La prison à perpétuité a été requise mercredi 21 décembre 2022 à Abidjan contre quatre accusés de l'attentat jihadiste de la ville balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam, qui avait fait 19 morts en mars 2016. L'attentat avait été revendiqué par Aqmi.
Lors du 7e jour d'audience du procès des auteurs présumés de l'attentat de Grand-Bassam, survenu le 13 mars 2016, le procureur Richard Adou a d'abord eu un mot pour les 22 victimes de l'attentat. Richard Adou a cité les noms de toutes les victimes, rappelant le rôle joué par certaines, pour sauver des personnes au milieu de l'attaque.
Puis le Procureur s'est lancé dans un historique détaillé des faits, retraçant le trajet de chaque accusé : de la conception de l'attentat, en passant par la préparation logistique, jusqu'au jour de l'attaque.
Dans son long réquisitoire, il a ensuite requis la prison à vie contre les cerveaux présumés de l'attentat et contre quatre accusés qui ont assisté au procès, pour les faits d'assassinat. Le procureur a requis une " peine exemplaire et dissuasive ", parce qu'il faut, dit-il, " décourager quiconque de se prêter à ce genre d'acte, de tuer des innocents ".
Le Procureur estime que les quatre accusés présents étaient " au courant du projet d'attentat "
Sur les 18 accusés Richard Adou en vise ainsi 10. D'abord les six personnes présentées comme étant les cerveaux de l'attaque. Puis, les quatre personnes présentes physiquement au procès, soit le chauffeur, l'hébergeur et deux personnes accusées d'avoir convoyé les armes et fait du repérage.
Malgré leurs dénégations, le Procureur estime qu'ils étaient tous les quatre " au courant du projet d'attentat " fomenté par Kounta Dallah, présenté comme le " chef d'orchestre " de l'attaque de Bassam.
Quant aux huit autres accusés, le Procureur s'en remet à l'appréciation du tribunal.
Un peu plus tôt, le tribunal avait entendu un dernier témoin. Ce haut gradé de la gendarmerie, le général Ali Badara a raconté comment son unité a riposté contre les terroristes le 13 mars 2016. Son équipe était intervenue en renfort des forces spéciales et avait abattu l'un des assaillants sur la plage.
Même état d'esprit pour Me Amadou Camara, l'avocat de 9 personnes qui se sont portées partie civile, et qui a demandé au tribunal d'appliquer " la sévérité de la loi, pour donner l'exemple ".
Des débats autour du rôle des unités de sécurité
Les débats ont surtout porté sur le degré de préparation des forces de sécurité. " Nous étions en alerte ", assure ce responsable. " Nous étions bien préparés " à un éventuel attentat, souligne-t-il.
Les avocats de la défense ont multiplié les questions sur le rôle de chaque unité intervenue ce jour-là : " Quelle unité était la plus proche? Pourquoi l'unité de gendarmerie de Grand Bassam n'est-elle pas intervenue? Quel était l'état des renseignements en 2016? " Pédagogue, le témoin répond à chaque interrogation. " Ce n'est pas le procès des forces de l'ordre, mais des terroristes ", finit par rappeler le président du tribunal.
En tout, 18personnes sont notamment poursuivies pour " assassinat, tentative d'assassinat et actes de terrorisme ". Depuis le début du procès, seules quatre personnes, Hantao Ag Mohamed Cissé, Sidi Mohamed Kounta, Mohamed Cissé et Hassan Barry, sont physiquement présentes. Ils sont particulièrement soupçonnés d'avoir été des complices de cette attaque, en aidant les cerveaux de l'opération dans le repérage notamment, ce qu'ils nient.
Lors de cet attentat, 19 civils et 3 militaires avaient perdu la vie.