Congo-Kinshasa: Défense et sécurité, RDC - Voici le Document de Politique nationale publié par Gilbert Kabanda et Muyaya !

*Aujourd'hui plus qu'hier, la RD. Congo est, désormais, prête à laver l'affront, pour imposer la paix dans l'Est de son territoire national. Tout en prônant la politique de bon voisinage, elle n'exclut plus le recours à la force pour pousser tous les groupes armés à abandonner la rapine et la tentative, pour le Rwanda et le M23 à plier l'échine. D'ailleurs, maintenant que l'Onu a, enfin, levé la mesure inique qui l'astreignait au processus long et inutilement alambiquée de notification préalable, la RD. Congo, sûre d'elle, dispose de marges les plus étendues pour commander les équipements nécessaires. Pour ce faire, il lui faut une nouvelle vision, une nouvelle façon d'agir dans le domaine de sa défense. Lors du tout dernier briefing, en effet, Gilbert Kabanda, le Ministre de la Défense et Anciens combattants, a dévoilé à ce sujet, les grandes lignes du Document de Politique Nationale de Défense, en présence de Patrick Muyaya Katembwe, le Ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement.

Dans cette édition, La Prospérité qui a intercepté une copie flottante de ce document sur la toile, offre à ses nombreux et fidèles lecteurs, l'opportunité de cerner les contours de cette nouvelle volonté, pour la RD. Congo, sous le commandement suprême de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, d'inverser la donne sécuritaire au cœur de l'Afrique.

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Vers le réveil du géant

Ainsi, une fois mise en œuvre, cette série de nouvelles stratégies n'offrira-t-elle plus aux pêcheurs en eaux troubles, d'où qu'ils viennent, l'occasion d'effectuer des promenades de santé sur le sol congolais, en violant les filles et femmes, pillant les ressources et tuant des paisibles citoyens impunément. Les dés sont, décidément, jetés...

LPM

République Démocratique du Congo

Ministre de la Défense et Anciens Combattants

Document de Politique Nationale de Défense de la RDC

*Extrait du discours de Son Excellence Felix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République, Chef de l'État " Unissons-nous, chers compatriotes, derrière nos Forces de Défense et de Sécurité, car la victoire finale appartient à la Mère-Patrie, la République Démocratique du Congo que nous ne trahirons jamais ". (Discours sur l'État de la Nation, décembre 2021)

"C'est dans le même contexte que j'enjoins le Gouvernement de la République à renforcer les capacités logistiques et matérielles de nos forces de défense et de sécurité nécessaires pour soutenir leur montée en puissance " (Discours du 30 juin 2022).

Les dimensions sous-continentales et le très riche potentiel économique et écologique congolais intéressent et attirent la quasi-totalité des pays du monde.

L'attrait est multiforme et motivé par divers intérêts, politiques, économiques, socio-culturels et scientifiques. Et dans toutes les relations, qu'elles soient interhumaines ou internationales, l'intérêt rime avec la vulnérabilité : plus un pays est intéressant, plus il est exposé à l'agression, donc vulnérable. Cette réalité est universelle : les pays les plus riches disposent des systèmes de défense les plus robustes et les plus performants, qui leur valent le qualificatif de puissance. De 1885 à 1960, la Force Publique avait fait de l'Etat Indépendant du Congo d'abord, et du Congo Belge ensuite, un Etat puissant. Il était respecté et craint en Afrique Centrale, et bien au-delà, par les autres puissances d'alors. 4 L'effritement progressif constaté de cette puissance depuis 1960 doit être stoppé, sans plus tarder. La remontée en puissance du système de défense de la République Démocratique du Congo est un impératif majeur et une urgence absolue. Elle est le gage de l'indépendance, de l'unité et de la souveraineté nationale pour un Congo grand, riche et prospère. C'est pour cette raison que le Gouvernement de la République a, au cours de la réunion du Conseil des Ministres du vendredi 09 septembre 2022, présidée par Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l'Etat, adopté le présent Document de Politique de Défense de la République Démocratique du Congo. Son Excellence Jean Michel SAMA LUKONDE KYENGE, Premier Ministre, Chef du Gouvernement 5 I. CONTEXTE : LE PASSE ET LE PRESENT DE LA POLITIQUE DE LA DEFENSE DE LA RDC

