Ile Maurice: Disparition des réserves - Le rapport annuel du CEB toujours pas publié

26 Décembre 2022

Et si la prochaine augmentation du tarif de l'électricité ne viserait qu'à financer les dépenses du gouvernement et non du Central Electricity Board (CEB) ? Pourquoi le rapport annuel de juin 2022 n'est-il toujours pas publié ?

L'argument du ministre de l'Énergie, Joe Lesjongard, selon lequel le tarif de l'électricité devra augmenter en raison de la hausse du prix du carburant ne tient pas trop la route. En fait, nous rappelle Patrick Assirvaden, "le prix est en train de baisser au niveau mondial". Joe Lesjongard l'a, lui-même, reconnu implicitement le 23 décembre lorsqu'il a donné les prix pour trois dates différentes. Si le prix du fioul lourd, qui était de USD 369 la tonne en janvier 2021, est passé, en juin 2022, à USD 671, il est redescendu à USD 518 en septembre. Cette "augmentation drastique" comme la qualifie Lesjongard, c'était en fait du passé car la tendance s'est inversée. En octobre, le prix a encore baissé à 419 dollars et en novembre, à 414 dollars. Ce que le ministre a omis de mentionner, s'étant arrêté à septembre.

De plus, on ne sait pas pourquoi le CEB a acheté le fioul lourd à 518 dollars la tonne en septembre 2022, comme le prétend Joe Lesjongard, alors que le prix sur le marché mondial était de 434 dollars. Idem pour la tonne de charbon, toujours selon Lesjongard. Janvier 2021 : USD 106, juin 2022 USD 369, mais en septembre elle était à USD 334, avec donc une tendance baissière, que Joe Lesjongard n'a pas mentionnée.

C'est pourquoi plusieurs pensent que la prochaine hausse de l'électricité ne servira qu'à créer d'immenses réserves à partir de laquelle le gouvernement puisera pour dépenser en toute opacité. Sauf si le prix du carburant reprend l'ascenseur.

Patrick Assirvaden a, lors de sa conférence de presse du 21 décembre, démontré que ces Rs 5,2 milliards, puisées du CEB, auraient pu servir à amortir, entre autres, ces hausses du prix du fioul lourd et du charbon du début de 2022. Malheureusement, le CEB avait été sommé de verser Rs 3 milliards au Consolidated Fund, qui ont été utilisées de façon opaque. Et les Rs 1,2 milliard investies à l'époque d'Ivan Collendavelloo dans des filiales. Pour rien. CEB Green Energy, absorbée par le CEB et CEB Facilities, a fermé. "CEB Fibernet continue à payer de grosses sommes d'argent à son directeur sans que l'organisme fonctionne vraiment", nous dit le député travailliste. "Si elle fer me elle aussi, Rs 800 millions de pertes seront déclarées."

Après le "délestage" du CEB de ces Rs 5,2 milliards, explique Patrick Assirvaden, il ne lui restait que Rs 2,6 milliards des Rs 7,8 milliards de réserves déclarées au 30 juin 2020. Même ces Rs 2,6 milliards se sont évaporées depuis. Plus grave, "ce sont en fait Rs 12 milliards qui auraient disparu des réserves du CEB en un peu plus d'un an, puisque le CEB se trouverait avec des découverts bancaires de Rs 4 milliards". Il se pourrait que le CEB ait dépensé beaucoup plus en payant notamment plus chère l'électricité supplémentaire, achetée des deux producteurs indépendants restants pour compenser la production de Terragen.

Seul le rapport annuel au 30 juin 2022 pourrait davantage nous renseigner. Mais il n'a pas encore été publié...

Le secteur privé appelé à mettre la main à la poche... de ses clients

L'augmentation du tarif de l'électricité en février 2023 rapportera Rs 4 milliards jusqu'en 2024, a dit Joe Lesjongard le 23 décembre. Cette augmentation, qui ne proviendra, selon le ministre, que des industries et de grands consommateurs individuels, suffira-t-elle pour rapporter Rs 4 milliards ? Joe Lesjongard n'a pas donné tous les chiffres mais, selon nos calculs, la hausse du tarif rapportera environ Rs 395 millions par an concernant les ménages, et Rs 790 millions sur deux ans. Par soustraction, donc, il semble que ce seront les commerces et les industries qui devront contribuer les Rs 3,2 milliards sur deux ans. Passeront-ils ce coût énorme qu'ils subiront aux consommateurs ?

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