Afrique: Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale - " Malgré sa résilience, l'économie sénégalaise reste fragile "

22 Décembre 2022

Un groupe d'économistes, dont le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Ousmane Diagana (ancien étudiant de l'université de Dakar), ont animé, hier, après-midi, une discussion sur la situation de l'économie sénégalaise.

À l'amphithéâtre Khaly Amar Fall de l'Ucad, sous les auspices du Recteur, le Pr Ahmadou Aly Mbaye, entouré pour la circonstance par les responsables de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg), des économistes ont présenté, hier, les grands traits d'une économie sénégalaise sortie de la crise liée à divers chocs internes et externes, mais engagée dans une relance qui montre ses fruits. Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, a d'emblée souligné que toutes les observations se font actuellement dans le cadre de ce qu'il a nommé les 3C, à savoir la Covid-19, les Conflits et le Climat. En effet, les pays expérimentent avec des fortunes diverses des plans de relance post-pandémie, alors que le conflit en Ukraine a perturbé les chaînes d'approvisionnement de produits stratégiques et mis sous tension plusieurs marchés, au moment où le changement climatique ouvre une ère d'incertitudes, les économies étant désormais soumises plus qu'autrefois aux aléas climatiques. Le responsable de la Banque mondiale note que ces chocs exogènes ont eu pour conséquences " la contraction des capitaux dirigés vers la région (Afrique - Ndlr) avec des plans de relance exerçant de fortes pressions budgétaires ". S'il s'est félicité de sa résilience, il a admis que " l'économie sénégalaise reste fragile ".

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Ousmane Diagana a salué " la politique volontariste " menée par le Sénégal, en suggérant que cette dernière soit soutenue " par des réformes et par l'investissement ". À ses yeux, la réussite du Plan Sénégal émergent (Pse) à l'horizon 2035 nécessite trois prérequis : " la levée des barrières concurrentielles, la stimulation de l'accumulation du capital humain (formation) et la flexibilité du marché du travail ".

Il a, par la suite, évoqué " le défi démographique ". D'ici à 2050, a-t-il rappelé, avec le nombre de jeunes sur le marché de l'emploi, les données seront différentes. " Il y aura beaucoup de demandes à satisfaire, mais aussi dans l'autre sens, avec une nécessité d'importantes compétences dans le numérique ; dès lors, il s'agit de transformer ces défis en dividendes ", a ajouté M. Diagana, qui a insisté pour expliquer à son auditoire que la vision de la Banque mondiale se fixe aussi sur la santé et sur l'éducation. Il a cité, pour saluer leur pertinence, les Isep (Instituts supérieurs d'enseignement professionnel). Il a souligné par ailleurs que sur les 21 projets suivis au Sénégal par la Banque mondiale, une place importante est accordée au développement du capital humain, à l'Agenda du développement durable (environnement, accès à l'eau), aux infrastructures et à " l'importance des questions liées à la gouvernance ".

L'ancien Ministre du Budget, Ibrahima Sarr, actuellement vice-Pca de l'Ucad et dirigeant d'une entreprise de l'industrie minière, a pris part à la conférence.

Le cadre macro-économique du Sénégal a été présenté en début de séance par Mme Haminatou Hélène Bâ, économiste-pays au bureau de la Banque mondiale à Dakar. Il s'agit de constantes déroulées depuis un an maintenant et contenues dans le rapport de la Banque mondiale sur le Sénégal publié en septembre dernier.

Pour sa part, Mme Fatou Diop Sall, Professeure à l'Esp (Ecole supérieure polytechnique) de Dakar a fait un speech sur " l'histoire de la culture entrepreneuriale et les pistes de solutions ". Pour elle, il nous faut " repenser le modèle industriel et développer des clusters d'entreprises ". Elle a surtout mis l'accent sur le modèle du commerce, qui devrait être repensé à l'aune des adaptations constatées lors de la pandémie, en lien avec les apports du numérique et de l'externalisation de certaines fonctions de l'entreprise.

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