Congo-Kinshasa: "Le M23 les a enterrés dans des fosses communes", témoigne une rescapée de Kishishe [3/4]

Troisième épisode de notre série sur les évènements de Kishishe, un village de l'est de la République démocratique du Congo. Selon l'ONU et le gouvernement congolais, le 29 novembre, des civils y ont été tués par les rebelles du M23.

Des rebelles qui sont soutenus et aidés par le Rwanda et son armée, dénonce toujours Kinshasa. Si beaucoup d'hommes, recherchés par le M23, avaient fui le village avant l'arrivée des rebelles, les femmes étaient plus nombreuses à Kishishe le jour du drame.

Dans une maisonnette en bois, des rescapés de Kishishe vivent désormais sous le même toit. Le jour du drame, Rosaline, dont le prénom a été modifiée, a croisé trois éléments du M23 dans la rue lorsqu'elle est sortie de sa cachette avec d'autres femmes. " Nous avons entendu du bruit, ça faisait pouf pouf. Nous pensions que c'était le bruit que le M23 faisait en défonçant les portes des maisons. Mais en fait, nous avons vu le corps de deux hommes étalés sur le sol. Nous nous sommes dits: "mon Dieu", M. Takamba et un autre papa viennent de mourir. Nous avons pris conscience que la situation avait changé et que ça devenait difficile ".

À l'arrivée du M23 dans le village, Pauline, qui a souhaité rester anonyme, s'est réfugiée dans une église adventiste avec d'autres femmes, enfants et hommes. " Il sélectionnait seulement les hommes et les faisait sortir à l'extérieur pour les achever. Ils disaient que ce sont des rebelles de Kishishe. Puis le M23 les a enterrés dans des fosses communes. Nous étions toujours dans l'église, et tard dans la soirée quand nous sommes sortis, le M23 s'était déjà retiré. Alors, nous aussi, nous sommes parties dans la brousse, vers la ville de Bambo ".

Pauline assure qu'après son départ, des femmes ont été violentées. Une vingtaine aurait été violées selon l'enquête préliminaire de l'ONU.

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