Le président de la République tiendra le traditionnel discours de fin d'année ce 31 décembre. Défendre son bilan, annoncer les perspectives, mais surtout, cette allocution donnera le ton de l'année électorale qui va démarrer.
Le bouquet final. En principe, ce sera le dernier rendez-vous politique de l'année. Andry Rajoelina, président de la République, tiendra le traditionnel discours de fin d'année. L'occasion également de présenter, de façon anticipée, ses vœux de nouvel an, étant donné que depuis le début de son mandat, le banquet d'État organisé à Iavoloha, a été supprimé.
Sauf changement, l'allocution présidentielle ne dérogera pas du synopsis classique qui consiste à présenter le bilan de l'année qui arrive à terme, et à présenter les
perspectives de l'année suivante. Seulement, cette fois-ci, au bout de la nouvelle année qui s'annonce, il y aura l'élection présidentielle. Si Andry Rajoelina compte s'aligner dans les starting-blocks pour briguer un second mandat, ce qu'il devrait faire, sauf énorme revirement, la Constitution impose qu'il démissionne de ses fonctions de chef d'État, soixante jours avant la date du scrutin.
Il est probable donc que le discours prévu samedi, en milieu de soirée, soit pour Andry Rajoelina, l'occasion de défendre le bilan de ses quatre ans qu'il a passés à la tête de la République. Un bilan qui, le moment venu sera évalué par les électeurs, essentiellement, sur la base de ses "Velirano". Outre ses engagements dont la finalité affirmée est de propulser Madagascar vers son émergence, l'impact de la politique étatique sur le bien-être des ménages sera aussi décisif pour le verdict des urnes.
Lors de ses tournées depuis quelques semaines, le Président s'applique à souligner que durant les trois premières années de son mandat, son administration s'est évertuée à affirmer la présence de l'État. Ceci avec la construction de nouvelles infrastructures administratives dans chaque district. Il y a aussi l'édification d'infrastructures sociales que sont les écoles, les universités, les hôpitaux ou encore les centres de santé.
Andry Rajoelina pourrait aussi mettre en avant des chantiers comme l'autoroute Antananarivo - Toamasina, ou encore, d'autres projets routiers comme ceux de la RN13 et la RN6, ainsi que le coup d'envoi prochain de la RN10. Il devrait aussi réitérer les échéances de projets, tel que la construction du pipeline Efaho, pour l'année prochaine. La solution annoncée à la sécheresse dans le Deep South. La politique d'industrialisation pour atteindre l'autosuffisance en sucre, en farine ou en ciment, dans un premier temps, ne devrait pas être en reste.
Perception et avis mitigés
Seulement, la crise sanitaire causée par la pandémie de la Covid-19, alourdie par le bouleversement du marché mondial engendré par la guerre en Ukraine pèse sur le bilan socio-économique de l'administration Rajoelina. À cela s'ajoutent les conséquences dévastatrices des catastrophes naturelles que sont les cyclones et la sécheresse avec des impacts humanitaires dramatiques. Les multiples problématiques de la Jirama dont les coupures d'électricité et d'eau causent frustrations et colères chez les usagers, viennent s'ajouter à la liste des difficultés rencontrées par le pouvoir.
Ces crises ont, par ailleurs, chamboulé le planning d'élaboration et de mise en marche concrète du Plan émergence de Madagascar (PEM). Après avoir été présentés aux investisseurs nationaux, en octobre, les axes stratégiques du document seront exposés aux investisseurs internationaux en mars, sauf changement. De prime abord, l'État compte donner un coup de fouet à ses projets d'émergence à partir de l'année prochaine.
"Nous bâtissons et nous innovons. Nous avons une vision à long terme, mais nous ne fuyons pas nos responsabilités pour autant et cherchons constamment des solutions", ou encore, "nous avons beaucoup fait, mais il y a encore beaucoup à faire également. La reconstruction de Madagascar nécessite du temps", sont des phrases dites par Andry Rajoelina ces dernières semaines. Une manière de dire que pour celui dont l'ambition est aussi de rattraper le retard de développement du pays, un seul mandat ne suffit pas.
Comme l'indique le scorecard de Madagascar sur la grille d'évaluation du Millennium challenge corporation (MCC), la maîtrise de l'inflation, la politique fiscale, la politique commerciale. Une situation dont il peut se targuer vis-à-vis d'autres pays, africains notamment, qui plient sous les différentes crises globales. Comme solution aux problèmes d'approvisionnement en électricité, le président de la République mise particulièrement sur les projets de centrales hydrauliques dont l'aboutissement pour l'horizon 2027 - 2028.
Seulement, du côté des citoyens et des acteurs nationaux, la perception de la situation et les avis sont sensiblement mitigés. Il y a les optimistes, ceux qui accusent le coût et ceux qui n'hésitent pas à affirmer leur ras-le-bol face aux multiples difficultés que doivent supporter les ménages. L'année 2023 sera la dernière ligne droite pour Andry Rajoelina afin de convaincre les électeurs qu'il est et reste l'homme de la situation. De les convaincre qu'il a des solutions immédiates, mais qu'il est opportun de patienter. Son discours de samedi devrait en donner le ton.