"Mama Tshala Muana" est morte. Les Congolais pleurent pour la nième fois une vedette de la Rumba congolaise. Mais, Mama Tshala Muana n'est pas seulement une vedette de la Rumba.
Elle est (d'autant plus que les vedettes ne meurent pas) aussi la reine de Mutwashi, cette dance dérivée de la culture Luba performée au niveau des hanches au point de susciter certaines pensées impudiques, surtout si cette dance est performée par une femme au courage exceptionnel comme notre brillante Élisabeth Tshala Muana Muidikay.
Nous ne sommes pas là. Notre souci est de vouloir remettre la pendule à l'heure en ce qui concerne l'appellation "Mamou Nationale" collée, malgré elle, à notre chanteuse/danseuse que nous pleurons encore.
"Mamou", voyez-vous, est cette femme immortalisée par Maître Franco et l'OK. Jazz. Selon l'histoire, Mamou fut mariée à un "Buana", un riche congolais qui décida de l'envoyer à Bruxelles élever leurs enfants pour une meilleure instruction.
Sur place, Mamou fit connaissance d'une femme "Ndumba", une prostituée bien nantie. En fait, côtoyant la prostituée, Mamou se comporta, exactement comme elle, à la seule différence que, elle, Mamou, pouvait encore se réclamer être "une femme mariée" ; un atout et un statut que son amie, la prostituée ne pouvait se réclamer.
Curieusement, c'est Mamou qui ira chanter partout, tout en dénigrant son amie, au point de l'appeler "Ndumba." La réponse de celle-ci est la chicotte chantée par son amie, la prostituée, dans Mamou ; une femme mariée, avec toutes les caractéristiques d'une prostituée, elle-même.
La "Mamou" de Franco et la "Mamou Tshala Muana" sont identiques lorsque les Kinois lui collèrent cette appellation.
Tshala Muana fut connue côtoyer les grands, les puissants de la classe politique congolaise. Ses danses impudiques qu'elle performa à moitié nue, son influence et finalement ses charmes tant recherchés par les politiciens de la place (la kinoiserie affirme que Laurent- Désiré Kabila passa sur cette autoroute) lui vaut l'appellation "Mamou nationale" non pas comme on veut nous la définir maintenant qu'elle morte, mais selon la définition de Maitre Franco et l'OK Jazz. Ainsi, "Mamou Nationale" n'a jamais été un titre de noblesse... au contraire !
Cessons cette manière de rendre "saints (es) des personnes après leur mort.
Ci-dessous : " Mamou et l'Ok Jazz", chantée par la voix limpide de Madilu System (https://youtu.be/Gqvi0zdN-tM)