Comme suite à la tenue de son Assemblée générale qui se voulait un " huis clos ", l'Unité d'action syndicale (UAS) était, hier 22 décembre 2022 à Ouagadougou, face à la presse pour opiner sur la proposition du gouvernement de prélever 1% des salaires nets des travailleurs du public et du privé en guise de soutien à l'effort de guerre. Par la voix du président du mois des centrales syndicales, El hadj Inoussa Nana, la structure n'est pas prête à donner son quitus pour la collecte de fonds et renvoie l'Exécutif à se tourner vers d'autres niches.
Pour un éventuel financement à l'effort de guerre, l'Unité d'action syndicale a proposé au gouvernement de se retourner plutôt vers les restes à recouvrer qui s'élèvent à plus de 870 milliards de francs CFA au 30 juin 2022. Cela représente concrètement les créances dues par des entreprises à l'Etat mais aussi celles dues par certaines personnalités publiques (anciens députés, anciens ministres, anciens présidents d'institutions) et les chèques impayés. De l'argent peut aussi être récolté en s'attaquant aux dossiers de mauvaise gestion (détournements, malversations, corruption) mis en exergue par l'ASCE-LC, le REN-LAC et la presse. L'UAS en veut pour preuve les résultats des enquêtes parlementaires sur les mines et le foncier qui ont relevé des pertes de ressources pour le foncier estimées à plus de 600 milliards et pour les mines, à environ 551 milliards de nos francs entre 2005 et 2015. Mais pas que. Elle pointe en effet du doigt les " nombreux dossiers de crimes économiques qui dorment dans les tiroirs des structures de lutte contre la corruption et de la justice ".
Pour ce faire, elle suggère une concertation avec les acteurs de la justice pour permettre de juger ces dossiers et de procurer aux caisses de l'Etat des dizaines, voire des centaines de milliards de francs CFA. Telles sont, entre autres, les propositions issues de l'Assemblée générale des délégués syndicaux et des délégués du personnel du 20 décembre 2022.
Relativement à la proposition de prélever 1% des salaires nets des agents du public et du privé, l'UAS croit qu'une bonne gestion des ressources mises à la disposition des ministères de la Défense, de la Sécurité, de l'Agence nationale de renseignement (ANR) ainsi qu'une lutte contre la corruption, l'impunité des crimes économiques, pour ne citer que ces aspects, dispenseraient le gouvernement de solliciter des sacrifices supplémentaires aux populations. Populations qui, de son avis, subissent déjà les affres de la vie chère. En sus, les travailleurs, à écouter El hadj Nana, contribuent déjà à l'effort de guerre à travers l'IUTS (Impôt unique sur les traitements et salaires) sur les primes et indemnités et soutiennent des parents ou amis victimes des attaques terroristes. " L'UAS a indiqué qu'en tout état de cause, elle ne peut donner son aval pour la collecte de fonds à mettre à la disposition d'une armée dont la gestion opaque des ressources est quotidiennement décriée par la troupe, des journalistes d'investigation et qui refuse catégoriquement l'audit de sa gestion financière ", a déclaré le président du mois des centrales syndicales.