C'est un constat. Le jeu politique en Côte d'Ivoire rappelle indéniablement l'une des trois célèbres fables de Jean de La Fontaine: la Cigale et la Fourmi. Avec d'un côté, l'opposition dans le rôle de la cigale. Elle qui " au temps chaud ", chantait au lieu de préparer la bise. Et qui crie famine parce qu'elle n'a pas " un seul petit morceau pour subsister jusqu'à la saison nouvelle ".
Et de l'autre côté, il y a le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) qui, à l'image de la fourmi, s'organise, planifie avec rigueur et méthode, ses actions, scrute ses objectifs et se donne les moyens de les atteindre. Le parti au pouvoir en a fait l'un des piliers de son fonctionnement.
C'est justement le cas actuellement avec la restructuration en cours dont l'une des étapes importantes, après la mise en place du Directoire, du Secrétariat exécutif, est l'élection des Secrétaires départementaux le samedi 23 juillet dernier. Un scrutin qui a renforcé l'esprit démocratique au sein de cette formation politique et permis de désigner les principaux animateurs du RHDP dans les 350 départements politiques quadrillant le territoire national. Ces hommes et ces femmes seront les artisans clé du maillage du territoire, afin d'y renforcer les bases du parti et, de façon générale, l'implantation du parti dans tout le pays. Avec en ligne de mire, les municipales et régionales de 2023 et, bien entendu, la présidentielle de 2025. Pour un parti politique qui sait ce qu'il veut et où il va, ces deux échéances électorales se préparent dès maintenant, avec notamment la révision de la liste électorale prévue du 19 novembre au 10 décembre 2022. C'est ce que fait en ce moment le RHDP. Bien qu'il soit la première force politique de Côte d'Ivoire, il ne dort pas pour autant sur ses lauriers.
Après avoir engagé les cadres à sensibiliser, dans leurs localités respectives, les militants sur la nécessité de se mobiliser pour cette opération, l'establishment du parti au pouvoir réunit ce lundi ses cadres et responsables des différentes structures pour plancher concrètement sur la révision de la liste électorale. Il s'agit d'affiner la stratégie globale pour permettre d'abord une forte adhésion des militants du RHDP, qui ne sont pas encore inscrits sur la liste électorale à cette opération. Et ensuite, faire enrôler le maximum de nouveaux majeurs susceptibles de voter pour ses candidats.
Pour un pays où la majorité de la population a moins de 35 ans, c'est clairement un défi majeur qu'il faut se donner les moyens de relever. Ce que le RHDP a parfaitement compris. Une démarche qui achève de convaincre que ce parti est structuré et mû par une vision précise. Une ligne de conduite qui renforce davantage son hégémonie dans le microcosme politique national et prouve que ses brillants succès électoraux depuis 2010 sont tout, sauf le fruit du hasard. Tout le contraire de ses adversaires de l'opposition en l'occurrence le PDCI et le PPA-CI qui, au lieu de préparer sérieusement la révision de la liste électorale, donnent dans le dilatoire en suscitant de fausses polémiques sur la CEI (Commission Electorale Indépendante) qu'ils accusent de tous les péchés. Sans cesse, le vieux parti et son nouvel allié ruent dans les brancards, et multiplient les diatribes contre la CEI, avec, sans doute, le secret espoir de discréditer cette structure.
A qui profite ce jeu cynique qui frise la manipulation ? Pour sûr pas au PDCI ni aux affidés de Gbagbo, car, en dépit de leurs dénégations, la CEI avance droit dans ses bottes et la liste électorale sera révisée, comme il se doit. Sans accroc ni péripéties. S'ils persistent dans cette voie, ils foncent tout droit dans le mur, et n'auront que leurs yeux pour pleurer, comme par le passé, lors des municipales de 2018, la présidentielle de 2020 et les législatives de 2021. Pourquoi l'opposition continue-t-elle ce petit jeu qui la dessert tant ? Et si ces agitations devenues monnaie courante à la veille de chaque élection étaient une manœuvre sournoise de ces opposants pour masquer leur carence et leur incapacité à conquérir un terrain qui leur échappe totalement aujourd'hui !
D'ailleurs, face à l'ogre RHDP qui écrase tout sur son passage, le PDCI, affaibli par de profondes dissensions internes, et le PPA-CI qui peine à décoller, savent qu'ils sont désormais condamnés à inaugurer les chrysanthèmes sur la scène politique. C'est peut-être la raison pour laquelle ils louvoient sans cesse, cherchant à jeter le discrédit sur le RDHP et la CEI. Un combat, du reste, perdu d'avance. S'ils passent leur temps à " chanter " au lieu de se concentrer sur la préparation du terrain, Jean de La Fontaine leur dirait, au soir des élections qu'ils perdront inéluctablement, " dansez maintenant. "