Afrique de l'Ouest: Relations Burkina-Ghana - Opération de déminage à Ouaga

C'est une véritable équipe de démineurs ghanéens qui a débarqué à Ouagadougou.

Conduite par le ministre de la Sécurité, Albert Kan-Dapaah, et le général Francis Adu-Amanfoh, conseiller spécial du président ghanéen, elle est arrivée hier dans la capitale burkinabè, où elle devait rencontrer les premiers responsables du Faso.

En temps normal, c'est une visite qui serait passée presque inaperçue, tant les relations entre les deux pays sont imbriquées depuis des lustres. On se rappelle encore cette période où les révolutionnaires John Jerry Rawlings et Thomas Sankara étaient au pouvoir et où l'un des slogans en vogue était : "Ghana-Burkina, same fight, same determination", autrement dit, "Ghana-Burkina, même combat, même détermination".

Hélas, depuis quelques jours, c'est un vent glacial qui souffle sur l'axe Ouaga-Accra.

Tout est parti de la déclaration de Nana Akufo Addo en marge du sommet USA-Afrique le 14 décembre dernier. La chef de l'Etat ghanéen a affirmé sans ciller que le "Burkina Faso a maintenant conclu un accord pour aller de pair avec le Mali en employant les forces Wagner là-bas ", ajoutant qu'"une mine dans le sud du Burkina leur a été attribuée en guise de paiement pour leurs services.

Fureur à Ouagadougou qui non seulement a convoqué l'ambassadeur ghanéen en poste au Burkina, mais également a rappelé son plénipotentiaire à Accra, le général Pingrenoma Zagré, pour consultation.

Sauf erreur ou omission de notre part, une telle situation ne s'était plus produite depuis que le Burkina avait rappelé en 2017 son ambassadeur en Libye pour protester contre le traitement réservé aux migrants subsahariens.

On se rappelle qu'après la déclaration de Nana Akufo Addo, le ministre porte-parole du gouvernement s'était fendu d'une réaction disant qu'elle n'engageait que son auteur. Et pas plus tard que mardi dernier, son collègue des Mines, Simon-Pierre Boussim, était monté au créneau pour dire que contrairement aux allégations d'Accra, aucune mine n'avait été concédée à Wagner.

Vrai ou faux? Difficile dans ce méli-mélo de distinguer la vraie information de l'intox.

Qu'à cela ne tienne, on ne peut que saluer l'arrivée de la délégation ghanéenne, qui va contribuer certainement à faire baisser la tension entre les deux capitales. C'est la désescalade qui s'amorce.

Il faut dire que les deux pays n'ont pas intérêt à se brouiller longtemps, précisément pour les raisons sécuritaires qu'on connaît. Certes, parmi les pays de la côte, le Ghana est celui qui est jusque-là relativement épargné par l'hydre terroriste, mais il aurait tort de se croire définitivement à l'abri. Cela d'autant plus que de plus en plus, les terroristes font des incursions dans le sud du Burkina adossé au Ghana. Or en dehors de la coopération entre Etats, notamment sur le plan du renseignement, aucune victoire n'est possible, d'où l'intérêt des deux camps à mettre rapidement balle à terre afin de mutualiser leurs forces pour faire face à l'ennemi commun. Espérons donc que cette équipe de démineurs sera parvenue tant bien que mal à désamorcer la bombe.

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