Le Tribunal criminel spécial a reconnu mercredi l'ancien directeur de la CRTV, la radiotélévision publique, coupable d'avoir détourné plus de 600 millions de francs CFA, avec l'ancien ministre des Finances, Polycarpe Abah Abah, qui lui écope de 17 années de prison.
La condamnation est intervenue à l'issue d'un verdict marathon. Six cents pages de procès-verbal qu'il a fallu 16 heures au juge pour lire. L'avocat général avait requis la prison à vie. Et finalement, au milieu de la nuit, Amadou Vamoulké s'est vu condamner à douze ans de prison. Il est déjà incarcéré depuis six ans et demi.
L'ex-directeur de la CRTV est en détention depuis plus de six ans, dans une affaire qui a connu plus de 150 renvois, un record mondial selon son entourage. Un verdict que ses avocats contestent. Me Benjamin Chouai dénonce un dossier " vide ", " sans aucun témoin à charge ". Une décision " scandaleuse, inique et incompréhensible ", dit-il. Me Chouai pointe également du doigt un " tribunal aux ordres du pouvoir politique qui voulait une condamnation d'Amadou Vamoulké ".
Juges " pris en otage "
Ce mercredi matin, 21 décembre, ses conseils camerounais ont déposé un pourvoi devant la Cour suprême. Les défenseurs du ministre des Finances, Polycarpe Abah Abah, condamné à 17 ans, ont annoncé qu'ils enclencheraient la même procédure.
Le CIRLAV, le Comité de soutien d'Amadou Vamoulké, et son président Alain Massé, dénoncent un procès politique, des juges " pris en otage ", et une affaire entachée de nombreux vices de procédures. À l'issue du verdict, l'ancien directeur de la CRTV, lui, aurait écrit : " Je prends cette décision avec beaucoup de philosophie ".
Pour autant, Amadou Vamoulké n'en a pas fini puisque mi-janvier, on attend le verdict du second volet de cette affaire, qui pourrait entraîner une seconde condamnation du journaliste.