Madagascar: La politique est-elle dégueulasse ?

Distinguons la politique et le parti politique. Si un parti politique est une organisation en vue de conquérir le pouvoir, la politique est l'art de gouverner, l'art de gérer les affaires de la cité. On assiste à présent au déclin des vieux partis politiques malgaches. À Madagascar, les partis PSD, AKFM, MONIMA, AREMA et MFM de la première et deuxième Républiques ont connu un coup d'arrêt.

Face à la quête de la citoyenneté de plus en plus exigeante, face à la marginalisation sociale du plus grand nombre de la population, face à la révolution de la technologie de l'information, une nouvelle génération est née. Elle veut faire de la politique autrement.Un parti politique remplit aux moins trois critères essentiels. D'abord c'est une organisation politique durable dont l'espérance de vie dépasse celle de ses fondateurs. Ce qui le différencie aux comités de soutien spontanés et éphémères. Ensuite c'est une organisation qui cherche à couvrir tout le territoire national. Ce qui le différencie aux regroupements régionaux et claniques. Enfin le parti politique vise à travers les élections à conquérir ou à conserver le pouvoir. Ce qui le différencie aux syndicats et sociétés civiles qui cherchent à agir sur le pouvoir.

Sur les 120 partis politiques enregistrés au ministère de l'Intérieur, combien remplissent ces critères ? Leurs fonctions ne se limitent-elles pas à servir leurs dirigeants? Nous avons en plus quelques 300 associations indépendantes à caractère politique qui gravitent autour du pouvoir. Dans ces conditions, comment la pratique politique ne soit-elle pas perçue comme dégueulasse? Il est temps que les partis politiques s'attachent à leurs fonctions essentielles d'éducation, d'encadrement de leurs adhérents, de leurs élus et de la population.

Galvaudés, les partis politiques n'ont plus joué leur rôle dans la société. Ils n'assuraient plus l'encadrement et l'éducation des citoyens. Petit à petit, la société est devenue anomique, sans préceptes de comportement. L'incivisme, la culture de désobéissance à la loi, la corruption, l'insécurité, la justice populaire, la faillite de l'État de droit régnaient partout.

Paradoxalement une politisation à outrance s'est instaurée n'importe comment, même dans le monde du business. La politique dicte ses lois dans les marchés publics, l'impôt, la douane, les appels d'offre, les concours administratifs. Elle est à l'origine du frein du développement de Madagascar. Les partis politiques malgaches ont en général oublié que l'une de leurs raisons d'être est d'éduquer le peuple malgache à mieux vivre ensemble dans le respect des lois et des Institutions de la République.

Extrait du livre d'André Rasolo :

" Regards sur la vie politique de Madagascar de 1960-2020 ".

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