Sénégal: 21 ans après sa disparition - Le Parti socialiste se souvient de Senghor

Léopold Sédar Senghor poète président
21 Décembre 2022

Comme chaque année, depuis 21 ans, les familles biologique, politique, socialiste, administrative et étatique de feu Léopold Sédar Senghor sont venues, le 20 décembre, selon une tradition bien établie, honorer, au cimetière de Bel Air, la mémoire de l'ancien Président-poète du Sénégal. Elles portent ainsi " fièrement son héritage et sa pensée multidimensionnelle ".

En présence du Ministre d'État, Augustin Tine, de Joseph Ndiaye de la Fondation Léopold Sédar Senghor, d'Aimé Sène, président de l'Amicale des cadres catholiques du Sénégal, de Me Daniel Senghor, Léna Senghor (fils de Me Lat Senghor) et Georges Senghor (fils de Catherine Senghor), de son homonyme Léopold Sène, les socialistes se sont recueillis, hier, mardi 20 décembre, au cimetière de Bel Air, sur la tombe de Léopold Sédar Senghor, disparu il y a 21 ans.

La délégation du Parti socialiste (Ps) était composée par l'ancien chef de cabinet du Président Senghor et organisateur de la cérémonie, Mar Diouf, Aïda Sow Diawara, vice-présidente de l'Assemblée nationale, Nguirane Ndoye et Moustapha Diaw, membres du Conseil des sages du parti, Makhoudia Ndour, Niadiar Sène, Kadjaly Gassama, cheikh Seye, Secrétaire Permanent, le maire de Grand-Dakar et neveu par alliance du Président-poète Jean Baptiste Diouf, des membres du Bureau politique (Bp) et du Secrétariat exécutif national (Sen) parmi lesquels les anciens députés Oulèye Diaw et Juliette Zingan, et Karim Mbengue, Secrétaire national aux Tic.

Après le dépôt de trois gerbes de fleurs, au nom de l'État, de la famille Senghor et du Ps, l'abbé Alain Attaba de la cathédrale Notre-Dame-des-Victoires et du souvenir-africain a officié la cérémonie religieuse.

%

Au nom de la famille, Me Daniel Senghor a rappelé le " Senghor enfant de Djilor et de Joal, le parcours d'enseignant du professeur Senghor en France, son passage comme prisonnier de guerre lors de son engagement militaire durant la seconde guerre mondiale, ses relations internationales avec les grands hommes de ce monde ".

Au nom de l'État du Sénégal, Augustin Tine a rendu un " hommage appuyé aux qualités d'homme d'État et de bâtisseur de la Nation " de Léopold Sédar Senghor, et a rappelé aux socialistes que " le Président Senghor n'appartient pas qu'au Ps seulement ".

Mar Diouf a parcouru, pour l'assistance, le Senghor de derrière les dorures de la fonction, que seuls, les membres proches de son cabinet avaient bien connu. La journée de souvenir s'est achevée par une Messe d'anniversaire à la Cathédrale à laquelle a également pris part le Ps. Repose en paix, Sédar !

Joal-Fadiouth appelle à s'inspirer des enseignements de son fils

À Joal-Fadiouth, le souvenir du fils du terroir Léopold Sédar Senghor reste vivace. Pour les actions entreprises par l'ancien Président du Sénégal, dans la localité, mais aussi le rayonnement qu'il lui a assuré. C'est dans ce sens que ces contemporains du Cercle culturel Léopold Sédar Senghor appellent à s'inspirer de ses enseignements.

MBOUR - Samedi dernier, ils étaient nombreux les concitoyens et contemporains du Président-poète à se retrouver sous la houlette du Cercle culturel Léopold Sédar Senghor, à Fadiouth pour célébrer une messe de requiem. Une activité qu'ils organisent depuis 2006 dans diverses localités de son Royaume d'enfance, a rappelé Michel Diouf, président de la structure. Le thème de l'activité de cette année est " Enracinés dans nos valeurs de foi et socioculturelles pour un avenir porteur de vie et d'espoir ".

" Un thème qui correspond à Senghor parce que pratiquement, sa vie s'orientait autour de trois directions : sa foi aux valeurs traditionnelles de son terroir, sa foi en sa religion chrétienne et sa foi en l'homme. Ce qui l'a amené à théoriser le métissage et l'ouverture ", a dit Michel Diouf.

M. Diouf a fait noter que face à la crise des valeurs notée dans le pays, l'héritage de Senghor devrait servir de boussole. " Le message, c'est que nous revenions à Senghor et aux valeurs d'honneur qu'il incarnait. Parce que, quand une personne en est pourvue, elle est incapable de détourner les deniers publics. Il faut donc que nous revenions aux valeurs que nous enseignait Senghor ", a-t-il exhorté. Le président du Cercle culturel ajoute que si les citoyens perdent ces valeurs, l'avenir du pays sera compromis " parce qu'on n'aura rien appris aux jeunes, à nos enfants. Les valeurs, c'est s'enraciner, croire en ce qu'on est, à ce qu'on nous a appris et maintenant, s'ouvrir à l'autre. C'est ce qui est bon alors que les jeunes disent souvent vivre au jour le jour ".

Il a ainsi fait noter que sa structure organise, chaque année, ce rendez-vous pour lutter contre l'oubli, que le souvenir et les enseignements de Senghor accompagnent nos actions. " C'est depuis 2006 que nous avons commencé à célébrer une messe de requiem dans les villages alors qu'on le faisait seulement à la Cathédrale ", a rappelé M. Diouf. Ainsi après la mise en place du Cercle culturel Léopold Sédar Senghor, ils se rendent tour à tour dans les différents villages qui constituent le royaume d'enfance du président-poète : Mbissel, Fadial, Faoye, Djilass, ou encore, Diakhao et Palmarain. Et prochainement, à Simal, a promis Michel Diouf.