  • Généralement connue comme " l'ensemble des grandes options et principes politiques, stratégiques et militaires en vue d'assurer la défense d'un pays ", la politique de défense de la RDC n'a pas été formellement définie depuis son accession à l'indépendance en 1960. L'Etat du " Congo Belge et Rwanda-Urundi " d'avant 1960 réunissait politiquement et militairement ces 3 entités dans un ensemble étatique qui, de 1960 à 1962, allait éclater successivement en trois Etats indépendants - Congo, Rwanda et Burundi - assurant chacun sa propre défense. La " Force Publique ", jusque-là commune aux trois entités, est devenue, au 30 juin 1960, l'Armée Nationale Congolaise, composée uniquement et exclusivement de soldats de nationalité congolaise. Les contingents congolais de la Force Publique stationnés au Rwanda et au Burundi jusqu'en 1962 ont été retirés et intégrés dans l'Armée Nationale Congolaise après l'accession de ces deux pays à leur souveraineté internationale. 2. L'histoire retient que : 2.1. La Force Publique a été créée en 1885 par le Roi Léopold II de Belgique, d'un côté pour assurer la défense de sa " propriété " - l'Etat Indépendant du Congo - contre l'invasion arabo-musulmane, et de l'autre côté pour mater toute opposition interne à l'exploitation des innombrables richesses de l'Etat. 2.2. Plus tard, après l'avènement du Congo Belge en 1908, la Force Publique a continué ses missions initiales auxquelles s'est ajoutée, après la 2ème Guerre Mondiale, la mission de prévenir et de contrer la pénétration du Communisme en Afrique Centrale et Australe. C'est principalement cette mission idéologique qui a constitué le fondement de la politique de défense de l'OTAN - à travers la Belgique - dans le vaste territoire du Congo Belge et du RwandaUrundi. 2.3. Face à la population congolaise en général, la Force Publique avant l'indépendance et l'Armée Nationale Congolaise après l'indépendance, ont généralement donné l'image d'une armée de répression. Le dicton courant de l'époque " civil azali mosenzi (le civil est un sauvage) " s'est 7 pérennisé : il sort encore largement aujourd'hui - et souvent inconsciemment - de la bouche de bon nombre d'hommes en armes congolais, tous grades confondus. Cette mentalité a eu pour conséquence immédiate de créer une brèche psycho-sociale subjective entre la population et l'Armée. La brèche fait que les FARDC sont loin d'être une armée populaire au sens d'une armée cultivant une camaraderie avec la population. C'est un handicap sérieux qui a joué jusqu'à ce jour en défaveur des opérations militaires de pacification dans les différentes régions de la République ayant connu des guerres internes diverses (rébellions, sécessions, etc.) et des agressions étrangères. Certes, depuis 1960, il y a eu des efforts entrepris au niveau de la législation et de l'organisation des FARDC, notamment au service des relations civilo-militaires du SECAS (Service d'Education Civique et d'Actions Sociales) depuis 2013. Cependant, les résultats restent loin en deçà de l'objectif. 2.4. La réforme administrative de 1972 qui a opéré le passage de l'Armée Nationale Congolaise (ANC) aux Forces Armées Zaïroises (FAZ) avait comme objectif principal la montée en puissance de l'Armée tout en maintenant les objectifs stratégiques originels, enrichis cependant d'un objectif géopolitique régional et d'un objectif politique interne, notamment l'unité nationale. L'ambition affichée du Zaïre de jouer un leadership politique et militaire africain a été illustrée pour la première fois par l'envoi d'un contingent congolais au Nigéria lors de la sécession du Biafra en 1967 et l'intervention des FAZ dans la guerre de Faya Largeau au Tchad en 1984. Cette ambition a été aussi manifestée par l'ouverture des Centres d'Instruction et d'entrainement des FAZ à des armées africaines, notamment Burundaise, Togolaise et Tchadienne. L'enthousiasme d'un leadership politique africain a malheureusement eu comme effet d'émousser le sens des menaces qui pèseraient sur la République à ses neufs frontières. L'on peut considérer que seule la menace angolaise, avant et après l'indépendance de l'Angola, constituait une préoccupation plus ou moins gérée par le 9 Zaïre des années 1970/80. Du reste, cette gestion n'était que politique et nullement militaire ni même policière.

