Au Sénégal, le prix de l'électricité ne va pas baisser avant le début de l'utilisation des ressources gazières pour alimenter le réseau de la Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec).
L'information est du directeur de l'électricité qui s'est prononcé, ce mercredi 21 décembre à Dakar, à l'occasion de la Révision des conditions tarifaires de Senelec pour la période 2023 – 2027 que la Commission de régulation du secteur de l'énergie (Crse) a organisé.
« Tant que le gaz n'est pas là, il ne faut même pas envisager la baisse du prix de l'électricité », dixit Ibrahima Niane. Pour lui, le Sénégal a un problème structurel de l'électricité qu'il faut régler par des solutions structurelles en utilisant le gaz.
D'où la pertinence, à son avis, de la stratégie « Gas to Power » qui recommande que les réserves nationales de gaz du Sénégal seront principalement utilisées pour produire de l'électricité.
A travers cette initiative, les autorités s'attendent à ce que les projets d'infrastructures gazières nationales soient mis en service entre 2025 et 2026, à condition qu'il n'y ait pas de retard.
Il consiste à la conversion des centrales existantes de Senelec en gaz et mettre en place une infrastructure gazière moderne de production d'électricité.
C'est à l'image de la Côte d'Ivoire qui a des tarifs d'électricité plus bas grâce à l'utilisation d'une électricité produite à partir du gaz et de l'hydroélectricité.
De l'avis du directeur de l'électricité du Sénégal, l'utilisation du gaz sénégalais va permettre d'éliminer la subvention que l'Etat consacre à l'électricité et qui s'élève à plus de 200 milliards de F Cfa par an.
Devant cet état, M. Niane appelle les populations à prendre en compte le fait que Senelec doit également consentir des investissements pour raccorder les zones non encore électrifiées.
La crainte des consommateurs, les assurances de la Crse
Ainsi, il est clairement indiqué que la baisse du prix de l'électricité n'est pas pour un avenir proche.
Un discours qui a suscité des craintes auprès des associations de consommateurs qui, dans la dynamique de baisse des denrées de première nécessité engagée par l'Etat du Sénégal, espéraient une baisse prochaine des tarifs d'électricité.
Pour les rassurer, le président de la Commission de régulation, Pape Amadou Sarr rappelle la volonté du gouvernement de continuer à maintenir les tarifs de l'électricité à un niveau supportable par les ménages.
A l'en croire, de manière continue le gouvernement a maintenu les tarifs. Avant de confier que « là où une personne paye une facture de 100 mille F Cfa, il devrait payer 140 milliards F Cfa ».
D'où les écarts de revenus de 40 milliards de F Cfa par trimestre que le gouvernement s'engage à payer à la place du consommateur.
Ainsi après cette session de révision des tarifs, Senelec va faire une projection de coût pour les cinq prochaines années avant de la soumettre à la Crse.
M. Sarr a profité de cette occasion pour mettre le doigt sur la question de l'efficacité de la subvention dont la plupart ne bénéficie pas aux petits consommateurs qui méritent mieux d'être appuyés.
Pour lui, une réflexion doit être menée dans ce sens afin de corriger cette incohérence.
Avant d'avertir : « On aura beau étendre la tranche sociale de Senelec mais le problème va rester entier si on ne corrige pas cet état de fait ».
L'audite du compteur intelligent Woyofal réclamé
Au cours de cette demi-journée de révision des tarifs de conditions tarifaires de Senelec, les consommateurs ont mis le système de compteur intelligent (Woyofal) au cœur de leurs préoccupations. Ce type de compteur que Senelec dit avoir initié pour démocratiser la distribution du courant électrique.
Pour Me Massokhna Kane, président de l'association SOS Consommateurs, c'est un système qui doit être audité à cause des nombreux problèmes qu'il pose. « Il faut revoir le concept et il est temps de l'auditer pour mesure son impact sur les consommateurs ».
D'après lui, les plans se suivent et se succèdent dans le secteur de l'électricité et les consommateurs continuent à rouspéter parce qu'il n'y a pas d'évaluation.
Malgré ce tableau peu reluisant peint sur ce système prépayé d'électricité, 60 % des 217 900 clients de Senelec l'utilise (1400000 clients). Un état de fait un impose sa révision plutôt que sa suppression.