien presumé de Kigali au M23 en RDC - La sortie calculée et risquée de paris

Président de la RDC, Felix Tshisekedi (g) et Le Président du Rwanda Paul Kagamé (d)
20 Décembre 2022

Après les Etats-Unis, c'est au tour de la France de mettre la pression sur Kigali. En effet, dans un communiqué rendu public le 20 décembre dernier, Paris, sans s'embarrasser de circonlocutions diplomatiques, condamne le soutien du Rwanda au M23.

" Nous condamnons le soutien que le Rwanda apporte au groupe M23, et nous demandons que les processus de Luanda et de Nairobi puissent être intégralement mis en œuvre ", a déclaré, à la surprise générale, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, au cours d'un point de presse.

Pour une prise de position très attendue, c'en est une puisque Paris, jusque-là, s'était montrée très réservée sur le sujet, préférant jouer la carte de la prudence. Maintenant, elle a franchi le pas là où bien des pays européens hésitent encore.

Peut-être a-t-elle voulu prendre les devants puisqu'il se susurre qu'un nouveau rapport onusien sera rendu public dans les heures à venir, qui accuse de nouveau, Kigali de soutenir directement la rébellion du M23 qui, faut-il le rappeler, a repris les armes en fin 2021, et contrôle, à ce jour, de larges portions du Nord-Kivu, si elle n'est pas aux portes de Goma, la capitale provinciale.

Cela dit, quel impact la sortie de Paris peut-elle avoir sur Kigali qui a toujours démenti tout lien avec les rebelles du M23 ? On attend de voir. Il faut même craindre que cette prise de position des autorités hexagonales, ne provoque une brouille diplomatique entre Paris et Kigali.

Plutôt que de s'inscrire dans le déni, Kigali ferait mieux de se remettre aussi en cause

Ce n'est pas exclu, surtout quand on sait que les relations entre les deux capitales, après plusieurs années de tempête, sont en voie de normalisation au point que le président Emmanuel Macron, pour accélérer les choses, avait soutenu la candidature du Rwanda à la tête de la Francophonie en 2018.

Mieux, pour se distinguer de ses prédécesseurs, le locataire de l'Elysée avait effectué un voyage officiel au Rwanda en 2021. C'est, du reste, ce rapprochement qui avait favorisé le déploiement de l'armée rwandaise dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Mozambique où, on le sait, la France a des intérêts avec un projet d'exploitation gazier pour l'entreprise Total.

Pour toutes ces raisons, on peut dire que Paris a pris un risque en jetant une pierre dans le jardin du président Paul Kagame qui n'hésite pas parfois à répondre du tac au tac. Cela dit, plutôt que de s'inscrire dans le déni, Kigali ferait mieux de se remettre aussi en cause.

Car, si tout le monde l'accuse, c'est qu'elle doit avoir des choses à se reprocher, surtout d'autant que le président Kagame a toujours reproché à la RDC d'avoir offert le gîte et le couvert à des génocidaires qui tentent de déstabiliser son pays. Il a peut-être raison mais il oublie volontiers qu'aucune solution durable, dans le cas d'espèce, ne peut être trouvée si ce n'est par le dialogue et la voie diplomatique.

B.O

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