Madagascar: Présidentielle 2023 - Les votes régionaux objets de toutes les convoitises

La dernière sortie médiatique de Siteny Randrianasoloniaiko semble faire des vagues. Au sein de la majorité, l'exacerbation atteint son summum. L'inquiétude plane sur l'issue de la prochaine présidentielle dans les régions.

Des Oranges s'éloignent de plus en plus de l'oranger ! Les principaux alliés de l'ancien candidat numéro 13 au deuxième tour de la dernière présidentielle, celle de 2018, prennent de plus en plus la distance vis-à-vis de la majorité mais surtout du président Rajoelina. La dernière en date était celui du député de Toliara 1, Siteny Randrianasoloniaiko qui était l'un des soutiens de poids de l'actuel Chef d'Etat dans la partie sud de la Grande Île lors de la présidentielle 2018. Ainsi, l'heure est actuellement à la reconquête des régions pour le régime. Et l'année 2023, qui sera là dans quelques jours, sera probablement marquée par plus d'inaugurations des " zava-bita " et de nouvelles promesses, suite logique de tout ce qu'il a déjà entamé durant cette année.

Ruptures

Roland Ratsiraka, Siteny Randrianasoloniaiko, Ahmad Ahmad ou encore Auguste Paraina des noms sur lesquels Andry Rajoelina ne pourra plus compter pour sa réélection. Rappelons que la carte présentant les candidats arrivés en tête au 1er tour par région à la présidentielle 2018 est beaucoup plus significative. On voit qu'Andry Rajoelina l'emporte dans 12 des 22 régions (majoritairement côtières), tandis que Marc Ravalomanana gagne dans 9 régions (majoritairement centrales), et Hery Rajaonarimampianina l'emporte dans la Sava. Au second, Rajoelina a gagné 14 régions sur 22. Boeny et Menabe sont les seules régions littorales que Dada a pu gagner. Avec les différentes ruptures durant ce quinquennat chaque candidat devrait réajuster leur stratégie électorale en misant surtout sur la conquête des régions littorales.

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Big man

Les élites régionales auront une fois de plus des rôles déterminants sur l'issue de la prochaine présidentielle. Comme disait Charles Cadoux, " le pouvoir se négocient entre les élites ". La nature des alliances qui vont se faire, reste encore à savoir. Qui seront les " merina de service " qui vont appuyer le candidat non-merian bien placé au second tour ? Et qui seront les " côtiers de service " qui soutiendront le candidat merina ? Des questions qui relèvent du tabou mais qui sont des éléments déterminant dans le jeu politique malgache comme les politistes et les politologues soulignent souvent. Jean-François Médard, ancien professeur de sciences politiques à l'Institut d'études politiques de Bordeaux, spécialiste de l'Afrique, et connu pour ses travaux sur le clientélisme et le néo-patrimonialisme a d'ailleurs déjà souligné la place de ces élites dans le jeu politique africain dans son principe de " big man ", des notables locaux qui conditionnent en quelques sorte l'issu des votes.

Tournée

Peu importe, les observateurs s'accordent à dire que le rapport de force actuel ne laisse rien apparaître. Les tendances sur l'échiquier politique à moins d'une année de la consultation restent incertaines. Tout va se jouer au cours des six prochains mois de l'année à venir. Notons que Siteny Randrianasoloniaiko a annoncé son investissement à réaliser des descentes dans les différentes régions, Andry Rajoelina a déjà réalisé une partie des inaugurations et multiplient déjà les nouvelles promesses, Hajo Andrianainarivelo et le MMM viennent de clôturer leurs congrès régionaux, Marc Ravalomanana et le TIM ont comme objectif depuis le mois de mars de réaliser la redynamisation de la base et le HVM vient tout juste de faire une tournée dans la région de Fitovinany. Les états-majors vont forcément multiplier les déplacements durant l'année à venir, dans l'objectif d'obtenir la sympathie et le vote des électeurs dans ces différentes régions.

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