Tunisie: L'entreprise autrement | Nettement plus flou (II)

21 Décembre 2022

A cause de l'impasse politique dans laquelle se trouve notre pays, la situation économique et sociale est devenue encore plus dramatique et le rapport de Moody's publié lundi est plus qu'un signal d'alarme, un constat supplémentaire, du grave danger qui guette notre pays.

Se basant sur la position du FMI, l'agence de notation a en effet déclaré que le report de l'examen par l'instance monétaire internationale de l'examen du dossier de la Tunisie va rendre l'accès de la Tunisie à l'investissement extérieur encore plus difficile et que ses réserves en devises vont encore se réduire. Ce qui aura pour entre autres conséquences directes, le manque de liquidités et la régression de la note souveraine de la Tunisie.

La situation est donc nettement plus floue même après les " législatives anticipées ", qui pour certains étaient la panacée et cela n'augure rien de bon. Avec un taux d'abstention de plus de 88%, le scrutin du 17 décembre 2022 suscite mille et une questions et traduit sans équivoque un malaise général et généralisé et atteste que la situation de notre pays est très préoccupante.

A en croire l'ex-bâtonnier, les seuls patriotes sont ceux qui ont voté. Pour d'autres c'est le gouvernement Bouden qui est responsable de l'échec des élections alors que tout le monde sait que ledit gouvernement n'est qu'une simple administration dirigée par Saïed. L'échec doit, de ce fait donner lieu à une réflexion nationale, elle seule capable de formuler une conclusion objective.

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D'après le très sérieux discours officiel, nous devons encore attendre la seconde mi-temps pour en avoir le cœur net. Et il nous faudrait attendre aussi comment cette assemblée va s'organiser et comment elle va travailler, surtout que ses membres ont, pour la plupart d'entre eux voie proposé des programmes à caractère nettement local, comme s'ils se présentaient pour des municipales et formulé des promesses de réalisations comme s'ils allaient représenter le pouvoir exécutif.

Et l'on doit attendre aussi que l'autre chambre créée par la " constitution de 2022 " voie le jour. Perte de temps et d'argent, cela sans oublier un très lourd manque à gagner. Entretemps, les problèmes sont en train de s'accumuler et les conflits politiques de devenir plus graves.

Les citoyens du 17 décembre 2010 et jours suivants qui représentent la majorité écrasante des jeunes de l'époque ainsi que leurs semblables du 25 juillet 2021, nettement moins nombreux et moins entreprenants, n'ont rien gagné. Le pays se noie dans les conflits politiques, la violence, la pauvreté, la défaillance des services sociaux, les pénuries à répétion et la corruption.

Qu'a fait le locataire de Carthage pour les premiers ? Absolument rien. Il aurait pu, dès son accession à la magistrature suprême, fin 2019, mettre à profit l'immense pouvoir que la Constitution de 2014 lui conférait en tant que chef du Conseil de sécurité nationale ou comme président de droit de tout conseil des ministres auquel il décide d'assister.

Il aurait pu non seulement procéder à l'amendement de ladite constitution mais aussi à la réforme du code électoral, et faire en sorte que les responsables soupçonnés de corruption, ou autres délits ou crimes, soient traduits en justice.

Il aurait pu utiliser convenablement le fameux article 80, rassembler toutes les forces vives du pays, bien communiquer avec le peuple et résoudre ainsi bon nombre de problèmes, au lieu de vouloir tout changer. Il a hélas choisi d'agir seul et d'endosser l'entière responsabilité de tous ce que le pays est en train de subir.

Résultat, une crise politique, économique et sociale sans précédent. A cause d'un manque flagrant de ressources, l'Etat se retrouve aujourd'hui incapable d'assurer le ravitaillement du marché local en produits de première nécessité et même pour des centaines de produits pharmaceutiques et de médicaments indispensables.

La faillite de la classe politique dûment constatée, nous risquons d'aller tout droit vers l'implosion de l'Etat, l'effondrement de l'économie, la déliquescence de la société et, chose très grave, la faillite de la famille. Le moral est à zéro et le pays risque ainsi de devenir sans peuple, au vrai sens du mot.

Une triste réalité que l'on pourrait prédire en constatant d'inquiétants phénomènes tels que la grave hémorragie des ressources humaines (émigrations et pertes de vie précoces), le vieillissement de la population qui s'accélère à vue d'œil, la pauvreté qui avance à pas de géant, la violence sociale qui s'amplifie de jour en jour, la perte de notre identité et bien d'autres fléaux.

Impossible donc de continuer dans cette voie sans issue. La solution? Celle que nous avons humblement proposée à plusieurs reprises (Voir les détails dans nos précédentes chroniques). Elle consiste à instaurer un congrès national qui sera chargé de tracer une feuille de route pour sauver le pays et organiser les élections, y compris la présidentielle.

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