Une grande première à Madagascar. Seule la préfecture de Nosy Be a reçu, jusqu'ici la labellisation des centres de santé adaptés aux adolescents et aux jeunes. La remise officielle de cette certification s'est déroulée dans la grande salle de Bel Hôtel à Maroankatsaka, en fin de semaine écoulée. Et ce, en présence de la grande famille de santé, des représentants des jeunes, des parents, des éducateurs, des autorités locales...
L'initiative émane du ministère de la Santé publique avec l'appui du programme de santé de l'agence d'aide publique américaine, Usaid/Access. En amont, cette organisation a déjà réalisé un travail dans ces centres pour qu'ils soient capables d'accomplir leurs missions respectives. Citons, entre autres, l'existence d'un espace jeunesse, du personnel formé, la prise en charge, des moyens de communication... En fait, le " Centre de santé ami des jeunes " (CSAJ) a pour mission de répondre aux besoins de ces jeunes concernant la santé de reproduction et les abus de substances. Le projet a été réalisé parce que la moitié de la population malgache est constituée par les moins de 18 ans avec une classe d'âge entre 10 et 24 ans. Si leur santé s'améliore, ce sera pour le bien de toute la population, puisque seuls les jeunes en bonne santé peuvent développer le pays. D'où la nécessité de la mise en place de ce projet.
Situation alarmante
Selon Dr Fidiniaina Randriatsarafara, directeur général de la Médecine préventive auprès du ministère de la Santé publique, on prend généralement soin de la santé des personnes vulnérables, mais on oublie souvent qu'il existe un groupe de personnes qui pensent qu'elles sont en très bonne santé parce qu'elles sont jeunes. Cela les pousse à avoir des comportements qui mettent en danger leur santé. C'est pourquoi l'existence de ces CSAJ pourra changer leurs mauvais comportements et les aider à adopter les bonnes pratiques en matière de santé. C'est aussi pour cette raison que ces établissements ont été choisis afin qu'ils puissent leur fournir des services de santé de qualité répondant à leurs besoins. Outre les soins, ils leur suggèrent et les encouragent à prendre des décisions équilibrées pour leur santé.
" Un pays à forte proportion de jeunes, qui n'investit pas en faveur de la jeunesse, manque des opportunités de développement car les adolescents et les jeunes constituent l'avenir d'une Nation. Facteurs de développement, ils constituent pourtant la couche la plus vulnérable de la population s'ils restent dépendants. Ils sont confrontés à de multiples problèmes sociaux, économiques et sanitaires en lien avec la santé sexuelle et reproductive qui pourraient leur être nuisibles ", affirme le directeur général de la Médecine préventive. À Nosy Be, la situation est actuellement critique car les taux de grossesses précoces ou non désirées, des avortements, des problèmes liés aux mésusages de produits dépendogènes sont plus élevés. Outre le cannabis venant d'Ambanja, de nombreux jeunes sont aujourd'hui dépendants de l'héroïne, connue par " trebiky " ou injection. Aussi, les relations sexuelles non protégées font-elles des ravages et risquent-elles d'exploser. " Une fille de 13 ans se livre déjà à la prostitution ", apprend-on.
C'est pourquoi le projet se focalise sur la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes. Après la remise de ce " label CSBAJ " aux chefs des centres de santé de base, les participants se sont rendus aux arrondissements de Bemanondrobe et d'Ambatoloaka pour constater de visu la réalité et pour procéder à une pose symbolique de la plaque " Sakaizan'ny tanora ". Cette labellisation des centres de santé a été précédée d'abord d'un séminaire dédié aux adolescents et jeunes du quartier de Hell-Ville avec un thème lié à la prévention des grossesses précoces, puis d'une rencontre avec différentes entités de Nosy Be, afin d'élaborer un plan pour améliorer la santé des adolescents et des jeunes de l'Île aux Parfums.