Une bonne poignée d'élèves, issus de quelques établissements scolaires de la commune de Sédhiou, ont marché très pacifiquement hier, mercredi 21 décembre, pour dire non à toutes formes de violence basée sur le genre (VBG) et les mutilations génitales féminines (MGF). Dans le mémorandum remis à l'Inspecteur d'académie de Sédhiou, ces élèves sollicitent des autorités un accompagnement de proximité pour proscrire ces pratiques jusque-là endémiques dans la région.
Cette marche pacifique de sensibilisation s'inscrit dans un plan d'actions national de promotion de la santé de la reproduction des jeunes et des adolescents et de lutte contre les violences basées sur le genre. Cette marche, qui a regroupé les élèves de quelques établissements de la commune de Sédhiou, a pris départ au rond-point Réveil, pour s'estomper à l'Inspection d'académie (IA). Et c'est la demoiselle Fatou Kiné Diané, du lycée Balla Moussa Daffé, qui a lu le mémorandum.
"L'objectif de cette mobilisation est de porter un plaidoyer fort afin de lutter et de prévenir toutes les forces de violence basées sur le genre (VBG) en milieu scolaire et communautaire ainsi que les mutilations génitales féminines (MGF)", fait-elle savoir sous les ovations de ses pairs et professeurs encadreurs.
Elle relève que la pratique reste endémique dans la région de Sédhiou. "L'Etat du Sénégal a ratifié la Convention internationale sur les droits de l'enfant, s'est donc engagé à prévenir et à y répondre. Mais, force est de constater que dans notre région, les violences basées sur le genre en milieux scolaire et communautaire ainsi que les mutilations génitales féminines sont toujours récurrentes".
Et de poursuivre sur les causes diverses et multiformes. Selon elle, "les causes de ces abus sont multiples et diverses et sont liées à l'élève et à la société et dépendent de plusieurs facteurs : abus d'autorité ou de pouvoir de l'auteur, usage du pouvoir économique, pour l'achat de la nourriture, les conditions économiques défavorables, chantages par les notes à l'école entre autres", a souligné la demoiselle Fatou Kiné Diané et porte-parole du jour.
DES CONSEQUENCES AVILISSANTES QUI INQUIETENT !
Aussi, les conséquences ne sont-elles pas à l'origine des affres que vivent certaines femmes et filles et souvent dans le plus grand silence. "Elles sont d'abord scolaires à savoir déscolarisation, redoublement, déviance, prostitution ; ensuite d'ordre social c'est-à-dire la banalisation de la violence, grossesses non désirées, infanticides".
Lisant toujours le mémorandum, Fatou Kiné Diané, du lycée Balla Moussa Daffé, sollicite la prise en charge de leurs préoccupations. "Monsieur l'Inspecteur d'académie de Sédhiou, en ce moment solennel, nous vous prions de prendre en charge nos modestes revendications, pour une école de qualité et donc une école de non-violence. Vive l'éducation nationale ! Vive l'académie de Sédhiou !" a-t-elle conclu.
Message bien perçu par le maître des lieux. "Le premier moment pour engager la lutte, c'est d'en comprendre la portée, c'est de le faire percevoir. Et c'est ce que vous venez de faire. Cela signifie que vous l'avez bien compris. Le combat de l'institution et de tous les acteurs de l'éducation, c'est d'assurer l'environnement d'un enseignement/apprentissage sûr, c'est d'assurer une école sans violence, une école attrayante où filles et garçons seront à l'aise pour mieux performer", a déclaré Papa Gorgui Ndiaye, l'Inspecteur d'académie de Sédhiou.
Enfin, Bourama Mangal, le professeur encadreur du Groupe pour l'étude et l'enseignement de la population (GEEP), initiateur de la manifestation, exhorte toutes les communautés de la région de Sédhiou à adhérer à la cause, pour faire de l'école un milieu de performance et d'excellence.