C'est un procès aux allures d'un feuilleton interminable qui a pris en étau l'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Alors qu'il adressait ses vœux de nativité aux congolais, le 25 décembre 2022, l'homme à la cravate rouge a tout de même trouvé une brèche pour évoquer l'affaire Bukanga-Lonzo qu'il considère, selon lui, comme étant une cabale.
Matata Ponyo essoufflé par un procès à plusieurs rebondissements, demande l'implication du Chef de l'Etat pour qu'il se tire de ces démêlées judiciaires qui lui collent à la peau depuis plus d'une année.
L'ancien Premier ministre estime que les deux hautes juridictions du pays sont instrumentalisées pour des fins politiques alors qu'il n'est responsable du détournement d'aucun rond du projet Bukanga-Lonzo, tout en indiquant que "ceux qui détournent sans immunités parlementaires sont libres de leur mouvement".
"Pendant que les deux grandes institutions juridictionnelles du pays, à savoir, la Cour constitutionnelle et la Cour de cassation sont instrumentalisées à outrance au su et au vu de la communauté nationale et internationale, alors que je n'ai volé aucun dollar américain du trésor public, de grands voleurs des fonds publics se promènent en toute liberté dans le pays sans être inquiétés, ces bandits financiers qu'ils soient du régime politique passé ou du régime actuellement au pouvoir ont détourné pour certains plus d'un milliard de dollars américains et pour d'autres des dizaines et centaines de millions de dollars. La plupart d'entre eux n'ont même pas d'immunités parlementaires et se vantent d'être protégés par le pouvoir politique et judiciaires du pays comme pour dire, il faut voler et redistribuer pour ne jamais être arrêté ", s'est-il indigné.
Augustin Matata Ponyo qui a toujours rejeté les griefs qui pèsent sur lui, fustige une justice partiale qui agit dans une inversion de rôle en pourchassant ceux qui participent au développement du pays d'un côté et de l'autre, en restant muette devant ceux qui font du détournement des deniers publics leur mode de vie.
"Devant cette justice à double vitesse qui consiste, d'une part à poursuivre ceux qui n'ont pas volé l'argent du trésor public, ceux qui ont stabilisé le cadre macroéconomique au profit des couches les plus défavorisées, ceux qui ont construit des écoles en faveur de la jeunesse et payé régulièrement les salaires aux fonctionnaires le 15 de chaque mois et d'autre part, à ne jamais poursuivre ou libérer ceux qui ont volé et continuent à voler de l'argent public.
J'en appelle à l'intervention de son Excellence Monsieur le président de la République, en tant que magistrat suprême du pays et garant de la justice équitable à tous les congolais, pour mettre fin à l'injustice flagrante dont je suis victime ", a-t-il indiqué.
L'ancien Directeur général du BCECO fait savoir que jamais une décision de justice n'a été réfutée en RDC comme le deuxième arrêt " R.Const. 1816 " prononcé par la cour constitutionnelle, le 18 novembre 2022, relatif au procès Bukanga-Lonzo, lequel arrêt laisse entendre que la Haute Cour se déclare compétente pour juger un ancien Premier ministre alors qu'il y a une année, la même Cour s'était déclarée incompétente en la matière.
"Cette contradiction flagrante est inacceptable du point de vue du droit au niveau de la plus haute cour du pays suscite une vague d'indignations, de contestations et de protestations à plusieurs niveaux. Des grands professeurs des universités internationales, des universités de Kinshasa et de Lubumbashi dont certains spécialistes en droit constitutionnel ont démontré l'inconstitutionnalité et la nullité du deuxième arrêt ", a déploré augustin Matata Ponyo.
Ce dernier dit être sans doute victime d'un acharnement politique pour avoir annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2023 et son refus d'adhérer à l'union sacrée, la coalition présidentielle.
Cependant, l'implication du Chef de l'Etat dans cette affaire semble être hypothétique au regard des révélations faites par Matata Ponyo, estiment certains analystes politiques.
En déclarant ouvertement qu'il a été forcé d'adhérer à l'Union sacrée, coalition présidentielle créée par Félix Tshisekedi au lendemain de la rupture de l'ancienne alliance avec le camp Kabila (FCC), Augustin Matata Ponyo jette de l'opprobre sur le pouvoir en place et crée un suspense en ne citant pas celui qui a voulu de lui au sein de l'Union sacrée.
Ajouter à cela son rapprochement à l'opposant le plus farouche au régime en place, Martin Fayulu, l'ancien Premier ministre joue concomitamment au froid et au chaud, font savoir ces chroniqueurs politiques.