Les autres 8 frontières suscitaient peu ou pas d'inquiétude sécuritaire pour le Zaïre officiel. Plus particulièrement, le pays n'avait pas vu se profiler à l'horizon la crise Rwandaise de 1994, dont l'invasion AFDLiénne allait constituer l'épilogue en 1996. Ce fut une " désagréable et humiliante surprise " pour les " grandes " Forces Armées Zaïroises. 2.5. La conquête " allègre " de tout le Zaïre en 7 mois par des miliciens fantassins surnommés " Kadogo ", combattant à pied, sans appui ni aérien, ni naval, ni engins lourds et traversant des garnisons et bases militaires terrestres, aériennes et navales sans rencontrer la moindre résistance dissuasive, a mis à nu l'extrême fragilité, voire l'inefficacité du système de défense de la République du Zaïre. Les agressions répétitives ayant leurs bases arrières dans les pays voisins de l'Est jusqu'à ce jour et les violations fréquentes des frontières Sud, Est et Nord-Est par des hommes en armes 10 démontrent à suffisance l'extrême fragilité de la défense et de la sécurité de la République. 2.6. La plupart des guerres que la RDC a subies depuis son indépendance en 1960 n'ont connu leur heureux épilogue que grâce aux interventions de forces armées étrangères. C'est le cas notamment: - des sécessions Katangaise et Kasaïenne qui ont éclaté dès 1960, et auxquelles sont venues mettre fin les troupes de l'ONU ; - de la rébellion Muleliste de 1964 jugulée par les mercenaires étrangers ; - de la première et de la deuxième guerres du Shaba de 1977 et 1978, qui ont été gagnées grâce à l'appui respectivement des troupes marocaines et des troupes françaises ; - des rébellions du RCD et du MLC ainsi que de leurs rejetons, de 1998 à 2002, dont la RDC n'a été sauvée que grâce aux troupes de la SADC ; - de la cruelle guerre civile en Ituri dont la République n'est sortie que par l'opération française ARTEMIS en 2003. 11 2.7. Le long séjour en RDC de la MONUC/MONUSCO aux côtés des FARDC depuis 1999 et, tout récemment, l'appel à l'UPDF (Ugandan People Defence Force) depuis novembre 2021 complètent ce tableau qui est à la fois riche en confrontations guerrières sur le sol congolais depuis 62 ans et révélateur de la faible capacité traditionnelle de la République à organiser et à opérationnaliser de manière autonome la défense de son territoire et cela, malgré tous les atouts majeurs dont elle dispose, notamment une population nombreuse et un gigantesque potentiel économique. Paradoxe. 2.8. Soixante-deux ans après son accession à la souveraineté nationale et internationale, il est plus que temps que la RDC se dote d'une politique robuste, clairement définie et énergiquement conduite pour s'assumer en tant que Nation réellement indépendante en s'octroyant le principal instrument de cette indépendance, c'est-à-dire une défense à la fois dissuasive et persuasive, qui lui garantisse une sécurité et une paix stables dans le temps et dans l'espace. C'est la condition " sine qua non " pour que les intelligences et les forces vives nationales transforment les immenses potentialités matérielles nationales en véritables richesses pour la Nation, l'Afrique et le monde entier.

II. FONDEMENTS LEGAUX ET REGLEMENTAIRES DE LA POLITIQUE DE DEFENSE DE LA RDC

  • L'article 187, alinéa 2, de la Constitution stipule que les Forces Armées " ont pour mission de défendre l'intégrité du territoire national et les frontières " et qu'en outre " dans les conditions fixées par la loi, elles participent, en temps de paix, au développement économique, social et culturel ainsi qu'à la protection des personnes et de leurs biens ".

