Afrique de l'Ouest: Mali-Côte d'Ivoire - Goïta, le Père Noël des "46 mercenaires" ?

Assimi Goita , president de la transition malienne .
analyse

Serait-ce bientôt le bout du tunnel pour les 46 soldats ivoiriens encore détenus à Bamako ? On croise les doigts pour, tant il est vrai que pendant plus de 6 mois cette affaire a fait couler beaucoup d'encre et de salive, courir le médiateur, le président togolais et son ministre des Affaires étrangères, fait enrager à Abidjan et plus qu'agacé la CEDEAO. Ainsi, à la dernière réunion de l'organisation régionale tenue le 4 décembre dernier à Abuja, les chefs d'Etat présents avaient annoncé de nouvelles sanctions contre le Mali si les 46 détenus n'étaient pas libérés avant le 1er janvier 2023.

Est-ce cette dernière menace ou les bons offices du Togo qui ont fini par convaincre Assimi Goïta à lâcher du lest dans ce dossier ? Peut-être les 2 choses à la fois, mais davantage la carotte diplomatique que le bâton des sanctions tant il est vrai que depuis le début de cette affaire, quand pleuvaient invectives de la CEDEAO et menaces ivoiriennes, les autorités de Bamako se sont montrées inflexibles.

Plus que l'inflexibilité, il y a même eu de l'outrecuidance de la part du colonel Assimi Goïta qui a exigé entretemps qu'Abidjan extrade vers Bamako 3 réfugiés politiques maliens qui résident en Eburnie depuis la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta. Dès lors, tout le monde avait compris que les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet et accusés d'être des mercenaires par les autorités maliennes étaient devenus une monnaie de vulgaire chantage politico-diplomatique. La prétendue procédure judiciaire dans laquelle l'Exécutif malien prétendait ne pas vouloir interférer pour leur libération était un épouvantail de grimaces belliqueuses.

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Les autorités ivoiriennes, malgré une grande colère mal contenue, furent sages de privilégier le règlement diplomatique de cette affaire, car cela aurait fait beaucoup désordre au sein de la CEDEAO avec très peu de chances de succès que de vouloir employer la force. La diplomatie n'est donc pas loin de triompher dans ce dossier avec l'arrivée d'une forte délégation ivoirienne à Bamako hier jeudi. Conduite par le tout puissant ministre d'Etat, ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, elle devrait avoir un entretien avec une délégation du gouvernement malien et surtout rendre visite aux 46 prisonniers. Quand on sait que le ministre des Affaires étrangères du Togo est également attendu à Bamako, une telle convergence de personnalités dans la capitale malienne est de bon augure.

Les pourparlers directs entre autorités maliennes et ivoiriennes sous la modération du médiateur togolais ce 22 décembre pourraient bien être le dernier round de négociations qui verrait Bamako annoncer la libération des 46 soldats ivoiriens. En tout cas à Abidjan, l'optimisme était de mise avant même le départ de la délégation de haut niveau pour Bamako. Ainsi, pas moins que le Premier ministre Patrick Achi en personne a déclaré à des journalistes que les prisonniers emblématiques fêteraient la Noël en Côte d'Ivoire, dans leurs familles.

Si ces bonnes nouvelles étaient confirmées, Téné Birahima Ouattara dit Photocopie, n'aura pas fait le déplacement de Bamako pour rien et surtout, en l'espace d'une libération de prisonniers, le colonel fouettard d'Assimi Goïta va muer en Père Noël des 46 soldats ivoiriens et de leurs familles. On attend de voir !

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