À Madagascar, le secteur de l'agroalimentaire est appelé à se développer rapidement afin de booster la croissance économique, répondre à la hausse de la demande et aussi pour atteindre les objectifs en matière de sécurité alimentaire.
Le rôle clé que joue ce secteur dans la transformation du système alimentaire, la réduction de la pauvreté, le développement du tissu industriel et la dynamisation du commerce agricole n'est plus à démontrer. La transformation agroalimentaire fournit des produits alimentaires plus faciles à transporter et plus différenciés, stimulant ainsi les échanges. Le secteur contribue aussi significativement à l'amélioration du contenu nutritionnel des aliments et au prolongement de la durée de conservation des aliments déjà nutritifs, les rendant plus accessibles aux consommateurs éloignés des zones de production.
Cependant, malgré les importantes possibilités que le développement du secteur pourrait apporter à l'économie, certains blocages demeurent. Selon les experts, il reste un manque de recherche sur la performance du secteur, ainsi que les moyens d'accélérer la transformation et d'accroître la compétitivité. Des mesures sont aussi à prendre afin que la transformation n'augmente la disponibilité des produits malsains ou de mauvaise qualité, contribuant à l'augmentation des niveaux de surpoids et d'obésité.
Il existe cependant des études effectuées sur les divers aspects du secteur de la transformation agroalimentaire dans la Grande île, notamment la croissance, le potentiel et les contraintes, les tendances clés dans les sous-secteurs de transformation et les politiques et investissements nécessaires pour renforcer la capacité du secteur à contribuer à la croissance et à l'émergence du pays.
Ces études démontrent, entre autres, que l'urbanisation rapide est l'un des principaux moteurs de la croissance du secteur agroalimentaire. Les prévisionnistes estiment que Madagascar fait partie des pays africains qui, d'ici 2050, plus de 50% des habitants vivront dans des zones urbaines. Dans le même temps, la classe moyenne devrait augmenter significativement. Ces changements démographiques s'accompagnent d'une demande accrue d'aliments périssables de grande valeur tels que les fruits et légumes, la viande et les produits laitiers, ainsi que d'aliments transformés et de produits alimentaires prêts-à-servir.
Les transformateurs agroalimentaires sont devenus de plus en plus essentiels pour répondre à ces demandes, et le secteur de la transformation en expansion a apporté de nouvelles opportunités pour les petits exploitants à la ferme et à l'extérieur. Ces opérateurs économiques transforment les cultures en produits demandés par les consommateurs urbains, ce qui accroît la demande pour ces cultures et, à son tour, augmente les prix à la production et profite aux petits exploitants agricoles. L'expansion du secteur agroalimentaire offre également des possibilités accrues de moyens de subsistance en dehors de la ferme.
Petites entreprises
Jusqu'ici, le secteur de la transformation agroalimentaire se compose de quelques grandes entreprises et d'un nombre beaucoup plus important de petites et micro-entreprises. Cependant, les acteurs sont confrontés à de nombreux défis, en particulier chez les petites et micro-entreprises. Il s'agit notamment du manque de formation technique et de ressources humaines, de
l'accès limité à la terre et au financement, de l'accès variable aux matières premières, des coûts opérationnels élevés et de la faiblesse des infrastructures telles que les routes. Ces défis nuisent particulièrement aux petites entreprises en les rendant difficiles à développer ou à produire des biens de meilleure qualité.
Du côté du ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation (MICC), on soutient qu'une stratégie est en cours de mise en œuvre pour aider à stimuler la transformation dans le secteur de la transformation agroalimentaire. Parmi les initiatives entreprises dans ce cadre, on peut noter l'importation de plusieurs unités industrielles, l'identification des meilleures pratiques qui conviennent aux conditions locales et régionales. Il s'agit, a-t-on ajouté, de rendre les cultures produites localement plus compétitives en encourageant et en permettant aux agriculteurs de cultiver des spéculations mieux adaptées pour la transformation. Pour les partenaires au développement comme la FAO, on encourage notamment les décideurs à donner la priorité aux investissements dans la recherche et le développement, la formation et l'éducation dans le secteur agroalimentaire, ainsi qu'au renforcement du commerce afin d'encourager une utilisation accrue des produits locaux plutôt que des importations. Enfin, les responsables publics et les acteurs du secteur privé sont appelés à accroître l'accès des petits exploitants agricoles et des petites entreprises au financement et aux services de soutien public, en mettant l'accent sur les groupes marginalisés tels que les femmes et les jeunes.