Retour sur le parcours du premier Président de la République

Premier Président de la République du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor, né le 9 octobre 1906, à Joal, nous a quittés le 20 décembre 2001, à Verson, en France, où il vivait avec son épouse Colette.

Léopold Sédar Senghor, le premier à diriger le Sénégal postindépendances, fut un homme d'État français, puis sénégalais. Poète-écrivain, il dirigea le Sénégal de 1960 au 31 décembre-1980. On retiendra aussi de lui qu'il fut Ministre en France et le Premier africain à siéger à l'Académie française avant de céder la place à Valérie Giscard d'Estaing. Si pour ces partisans, il est " le symbole de la coopération entre la France et ses anciennes colonies ", pour d'autres " il est du néocolonialisme français en Afrique ". Celui qui voulait s'appeler poète-président a approfondi le concept de Négritude, notion introduite par son condisciple Aimé Césaire. " La négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ", indiquait Senghor.

Après l'école primaire à Joal, il poursuit ses études chez les Pères spiritains, à Ngazobil, pendant six ans, puis à Dakar, au collège-séminaire François Libermann et au cours secondaire de la rue Vincens, devenu lycée Van-Vollenhoven, aujourd'hui lycée Lamine-Guèye.

Après le baccalauréat, il obtint une demi-bourse de l'administration coloniale et quitta pour la première fois le Sénégal à l'âge de 22 ans. Il appartenait ainsi à la petite minorité d'élèves destinée à constituer l'élite noire de la colonie.

Arrivé à Paris, en 1928, il étudia en classes préparatoires littéraires au lycée Louis-le-Grand grâce à l'aide du député du Sénégal Blaise Diagne et à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris. C'est à Louis-le-Grand qu'il côtoya Paul Guth, Henri Queffelec, Robert Verdier et Georges Pompidou, avec qui il se liait d'amitié. Il y rencontra Aimé Césaire pour la toute première fois. En 1935, il réussit au concours d'agrégation de grammaire, après une première tentative sans succès. D'ailleurs, c'est le premier africain lauréat de ce concours. Il commença sa carrière de professeur de Lettres classiques au lycée Descartes, à Tours, puis est muté au lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés, dans la région parisienne d'ailleurs une stèle y commémore son passage.

Réélu député en 1951 comme indépendant d'Outre-mer, il est Secrétaire d'État à la présidence du Conseil dans le Gouvernement Edgar Faure du 1er mars 1955 au 1er février 1956. Retour au pays, il fut élu maire de Thiès en novembre 1956, puis ministre conseiller du Gouvernement Michel Debré, du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961. Il fut aussi membre de la Commission chargée d'élaborer la Constitution de la cinquième République, conseiller général du Sénégal, membre du Grand Conseil de l'Afrique occidentale française et de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Fondateur du Bloc démocratique sénégalais (Bds), il conduit l'Union progressiste socialiste (Ups) devenue Parti socialiste (Ps) et fut vice-président de l'Internationale socialiste aux côtés de Willy Brandt, son ami de toujours.

L'auteur de l'hymne national du Sénégal

Élu le 5 septembre 1960 à l'unanimité de l'Assemblée fédérale, Senghor présida la toute nouvelle République du Sénégal et sera l'auteur de l'hymne national. Au sommet de cette jeune République parlementaire bicéphale (de type quatrième République), le Président du Conseil, Mamadou Dia, était chargé de la mise en place du plan de développement à long terme du Sénégal tandis que le Président de la République, Senghor, chargé des relations internationales. Mais, les deux hommes entrèrent rapidement en conflit avec la crise politique et institutionnelle du 17 décembre 1962.

Après les évènements malheureux marqués par l'emprisonnement de Dia et quelques ministres, le 27 mars 1974, l'ancien Chef du Gouvernement et ses coaccusés, après onze années de détention, furent graciés. Senghor misa sur l'éducation et la formation pour des ressources humaines de qualité. Il créa l'École normale supérieure (Ens) qui forma les professeurs chargés de la relève de l'assistance technique française et renforça l'École nationale d'administration et de magistrature (Enam). Deux instituts qui dotèrent le pays de nombreux cadres Made in Sénégal qui furent au sommet de la haute administration. Il tenait à présider les cérémonies de remise de diplômes aux sortants de ces deux écoles.

Membre fondateur de la Francophonie

Le Président Senghor réinstaura le multipartisme en mai 1976 avec la limitation à trois courants (socialiste, communiste et libéral), puis quatre, les trois précédents rejoints par le courant conservateur. Il démissionna de la présidence, avant le terme de son 5e mandat, en décembre 1980. Abdou Diouf, Premier ministre, le remplaça à la tête du pouvoir, en vertu de l'article 35 de la Constitution. Au plan international, Senghor eut de nombreux titres de docteur honoris causa à travers le monde après des visites mémorables.

Léopold Sédar Senghor est considéré, avec Habib Bourguiba de la Tunisie, Hamani Diori du Niger, Norodom Sihanouk du Cambodge et Jean-Marc Léger du Québec, comme l'un des pères fondateurs de la Francophonie. Pour l'immortaliser, l'université d'Alexandrie en Égypte porte son nom. Comme d'autres édifices au Sénégal, en France et dans le monde.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.