Afrique: Mettre fin à l'insécurité alimentaire aiguë

28 Décembre 2022

Dans son rapport bisannuel sur " les Perspectives de l'alimentation ", l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avance que la facture mondiale des importations alimentaires devrait bondir de 10% en 2022 avec des répercussions négatives sur la production agricole mondiale et la sécurité alimentaire devant se prolonger jusqu'en 2023.

Ce rapport alerte sur la possible augmentation de l'insécurité alimentaire aiguë, en identifiant 19 foyers de famine potentiels, situés pour la plupart sur le continent africain où la sécurité alimentaire en janvier 2023 risque d'être ébranlée sérieusement. Les causes de cette croissance possible de l'insécurité alimentaire sont multiples, avec comme premier facteur les conflits violents. Elles peuvent aussi être de nature économique ou météorologique, avec des événements extrêmes comme les inondations, les tempêtes ou les sécheresses. Les coûts des importations alimentaires dans le monde sont sur le point d'atteindre un record de près de 2 000 milliards de dollars en 2022, ce qui accroît la pression sur les pays les plus pauvres du monde qui ont probablement expédié beaucoup moins de volumes de nourriture, déclare l'Agence alimentaire des Nations unies.

Qu'en est-il pour la Tunisie ? Un nouveau programme d'assistance technique de 5,5 millions de dollars pour améliorer la sécurité alimentaire en Tunisie, en Égypte, en Jordanie, au Liban, au Maroc, en Cisjordanie et à Gaza a été lancé au mois de décembre 2022 par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) et le Food and Agriculture Organisation (FAO) des Nations unies. L'initiative conjointe, qui sera lancée en janvier prochain, est une réponse opportune à la crise des marchés céréaliers, qui a rendu la sécurité alimentaire mondiale plus précaire. Il aidera les gouvernements à revoir certaines de leurs politiques agroalimentaires. L'initiative vise à soutenir les investissements publics et privés dans la modernisation des systèmes nationaux d'importation de céréales, y compris le développement d'un approvisionnement plus efficace et d'une meilleure infrastructure de stockage. Dans ce contexte, vient la décision du Président de la République, Kaïs Saïed, qui a donné son accord pour un prêt finançant l'importation de céréales.

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Un décret présidentiel est paru, à cet effet, portant ratification de l'accord de garantie conclu le 11 août 2022 entre la République tunisienne et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd). Ce décret est relatif au prêt accordé à l'Office des céréales pour la contribution au financement du projet de réponse à la résilience de la sécurité alimentaire. Le prêt est d'un montant de 150,5 millions d'euros qui sera accordé afin de financer les importations de blé tendre, de blé dur et d'orge, représentant jusqu'à 15% des besoins de consommation annuels de la Tunisie. Par ailleurs, la France a décidé de soutenir les pays touchés par la guerre russo-ukrainienne, comme la Tunisie, dans le cadre de l'initiative européenne pour la résilience alimentaire et agricole. Cette initiative a pour objectif de réduire les effets de la guerre en Ukraine dans de nombreux pays vulnérables sur le niveau des prix, la production, l'accès et l'approvisionnement en céréales, notamment le blé.

La Tunisie reste particulièrement vulnérable face aux effets de cette guerre. En 2021, le pays a réalisé 60% de ses importations de blé tendre et 66% de ses importations d'orge avec la Fédération de Russie et l'Ukraine, selon la Banque mondiale. A l'échelle mondiale, les prix des produits de base resteront à des niveaux élevés jusqu'à la fin de 2024, selon la Banque mondiale. "La guerre en Ukraine a modifié la physionomie des échanges, de la production et de la consommation des produits de base, ce qui devrait maintenir les prix à des niveaux élevés jusqu'à la fin de l'année 2024, aggravant ainsi l'insécurité et l'inflation alimentaires," souligne l'institution financière internationale.

"On assiste depuis le début de la guerre en Ukraine à une vague de mesures sur les exportations et les importations de denrées," ajoute la BM dans son dernier rapport sur la sécurité alimentaire, notant que la crise alimentaire mondiale a été en partie aggravée par l'intensification des restrictions commerciales mises en place par les pays dans le but d'accroître l'offre intérieure et de faire baisser les prix. "À la date du 10 octobre 2022, 21 pays avaient imposé 26 interdictions d'exportation sur certains produits agricoles et huit pays avaient adopté 12 mesures limitant les exportations," sachant qu'après un bref répit au cours de l'été 2022, les prix des engrais sont repartis à la hausse.

"L'inflation des prix alimentaires intérieurs reste élevée à travers le monde," relève la même source, notant que les données disponibles entre mai et septembre 2022 font état d'une forte inflation dans la quasi-totalité des pays à revenus faible et intermédiaire : 88,9 % des économies à faible revenu, 91,1 % des économies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 96 % des économies à revenu intermédiaire supérieur ont enregistré des taux d'inflation supérieurs à 5 %.

Selon une étude récente du FMI, il faudra mobiliser entre 5 et 7 milliards de dollars de dépenses supplémentaires pour aider les ménages vulnérables des 48 pays les plus durement touchés par la hausse des prix des importations de denrées et d'engrais. Et 50 milliards de dollars seront nécessaires pour mettre fin à l'insécurité alimentaire aiguë au cours des 12 prochains mois. Le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë et qui auront besoin d'une aide urgente pourrait grimper à 222 millions dans 53 pays et territoires, selon un rapport FAO-FMI.

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