Cinquante ans après la mort d'Émile Badiane, le village de Tendiéme revisite la mémoire de son fils, ancien Ministre du Sénégal sous le régime de Léopold Sédar Senghor. Une occasion, pour certains cadres de cette époque, de témoigner sur la générosité et le legs de ce natif du département de Bignona.
BIGNONA - Un demi-siècle après sa disparition, Émile Badiane, est resté dans la mémoire collective. Son village Tendième a organisé, avant-hier, jeudi 22 décembre, une cérémonie pour commémorer le cinquantenaire de sa disparition. Les différentes personnalités qui se sont succédé au pupitre ont unanimement reconnu en Émile Badiane une générosité et un engagement au service de l'éducation et de la formation professionnelle.
Tendiéme qui a accueilli une importante délégation venue honorer la mémoire de ce grand commis de l'État, a été l'occasion, pour Pierre Goudiaby Atépa, d'annoncer la construction, dans les prochains mois, d'un " Espace Émile Badiane " : un cyberespace destiné aux jeunes et aux femmes. Évalué à un coût global de 400 millions de FCfa, l'espace devra comporter une maison des jeunes, une tribune, d'un écran géant, un terrain multisport, une aire de jeux pour enfants.
Émile Badiane fut un brillant intellectuel. Cet homme au parcours auréolé a compris que " l'école est une voie de réussite, d'ascension sociale ", a témoigné Mohamed Lamine Manga, auteur de l'ouvrage " La Casamance dans l'histoire contemporaine du Sénégal ". Il décrit Émile comme un homme affable en parfaite communion avec son peuple. " Quand il s'est engagé en politique, il n'avait en ligne de mire que l'épanouissement des populations et ceci se voit à travers la construction d'écoles dans le département. Aussi, a-t-il beaucoup œuvré pour la scolarisions de la région. C'est ainsi qu'en 1992, Bignona était considéré comme le département le plus scolarisé en Afrique de l'ouest. On parle d'un taux de scolarisation de 102% ", indique M. Manga.
Ayant pris en main la commémoration du cinquantenaire de la disparition, Pierre Atépa Goudiaby s'est dit ému. " J'avais 16 ans quand j'ai perdu mon père. Et c'est Émile Badiane et son épouse qui m'ont adopté ", a révélé l'architecte. " Si j'ai terminé mes études, c'est grâce à lui. J'ai pu décrocher trois bourses d'études, parce qu'il m'a mis dans des conditions qui m'ont permis de m'épanouir ", a-t-il laissé entendre d'une voix pleine émotion.
Pour sa part, Robert Sagna a souligné que c'est grâce à Émile Badiane qu'il a obtenu une bourse de l'Union européenne pour préparer le concours de grandes écoles pour l'agronomie. Avant d'achever ses études avec un doctorat et une agrégation. " C'est vous dire que cet homme s'est profondément investi pour la promotion des jeunes et la formation technique et professionnelle au Sénégal ", souligne M. Sagna.
Cet engagement à travers la formation des cadres témoigne de la volonté d'Émile Badiane de voir que tous les segments de la société sont impliqués dans la vie de la cité. " Ayant compris que l'éducation était essentielle. En 1937, il a enseigné à Goudomp et alphabétisé les commerçants ", a précisé sa fille Vivienne Badiane.