Arrêté à son domicile mercredi, ce militaire serait toujours en audition auprès de la Gendarmerie Nationale. Ses partisans dénoncent un acharnement politico-judiciaire.
Difficile pour l'instant de dire quels sont les motifs réels de l'arrestation du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana. La Gendarmerie nationale du camp Paaspanga procède en ce moment à son audition et ce n'est qu'après que l'opinion nationale et internationale pourrait connaitre ce qui lui est véritablement reproché. Son avocat, Paul Kéré, dit ignorer les motifs de son arrestation :
"Je ne sais pas les raisons pour lesquelles le lieutenant-colonel Zoungrana a été arrêté. On attend que la lumière soit faite sur la Base des auditions et des confrontations qui seront faites actuellement à la gendarmerie", a déclaré l'avocat.
La farouche opposition de ses partisans
Dans une vidéo qui a circulé ce mardi sur les réseaux sociaux, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana affirme avoir échappé à des tentatives d'empoisonnement.
A son domicile, les gendarmes venus l'arrêter ont dû faire face à une farouche opposition de ses jeunes. Marcelin Ouédraogo, président du Mouvement patriotique pour la liberté et la justice, parle d'un acharnement politico judiciaire :
"Le lieutenant-colonel Zoungrana subit un acharnement que nous ne comprenons pas. Si vous voyez depuis janvier jusqu'à maintenant, il y a tellement de situation qui se sont passé qui laisse croire que le lieutenant-colonel fait l'objet d'un acharnement politico judiciaire", estime Marcelin Ouédraogo.
"Et comme ils ont tenté par tous les moyens de le garder en prison, il trouve que c'est flagrant et il passe par d'autres moyens pour l'écarter et ça ne surprend pas. Mais nous demandons que la lumière soit faite sur ces évènements et que les autorités qui sont soucieuses de la paix et de la stabilité du Burkinabé puisse prendre les taureaux par les cornes et élucider cette affaire de tentative d'assassinat et travailler à la cohésion des militaires pour la lutte contre l'insécurité".
La crainte de déchirures au sein de l'armée
Côté politique, c'est la confusion sur les arrestations de militaires, comme l'explique Olivier Lallogo, militant de l'ancien parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès :
"Nous ne comprenons présentement ce qui a prévalu à cette arrestation, à peine libéré. Sous Roch, il a été arrêté, sous Damiba, il a été gardé ou il y'a eu des tractations avec la justice pour sa libération, ce qui n'a pas eu lieu. Nous nous posons autant de questions sur cet homme, qu'est ce qui tourne autour de ce monsieur. Est-ce que c'est l'armée qui craint ce monsieur ou est-ce que ce monsieur trame des dossiers lourds."
Dans l'opinion publique burkinabè, c'est surtout la crainte de voir des frères d'armes s'affronter : en effet, si le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana est aussi craint, c'est parce qu'il a dirigé une unité combattante redoutée, dénommée les Mambat verts et pour aussi avoir combattu contre le Front Polisario, ensuite au Darfour puis au Mali lors des missions de l'armée burkinabè.