Madagascar: L'Institut Pasteur de Madagascar, pionnier de la recherche aux multiples missions

Pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur, l'Institut Pasteur de Madagascar propose une exposition gratuite retraçant la vie et les découvertes du chercheur français, ainsi que les impacts de son héritage sur la Grande Île. L'occasion de mettre en lumière les spécificités de cet établissement scientifique privé malgache, vieux de plus d'un siècle, et qui reste encore pionnier dans la recherche sur certaines maladies... à commencer par la peste, endémique sur l'île.

L'Institut Pasteur de Madagascar, qui organise cette exposition en partenariat avec l'Institut français jusqu'au 21 janvier prochain, est aujourd'hui l'un des plus gros Instituts Pasteur d'Afrique. L'établissement malgache, créé en 1898 sous l'appellation initiale d'" Institut vaccinogène et antirabique de Tananarive ", a très rapidement fait de la peste l'un de ses objets de recherche phares, la maladie ayant été détectée sur l'île la même année.

Création du premier vaccin antipesteux

En 1932, après six ans de travaux intenses, le docteur Georges Girard et son adjoint Jean Robic, mettent au point un vaccin. " Ce vaccin a été le tout premier vaccin antipesteux, développé ici, à l'Institut Pasteur de Madagascar, explique Voahangy Rasolofo, directrice scientifique de l'Institut Pasteur de Madagascar. Les campagnes de vaccination ont démarré en 1933 et ont permis de maîtriser les épidémies de peste sur les Hauts plateaux. " En raison de ses effets secondaires, ce vaccin n'est plus utilisé aujourd'hui. " Mais l'Institut de Madagascar a continué ses recherches, poursuit Voahangy Rasolofo, et a développé, en particulier, au début des années 2000, des bandelettes de diagnostics rapides de la peste qui sont produites sur place et qui sont aujourd'hui distribuées partout dans les pays où il y a la résurgence d'épidémies. ".

À la pointe en matière de recherche sur la peste, le laboratoire l'est aussi en matière de surveillance, en particulier des rongeurs et de leurs puces, le vecteur de transmission de la maladie. À Madagascar, une équipe étudie les résistances des puces aux insecticides pour mieux conseiller le ministère de la Santé sur le choix des produits à utiliser. Les services de recherche clinique continuent la recherche pour mettre au point de nouveaux traitements.

Anthropologie de la santé

Ce qui fait également la spécificité de l'Institut Pasteur de Madagascar par rapport aux 32 autres instituts du réseau, c'est d'avoir volontairement créé un service d'anthropologie de la santé où une trentaine de personnes analysent - entre autres - les épidémies à travers le prisme des sciences humaines.

" Ça nous permet de comprendre, à nous chercheurs, le comportement, et la perception des populations par rapport aux recommandations internationales en matière de vaccination, ou de recours aux soins par exemple ", détaille la directrice de l'Institut. Le poids culturel des traditions ancestrales étant très " prégnant " à Madagascar, ces recherches permettent " de mieux adapter les décisions et les stratégies en matière de santé, que ce soit lors d'épidémies, ou pour les soins de routine. "

Si à sa création, la mission de l'Institut Pasteur de Madagascar, institut privé malgache, était la vaccination contre la variole et la rage, aujourd'hui son champ d'action est immense : il continue de contribuer à la prévention et au traitement des maladies, mais il a également pour mission de participer au développement économique du pays par ses activités de recherche, de formation et de santé publique.

 

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