2. Toujours selon la Constitution, à son article 63, paragraphe 2 " UN SERVICE MILITAIRE OBLIGATOIRE PEUT ETRE INSTAURE DANS LES CONDITIONS FIXEES PAR LA LOI ".

3. La Loi Organique n°11/012 du 11 août 2011 portant organisation et fonctionnement des 13 Forces Armées, stipule à son article 15, alinéa 1, que " le Gouvernement définit, en concertation avec le Président de la République, la politique de défense ".

4. La même Loi supra, à son article 2, définit la " défense nationale " comme " l'ensemble des moyens militaires et non militaires ayant pour objet d'assurer la protection et la sauvegarde des intérêts fondamentaux de la Nation en toute circonstance et contre toutes les formes d'agression et menace ". Cet article définit la " politique de défense " comme un " système de défense choisi par l'Etat et répondant au mieux aux besoins de la sécurisation du territoire national, de la population et de ses biens ainsi que des institutions ".

5. Quant au programme du Gouvernement SAMA LUKONDE, la lettre de mission n°CAB/PM/DIRCAB/SGP/2022/0856 du 27 avril 2022 prescrit au Ministre de la Défense Nationale et Anciens Combattants, parmi les actions prioritaires à réaliser avant fin décembre 2023, notamment de " mettre sur pied une politique de défense s'appuyant sur les 6 14 fonctions stratégiques, à savoir (Connaître - Prévenir - Anticiper - Dissuader - Protéger - Intervenir) ". En résumé, la politique de défense nationale devra être " un système dynamique constitué d'un ensemble homogène d'hommes, de moyens et de procédures légales et règlementaires évoluant dans l'environnement national et international (terrestre, aérien et naval) " et ayant le sextuple but de sécurisation et de défense du " sol, du sous-sol, de la flore, de la faune, des biens et des personnes contre les agressions, les menaces et les risques internes et externes ". III. LES MENACES : externes et internes Les menaces externes sont portées par les terroristes (notamment islamistes), les groupes armés étrangers, les Etats voisins belliqueux, les prédateurs multinationaux et autres. Les menaces internes sont liées à des ambitions politiciennes, au dysfonctionnement de l'Administration publique et des services de 15 défense et de sécurité entrainant l'affaiblissement, voire l'absence, de l'autorité de l'Etat ainsi qu'à la crise économique devenue structurelle et aggravée par l'infiltration économique. Les fréquentes catastrophes naturelles et anthropiques complètent la liste des facteurs de menaces internes.

IV. LES OBJECTIFS PRINCIPAUX ET LES OPTIONS FONDAMENTALES LOGISTIQUES ET ADMINISTRATIVES

Pour contrer les menaces et assurer la défense, il faut préalablement définir les objectifs nationaux et internationaux à défendre ainsi que les grandes options fondamentales sur lesquels reposeront ensuite l'organisation et le fonctionnement du système de défense. A. Les objectifs principaux 1. Les objectifs nationaux frontaliers : Dissuasion externe. Ces objectifs sont constitués de toutes les neuf (9) frontières solides et d'une (1) frontière liquide : 16 - Les 9 frontières solides totalisent une longueur de 10.307 kilomètres répartis comme suit : Angola 2.511 Km, Zambie 2.140 Km, RCA 1.577Km, République du Congo 1.544 Km, Ouganda 817Km, Soudan du Sud 787 Km, Tanzanie 498Km, Burundi 220 Km et Rwanda 213 Km. La frontière liquide couvre 40 Km le long de l'Océan Atlantique ; - La géographie infrastructurelle de la République démontre que la plupart des grandes villes - et donc les épicentres socioéconomiques - de la RDC sont bâties sur les frontières à moins de 100 Km des pays voisins respectifs : Kinshasa, Matadi, Muanda, Boma, Lubumbashi, Bukavu, Goma, Beni, Kalemie, etc ; - Les amitiés, les risques et les menaces liés à chaque frontière devront constituer une conduite de défense à définir dans le temps et dans l'espace : des forces de défense et/ou de sécurité devront être déployées à chaque frontière selon le degré de risque, de menace ou de défense requis. - A chaque frontière, les risques et/ou menaces du terrorisme islamiste et de la piraterie maritime devront être sérieusement pris en compte. Les risques, menaces et agressions à ces frontières devront être pris en charge par un dispositif conséquent et mixte de défense militaire et de défense civile, dissuasif et/ou offensif.

