C'est une condamnation " sévère " et " sans preuve convaincante ", estime l'Association marocaine des droits humains (AMDH) qui critique ainsi la justice marocaine qui a condamné plusieurs dizaines de migrants à des peines de prison ferme.
Les faits remontent à fin juin, lorsque près de 2 000 étrangers, venus principalement du Soudan, avaient tenté d'entrer de force dans l'enclave espagnole de Melilla, située sur le sol marocain. Des affrontements avec les forces de l'ordre avaient alors dégénéré, faisant au moins 23 morts, selon un bilan officiel. La justice a donc choisi la prison ferme pour de nombreux migrants arrêtés, ce que l'AMDH conteste fermement.
Plusieurs dizaines de personnes ont écopé de 2 ans et demi à 3 ans de prison ferme, pour entrée illégale au Maroc, violence contre agents de la force publique et attroupement armé. Des " peines injustes qui appuient les politiques migratoires du Maroc ", a déclaré Souad Lazreg, de l'AMDH.
Pour l'avocat Khalid Ameza, les procès-verbaux comportaient des aveux que les accusés avaient pourtant niés tout au long de la procédure. Malgré cela, ils sont condamnés à des " peines très sévères qui n'ont pas été justifiées par un argumentaire logique et convaincant ", a estimé le juriste. Le problème notamment, selon lui, c'est le fait que les forces de l'ordre auditionnées n'ont jamais identifié clairement quel migrant avait fait quoi ce jour-là.
C'était le 24 juin. Près de 2 000 personnes, surtout soudanaises, ont tenté de pénétrer dans Melilla, via le poste-frontière de Nador, provoquant des affrontements qui, selon Rabat, ont fait 23 morts, et selon l'AMDH 27 morts. Il s'agit, dans tous les cas, du plus lourd bilan jamais enregistré dans ces passages en force réguliers vers l'une des deux enclaves espagnoles situées sur le sol marocain.
Amnesty avait accusé les agents d'avoir frappé des personnes immobilisées, refusé des soins aux blessés et utilisé le gaz lacrymogène sur des gens dans un espace clos.
Les médias avaient enquêté et dénoncé la brutalité des autorités marocaines.
De son côté, la justice espagnole, cette semaine, a classé le dossier, disant que les forces nationales n'avaient commis aucun délit.