Les éleveurs et les agriculteurs subissent les conséquences du manque de pluie. Plus d'un million de personnes ont abandonné leurs maisons pour des camps.
La sécheresse a ruiné les éleveurs et les agriculteurs. A certains endroits, il n'est pas tombé une goutte d'eau depuis deux ans. La Somalie a toujours connu des cycles de sécheresse. Mais selon les observations des scientifiques, sous l'impact du changement climatique, elles sont désormais plus longues et plus fréquentes. Plus d'un million de personnes ont abandonné leurs maisons pour des camps insalubres et surpeuplés, comme ceux de Baidoa, dans le sud-ouest du pays.
Les petites huttes en forme de dôme s'étendent dans toutes les directions autour de la ville. Des abris de fortune, bricolés avec des branchages, des morceaux de tissu et des bâches.
Devant l'une d'entre elles, Safiya Isak, une femme d'une soixantaine d'années, son petit-fils sur les genoux, réchauffe une bouillie de sorgho. Quelques mois plus tôt, elle s'est résignée à quitter sa terre, où plus rien ne pousse. "Je suis partie à cause de la sécheresse, et je n'y retournerai pas. Il n'y avait plus d'eau, plus de nourriture, tout était sec", témoigne au micro de la DW Safiya Isak.
Pire sécheresse
Cinq saisons des pluies manquées. C'est la pire sécheresse qu'ait connue la Somalie en 40 ans. Sur la modeste ferme, les récoltes ont flétri, le puits s'est asséché, les chèvres et les vaches sont mortes.
À quelques kilomètres seulement, les vastes plaines arides sont sous le joug de la milice islamiste Al Shabab, rendant l'accès presque impossible pour les organisations humanitaires.
Safiya affirme que "même cette bouillie, ce sont les voisins qui nous l'ont donnée. Parfois, ma fille ramène un peu d'argent. Sinon, nous devons mendier."
Une dizaine d'enfants et de bébés attendent d'être pesés et auscultés dans un centre de nutrition. Environ un tiers des enfants souffrent de malnutrition aiguë, explique le docteur Ali Nur Mohamed.
Beaucoup craignent que l'histoire se répète : les deux dernières grandes famines en Somalie, en 1992 et 2011, ont tué un demi-million de personnes à elles deux.
"Notre capacité à maintenir ce niveau d'aide humanitaire va dépendre des ressources que nous aurons. En 2011, la majorité des décès ont eu lieu avant que la famine ne soit officiellement déclarée", rappelle Adam Abdelmoula, coordinateur de l'action humanitaire au sein de la Mission d'assistance des Nations unies en Somalie.
Sur le terrain, les travailleurs humanitaires affirment que la crise pourrait se transformer rapidement en catastrophe.