2. Les espaces intérieurs susceptibles de menaces provenant de forces ennemies intérieures pouvant entrainer rébellions, sécessions ou conflits communautaires : Dissuasion interne. Des tendances sécessionnistes ou séparatistes ou des rébellions ou encore des conflits communautaires se manifestent sporadiquement dans certains espaces intérieurs de la République. Les groupes armés, florissants principalement à l'Est et tendant à émerger au Sud et à l'Ouest de la République, constituent un autre lot. Toutes ces menaces et tendances appellent à des structures spécifiques de 18 défense - militaires et/ou civiles - adaptées à chaque contexte.

3. Certains sites miniers et installations stratégiques nécessitent une sécurisation ou une défense armée robuste spécifique en plus de la défense civile.

4. Les parcs nationaux sont à protéger contre les braconniers internes mais aussi contre les braconniers étrangers pour les parcs nationaux frontaliers avec les pays voisins. Le Corps de Protection des Parcs Nationaux devra être réorganisé et équipé en conséquence.

5. La population doit être protégée contre les effets des catastrophes majeures. La RDC étant un " pays à catastrophes " (connaissant au moins une catastrophe majeure par mois), des unités militaires du génie, de la santé et de l'aviation devront être créées et spécialisées dans les secours à la population, qui est fréquemment frappée par des calamités diverses (éruptions volcaniques, tremblements de terre, effondrements de galléries minières souterraines, catastrophes ferroviaires, routières, 19 aériennes, fluviales et lacustres, inondations, etc.) sans dispositif de sécurisation rapide et efficace.

6. Le système informatique national devra être mis à l'abri de la cyberguerre et de la cybercriminalité par un dispositif de défense multisectoriel.

7. Les objectifs internationaux - diplomatie de défense Vu son importance géopolitique et géostratégique, la RDC est appelée à faire émerger son leadership sous-régional et régional notamment par : 7.1. La participation aux opérations de maintien de la paix dans le cadre de l'ONU et des organisations sous régionales (CEEAC, SADC, CPGL, EAC) et aux opérations humanitaires. 7.2. L'établissement et la mise en œuvre d'accords bilatéraux multidisciplinaires de défense avec des pays amis, dont les grandes puissances. 7.3. La diplomatie de défense dynamique avec un volet robuste de dissuasion et de coopération militaire avec les 9 pays frontaliers et contre la piraterie maritime. B. Les options fondamentales logistique et administrative 1. La production de biens et de services par l'industrie de défense en vue de l'autonomisation logistique de la Défense. Il est illusoire d'assurer la défense et la sécurité de la RDC avec la pratique actuelle de dépendance logistique totale de l'étranger. Un bon nombre de grands pays - notamment africains - disposent progressivement d'une industrie militaire en vue de leur autonomisation logistique de défense. La RDC accuse un énorme retard dans ce domaine ; il est plus qu'urgent de le combler progressivement. Une industrie multidisciplinaire de défense constituera un pilier majeur de son système de défense.

2. Le service militaire obligatoire pour les finalistes d'écoles secondaires : Le service militaire obligatoire pour la jeunesse congolaise sonne comme une urgence vitale pour la nation, particulièrement à cette époque-ci. Il permettra à la fois de réduire sensiblement, voire d'éliminer, la formation des groupes armés florissant à l'Est et au Sud ainsi que du phénomène " Kuluna " et de constituer une force armée jeune et motivée pour la défense de la patrie. Ici le Service National est appelé à jouer un rôle déterminant.

3. L'instauration d'un curriculum scolaire de l'" Ecole des Cadets " pour ceux des jeunes Congolais ayant la vocation de militaire.

