Ile Maurice: Association caritative - Lumière d'Espérance éclaire l'assiette de sans-abris

24 Décembre 2022

Ce soir, c'est le dîner de Noël à l'association Lumière d'Espérance. Elle distribue 200 repas à des sans domicile fixe (SDF) et des familles en difficulté au stade Philippe Rivalland, à Beau-Bassin. Tentante cette bonne odeur de riz frit. Une équipe en t-shirt blanc vous accueille et propose un cornet de gâteaux. Moment de convivialité en ce vendredi après-midi.

17 h 30, c'est l'heure de la distribution des repas aux bénéficiaires de Lumière d'Espérance. Aujourd'hui, place au repas de Noël. Cette association distribue 200 repas le mardi et le vendredi à des SDF ainsi qu'à des familles en difficulté. Un total de 400 repas par semaine, explique Richemond Bigaignon, président de l'association. Si la plupart du temps, le repas est cuisiné sur place, dans l'ancienne cantine de l'école Philippe Rivalland, la semaine dernière, un généreux donateur a fourni des assiettes de riz frit.

"Nou pa la pou refiz personn"

"Avant le confinement, les repas étaient servis sur place", précise Jean Pascal Labonté, trésorier de l'association. Pour des questions sanitaires, c'est take away only. Ce qui a réduit la vaisselle. "Avant le Covid-19, c'était 75 à 80 assiettes à laver par service", indique Richemond Bigaignon. Effet collatéral de la pandémie : le nombre de bénéficiaires a plus que doublé, passant de 75-80 à 200. "Il y a aussi des gens qui, par peur du qu'en dira-t-on, ne viendront jamais chez nous. Nous réfléchissons à une formule de bon cadeau pour ce type de cas."

Pour repartir le bol rempli, il n'y a ni enquête, ni sélection. "Il y a eu de grands débats à ce sujet au sein de l'association. Nou pa la pou refiz personn", affirme le président. Le réseau fonctionne grâce au bouche à oreille. Ce qui n'empêche pas l'association d'avoir une base de données des bénéficiaires, "pour faire le compte des repas distribués". À chaque nouvel arrivant, la carte d'identité des adultes et l'acte de naissance des enfants sont demandés. Une manière de prévenir certains abus. "La porte est ouverte à tous les profils. Le plus souvent nous accueillons des mères célibataires", constate le président.

Comme le curé de la paroisse de Sacré Cœur, à Beau-Bassin, est l'aumônier de la prison, "quand des détenus sortent, il vont voir le prêtre qui nous les envoie". Jean Pascal Labonté se souvient de cet ex-prisonnier resté après le dîner. "Li ploré li rakont ou so lavi." Richemond Bigaignon, pragmatique, ajoute : "On fait ce qui est humainement possible." "L'accent est surtout mis sur les enfants en difficulté", ajoute-t-il. "Pendant un an, nous allons soutenir une élève qui, à la rentrée, sera au collège BPS à Beau-Bassin. La base de la réussite, c'est l'éducation."

C'est après le second confinement que la distribution des repas est passée d'une à deux fois la semaine. En 2023, l'association envisage d'augmenter à trois distributions par semaine, "si bondié béni". "L'ambition de Lumière d'Espérance est d'aider ces familles à s'en sortir. Mais, comme nous manquons de ressources pour assurer le suivi de ces personnes avec toutes leurs problématiques(alcoolisme, drogue, chômage, violence, etc.), nous ne faisons que distribuer des repas."

D'où viennent les dons?

Comment Lumière d'Espérance assure-t-elle les repas ? Richemond Bigaignon, président de l'association, reconnaît que le Covid-19 a eu un impact sur le volume de dons. Un repas par mois est offert par l'ONG Service d'accompagnement, de formation, d'insertion et de réhabilitation de l'Enfant (Safire). L'entreprise sociale Foodwise soutient aussi l'initiative, "en donnant les invendus d'une chaîne de restauration rapide qui propose du poulet frit", tout comme la société Currimjee. Tous les mois, un caddie est placé devant la porte de certains supermarchés Winners, pour une collecte de produits alimentaires. Le Lyons Club de Beau-Bassin est aussi de la partie, tout comme certains généreux anonymes. Il y a trois semaines, Lumière d'Espérance a organisé une soirée familiale au Plaza pour lever des fonds.

Jean Pascal Labonté, le bien-nommé initiateur

Il est l'initiateur de l'association Lumière d'Espérance. Flashback. En 2013, Jean Pascal Labonté, souffrant, cherche le réconfort dans la foi. "Monn tom lor enn fraz ki dir : rod rwayom bondié, to pou gagn tou." À l'époque, en empruntant la promenade Roland Armand, le long de la rue Vandermeersch, il rencontre des sans domicile fixe (SDF). "Monn kass enn poz, met enn dialog. Ils attendaient l'heure d'aller manger à l'église adventiste de Beau-Bassin." Jean Pascal Labonté leur demande comment ils font les autres jours. Réponse : "Tras, trasé". Il en parle autour de lui. C'est le déclic. Au départ, des repas sont distribués à une quinzaine de bénéficiaires. Après une visite à l'église adventiste de Beau-Bassin, "pour apprendre comment ils font", le nombre de repas passe à environ 50, "en l'espace de 15 jours".

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