Washington, DC: Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé aujourd'hui l'achèvement des première et deuxième revues au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur du Tchad.
L'achèvement des deux revues ouvre la voie à un décaissement de 112,16 millions de DTS (environ 149,3 millions de dollars) qui porte le total des décaissements au titre de l'accord à 168,24 millions de DTS (environ 224 millions de dollars). D'une durée de trois ans, l'accord au titre de la FEC a été approuvé le 10 décembre 2021 pour un montant total de 392,56 millions de DTS (environ 570,75 millions de dollars au moment de l'approbation du programme, ou 280 % de la quote-part du Tchad) afin d'aider à répondre aux importants besoins de financement de la balance des paiements et du budget du Tchad, notamment en stimulant le soutien financier des donateurs officiels (voir communiqué de presse no 21/37 7). Compte tenu des politiques et des réformes que les autorités se sont engagées à mettre en œuvre, des mesures correctives planifiées et des assurances de politiques régionales, le conseil d'administration a aussi approuvé des dérogations pour le non-respect des critères de réalisation relatifs au solde primaire hors pétrole et au stock d'arriérés intérieurs.
À plus long terme, les politiques prévues dans le cadre du programme appuyé par la FEC contribueront à placer l'économie tchadienne sur une trajectoire équilibrée et viable vers une croissance verte et inclusive et de réduire la pauvreté. Elles contribueront aussi aux efforts régionaux visant à rétablir et à préserver la stabilité extérieure de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC).
Après s'être contractée en 2020 et en 2021, l'activité économique devrait se redresser graduellement à moyen terme. Le taux de croissance devrait ainsi augmenter à 2½ % en 2022 et à 3½ % en 2023, grâce à la relance de la production pétrolière et non pétrolière. Le taux d'inflation moyen devrait augmenter à 5,3 % en 2022 (en raison des pressions croissantes sur les prix des aliments imputables aux mauvaises récoltes de 2021, à l'impact de la guerre en Ukraine et aux récentes inondations) avant de redescendre progressivement à moyen terme. Sous l'effet de la hausse des cours pétroliers, le solde des transactions courantes devrait nettement s'améliorer en 2022, pour enregistrer un excédent de 2,8 % du PIB, avant de s'estomper à moyen terme, les cours pétroliers devant baisser progressivement. La dette publique devrait progressivement diminuer au cours des toutes prochaines années ; elle passera de 56 % du PIB à la fin de 2021 à environ 40 % du PIB en 2024.
À la suite des délibérations du conseil d'administration, M. Kenji Okamura, directeur général adjoint du FMI et président par intérim du conseil d'administration, a fait la déclaration suivante :
" Le Tchad continue de faire face à des défis considérables. L'augmentation des recettes pétrolières a amélioré la position de trésorerie du gouvernement, mais la pandémie demeure préoccupante tandis que les piètres récoltes de l'an dernier, la guerre que la Russie mène à l'Ukraine et les récentes inondations ont exacerbé l'insécurité alimentaire. La prolongation de transition politique a avivé les tensions sociales et la situation sécuritaire demeure volatile. Dû en partie de ces difficultés, les réalisations au titre du programme sont en demi-teintes d'un point de vue quantitatif, malgré une avancée certaine des réformes structurelles.
" À moyen terme, la situation devrait progressivement s'améliorer au fil de l'accélération des réformes. La croissance du PIB pétrolier comme non pétrolier devrait augmenter. Après une poussée imputable à l'augmentation des prix des denrées alimentaires en 2022, l'inflation devrait se tasser graduellement à moyen terme.
" L'accord sur le traitement de la dette conclu avec les créanciers officiels et privés au titre du Cadre Commun du G20--le premier en son genre--procure au Tchad une protection adéquate contre les risques à la baisse et ramènera le risque de surendettement à un niveau modéré d'ici la fin du programme, comme l'exige la politique du FMI en matière d'accès exceptionnel.
" Il est indispensable de poursuivre les réformes pour stimuler la croissance, lutter contre la pauvreté et accroître la résilience. Les efforts de consolidation budgétaire demeurent essentiels pour assurer la viabilité de la dette du Tchad et dégager l'espace budgétaire requis pour répondre à ses besoins considérables de dépenses d'investissement et de dépenses sociales. Les autorités continueront de mettre en œuvre des mesures visant à améliorer la mobilisation des recettes intérieures, à contenir la masse salariale et à rationaliser les dépenses non prioritaires, comme les subventions aux produits pétroliers et à l'électricité. L'augmentation des recettes pétrolières permettra de reconstituer des marges de sécurité, de rembourser les arriérés intérieurs et de réduire la dette intérieure. Les réformes structurelles viseront par ailleurs à assainir la gestion des finances publiques, à accroître la transparence budgétaire, à améliorer la gouvernance et à renforcer le secteur bancaire. Le programme du Tchad continuera d'être soutenu par les politiques et réformes mises en œuvre par les institutions régionales de la CEMAC, qui visent notamment à contribuer à une augmentation des avoirs extérieurs nets régionaux. "