L'ancien Premier ministre Augustin Matata, l'opposant Martin Fayulu et le Prix Nobel de la paix Denis Mukwege, ont publié une déclaration commune, ce lundi 26 décembre, contre Félix Tshisekedi et son gouvernement. Dans cette communication publique, les trois personnalités dépeignent un tableau sombre de la situation en RDC.
Les trois leaders refusent, disent-ils, de se positionner en témoins-complices de " l'émiettement du pays " qui vit " les plus sombres périodes de son existence ", d'après leur constat. Les trois personnalités - dont deux sont des candidats déclarés à la prochaine présidentielle - disent avoir pris leur responsabilité face à cette situation.
Ainsi, les trois personnalités signataires ont des mots durs à l'endroit de Félix Tshisekedi et de son gouvernement caractérisé, d'après eux, par " la corruption, le détournement des deniers publics, le clientélisme, le tribalisme et le népotisme ".
Ces trois responsables dénoncent également " un déficit criant de leadership et de gouvernance de la part d'un régime irresponsable et répressif. "
S'agissant du secteur de la Défense, ils rejettent la politique du gouvernement qui privilégie une " politique d'externalisation de la sécurité nationale à des forces étrangères ". Ils se disent être contre le déploiement des troupes de la force régionale de la Communauté des États de l'Afrique de l'Est dans la partie orientale de la RDC et réclament la levée de l'état de siège dans le Nord-Kivu et l'Ituri. Sur le dossier rwandais, les trois hommes exigent " la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda et la fermeture de toutes les frontières avec ce pays ".
Denis Mukwege, Martin Fayulu et Augustin Matata Ponyo affirment également que Félix Tshisekedi veut rester au pouvoir par des moyens frauduleux. Ainsi, ils exigent la recomposition immédiate de la Céni et de la Cour constitutionnelle. Ces deux institutions qui ont un rôle déterminant pour la validation des résultats des élections, sont accusées d'être composées au goût de l'actuelle majorité.
Les trois leaders demandent par ailleurs l'arrêt de ce qu'ils décrivent comme l'instrumentalisation de la justice et des services fiscaux contre les candidats déclarés ou encore les potentiels candidats présidents de la République comme Augustin Matata.
Candidature commune
S'achemine-t-on vers une candidature commune à la présidentielle ? Les trois leaders se parlent régulièrement mais il a cependant fallu plusieurs semaines pour parvenir à ce texte de quatre pages. Les états-majors de Martin Fayulu et Matata Ponyo ne nient pas que les jalons d'un front commun sont en train d'être mis en place.
Denis Mukwege, lui, ne veut pas laisser la place à l'ambiguïté: " Ce n'est pas une plateforme électorale. Je suis de la société civile, je ne me suis pas déclaré candidat. Cependant, je constate qu'il y a des situations anormales par rapport aux institutions de la République ", a-t-il déclaré.
De son côté, Matata Ponyo préfère parler, pour l'instant, d'un combat commun.
Les proches de Martin Fayulu partagent le même avis, précisant qu'aujourd'hui, c'est d'abord une bataille pour la transparence du processus. Les trois leaders sollicitent la communauté internationale, pour l'envoi urgent d'experts des Nations unies, de l'Union européenne et de l'Union africaine pour procéder au monitoring du processus tel que mené à ce jour.