4. Le service militaire contractuel d'une durée déterminée par la loi pour certains cadres techniques et scientifiques nationaux dont la défense a impérativement besoin : le service militaire contractuel de 5 à 7 ans pour ces cadres (ingénieurs, médecins, agronomes, pharmaciens, chimistes, physiciens, biologistes, etc.) permettra à la Défense de disposer suffisamment de cadres particulièrement pour son industrie militaire, ses 22 services de secours à la population en cas de catastrophes, ses hôpitaux et ses recherches scientifiques et technologiques. La stratégie de " Contrat " à temps limité est motivée par le constat selon lequel la plupart des cadres techniques et scientifiques, tout en étant intéressés par le service militaire, ne sont pas enclins à faire carrière dans l'Armée.

5. La réserve armée de la Défense composée : - des militaires de carrière retraités ; - des démobilisés du service militaire obligatoire ; - des démobilisés du service militaire contractuel ; - des volontaires civils ayant suivi une formation et un encadrement militaires ad hoc. En fin de compte l'industrie militaire, l'Ecole des Cadets, le service militaire obligatoire de la jeunesse, le service militaire contractuel, la réserve armée de la Défense et les interventions de l'Armée en cas de catastrophes produiront une bonne et pérenne cohésion Armée - Peuple, indispensable en cas d'agression. 23 V. STRATEGIES DE MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE DE DEFENSE 1. La mise en œuvre de la politique de défense devra se faire dans un cadre logique des 6 fonctions stratégiques classiques qui sont : la connaissance, la prévention, l'anticipation, la dissuasion, la protection et l'intervention. Les six fonctions devront être mises en œuvre chaque fois dans leurs deux volets : le volet défense militaire (Forces Armées) et le volet défense civile (Police Nationale, DGM, ANR, DGDA et Diplomatie). Des passerelles fonctionnelles permanentes formelles devront être établies entre la défense militaire et la défense civile.

2. Les six fonctions seront impérativement inscrites dans une programmation budgétaire dénommée Loi de Programmation Militaire (LPM). L'objectif est de minimiser les risques d'improvisation et les aléas dans la mise en œuvre de la politique de défense, en vue de maximiser ses performances. La programmation militaire sera financièrement alimentée notamment par : - la quote-part Défense du budget général de l'Etat ; - un compte d'affectation spéciale à la Défense défini dans la loi de finances ; - les recettes de l'industrie de Défense.

3. A la lumière des expériences du passé décrites au point 2.6 du Contexte, expériences toutes révélatrices de la faiblesse traditionnelle de la défense congolaise face aux agressions aussi bien internes qu'externes, il faut impérativement appliquer, au propre comme au figuré, l'adage latin de " Quis vult pacem para bellum, (Qui veut la paix prépare la guerre) ". Et préparer valablement la guerre dans un pays sous-continent avec toutes ses caractéristiques et implications géostratégiques et socioéconomiques exige l'observance de six conditions essentielles : 1) des chefs militaires nantis d'une éthique et d'une déontologie professionnelles élevées et couplées à une bonne formation technique et scientifique militaire ; 25 2) des troupes bien formées, entrainées et en nombre suffisant ; 3) une logistique et des finances à la hauteur de l'opération ; 4) une opération civilo-militaire (alliance armée-peuple) permanente et bien conduite ; 5) une défense civile performante ; 6) une bonne diplomatie de défense techniquement animée par des officiers maitrisant à la fois les langues française et anglaise ainsi que l'informatique. La politique de défense devra veiller en permanence à la réalisation de ces conditions et préalables.

CONCLUSION

De 1960 à ce jour, la République Démocratique du Congo ne s'est pas dotée d'une défense à la hauteur à la fois de son statut naturel de puissance africaine et de sa vulnérabilité multiforme qui en est le corollaire. Le présent Document de Politique de Défense établit les piliers majeurs sur lesquels sera ensuite défini et bâti le tronc organisationnel et fonctionnel de l'Armée. Les lois et textes réglementaires actuels de la Défense et des Forces Armées devront être revus en conséquence. Les passerelles entre la défense militaire et la défense civile (services de sécurité et diplomatie) devront être clairement définies en vue d'une défense globale performante.

Adopté à Kinshasa par le Conseil des Ministres du 9 septembre 2022

Son Excellence Dr. Gilbert KABANDA KURHENGA

Ministre de la Défense Nationale et Anciens Combattants

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