Le conseil de sécurité de l'Onu a assoupli le régime de sanctions et levé la procédure de notification d'achat d'armes par la RDC. Une décision saluée par Kinshasa.
La résolution 2667 retire la mention qui exigeait précédemment que les pays informent le Conseil de sécurité et ses 15 membres de toute vente d'armes ou d'aide militaire à la RDC.
Cette décision est bien accueillie par l'Etat congolais qui déplorait depuis longtemps cette exigence, estimant qu'elle créait un obstacle bureaucratique dans sa lutte contre des groupes armées. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement indique à la DW que c'est une injustice réparée.
"Nous sommes satisfaits de voir que notre démarche diplomatique a fonctionné auprès des membres du Conseil de sécurité. Je crois que c'est un élément déclencheur d'une nouvelle période qui nous permettra dans un avenir proche d'être en pleine mesure de nos capacités militaires pour faire face à toute tentative de déstabilisation mais aussi mettre fin à tous les groupes armés qui écument plusieurs coins de la RDC", a dit Muyaya.
Depuis 2003, toutes les livraisons d'armes à la RDC devaient être approuvées par l'Onu. Les Nations unies ont toujours justifié cette décision qui, selon elles, n'était pas dirigée contre la RDC mais destinée à limiter la prolifération d'armes dans le pays.
Les défis de la reforme de l'armée
Ces derniers mois, l'Onu avait été pressée d'agir, certains accusant ce processus d'approbation de réduire les capacités de l'armée congolaise dans sa lutte contre les groupes armés.
Mais Jean-Jacques Wondo Omanyundu, analyste des questions sécuritaires et militaires, estime que le régime de notification du Conseil de sécurité n'a jamais empêché l'armée de se doter de matériels militaires.
"Moi je pense que cela faisait partie d'une rhétorique politique pour calmer un peu la situation. Les causes de la contreperformance de notre armée sont nombreuses, notamment le déficit de formation, beaucoup d'incohérences même au niveau de la mise en place des forces pour mener ce que l'on appelle les opérations coordonnées entre différentes forces et on l'a vu même récemment... le problème se situe vraiment au niveau de la réforme de l'armée", affirme Jean-Jacques Wondo.
"Non c'est incroyable, c'est scandaleux"
Le Conseil de sécurité a également voté en faveur d'un renouvellement du mandat de la mission de maintien de la paix en RDC, la Monusco, pour une année supplémentaire.
Cela malgré le contexte tendu dans l'est de la RDC. Cet été, des manifestations contre le personnel de l'Onu ont fait une vingtaine des morts dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Bienvenu Matumo, membre de la Lucha, un groupe de la société civile qui réclamait le départ de la Monusco dans la région, se dit déçu par cette prolongation du mandat de la mission onusienne.
"Renouveler le mandat de la Monusco dans sa forme actuelle c'est se moquer du peuple congolais qui s'est mobilisé pour le départ de cette mission de la paix qui, depuis 22 ans, n'arrive pas à ramener la paix, n'arrive pas à protéger les civils, n'arrive pas même à soutenir les forces armées pour vaincre les groupes armés... Non c'est incroyable, c'est scandaleux", déplore-t-il.
Les nouvelles priorités pour Monusco
Avec ce nouveau mandat d'une année, le Conseil de sécurité confère trois missions prioritaires à la Monusco: la protection des civils, le soutien au programme de désarmement et démobilisation des groupes armés et la réforme du secteur de sécurité. La Monusco pourra, par ailleurs, fournir un appui pour les élections générales prévues en décembre 2023.