En RDC, le ministre congolais de Communication se félicite sur RFI de la levée des restrictions sur l'importation d'armes par les autorités : le régime de notification auquel était soumis le pays depuis 2008. La résolution, adoptée ce mardi 20 décembre 2022, retire la mention qui exigeait que les pays exportateurs informent le Conseil de sécurité de toute vente d'armes ou aide militaire à la RDC.
" C'est plutôt symbolique ", estime le chercheur Pierre Boisselet, spécialiste de région. Parce que depuis 2008 et la fin de l'embargo, la RDC pouvait librement acheter des armes. Elle n'avait aucune démarche particulière à faire. Ce sont les vendeurs qui étaient soumis à une notification et qui devaient faire une déclaration aux Nations unies avant la livraison.
Alors sur un marché, celui de l'armement, qui n'est pas connu pour sa transparence, forcément, ces contraintes administratives pouvaient refroidir certains fournisseurs. En réalité, et plusieurs sources nous le confirment, cette notification, elle n'a pas toujours été faite par les vendeurs sans pour autant que cela déclenche des sanctions.
" Un argument politique "
Cette levée du régime de notification est le résultat de plusieurs mois d'offensive diplomatique de la RDC. Le gouvernement, soutenu par certains membres du Conseil de sécurité dont la Russie et la Chine, plaidait pour la fin de ce régime. En juin, ils ont failli avoir gain de cause, mais finalement le régime n'a été réduit à cinq types d'armes légères. Celles le plus à risque de se retrouver dans les mains des groupes armées.
Une décision qui a suscité l'incompréhension de Kinshasa qui a eu alors des propos assez forts. Le ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a parlé d'un " embargo qui ne dit pas son nom ". Ce régime de notification, il a ensuite cristallisé une défiance vis-à-vis des Occidentaux qui, selon un spécialiste, ont fini par se rendre compte qu'il était devenu " inefficace " et surtout " un argument politique " qui s'est retourné contre l'ONU et la Monusco, la force de maintien de la paix.
En réalité, ce mardi, aux Nations unies, il y a eu un bras de fer : le vote du renouvellement du mandat de cette Monusco contre la fin du régime de notification pour la RDC.
Je pense que c'est une victoire symbolique pour le gouvernement congolais, mais je ne pense pas que ca puisse changer le rapport de force militaire sur le terrain.
Pierre Boisselet, responsable des recherches sur la violence pour Ebuteli, institut basé en RDC